E-Commerce : trois idées pour le marché français, inspirées de l'étranger
Entre novembre 2011 et octobre 2012, j’ai effectué un tour du monde entrepreneurial axé sur l’e-commerce. L’objectif ? Étudier les innovations et apprendre des best practices du secteur à l’étranger pour découvrir de nouveaux relais de croissance en France.
Entre novembre 2011 et octobre 2012, j’ai effectué un tour du monde entrepreneurial axé sur l’E-Commerce. L’objectif ? Etudier les innovations et apprendre des best practices du secteur à l’étranger pour découvrir de nouveaux relais de croissance en France. Voici en synthèse trois pistes de réflexions, à explorer pour développer les ventes de nos activités en ligne.Le marché rural
La Chine,
l’Australie et l’Argentine ont en commun de posséder un territoire immense
mais une population fortement concentrée dans de grandes villes. Il existe donc
de nombreuses zones rurales, où les détaillants ne peuvent s’implanter, faute
d’une demande suffisante pour amortir les coûts fixes liés à la présence et la
gestion d’un magasin physique. Pour les consommateurs situés dans ces zones
rurales, l’e-commerce est un moyen de s’approvisionner en biens d’équipements
mais aussi en biens de consommation.
Selon Juan Pablo Torras, fondateur du site de ventes privées argentin Club Point, l’un des bénéfices majeurs du commerce
électronique en Amérique Latine est la possibilité de répondre aux besoins
d’une clientèle géographiquement éparpillée et qui n’a pas nécessairement accès
aux points de ventes, centralisés dans
les zones urbaines.
En Australie, ce
pays dont la superficie est égale à quatorze fois celle de la France, un
passionné de vélos anciens m’a confié qu’internet était devenu son « réflexe
shopping ». Pour lui qui réside à Orange, à environ trois heures de
voiture de Sydney, acheter en ligne est le seul moyen de dénicher des pièces
rares pour restaurer ses « bécanes. » Par extension, le web est
surtout devenu son canal d’achat de prédilection, de par le vaste choix des
produits qu’il peut y trouver en comparaison des quelques références proposées
par les revendeurs locaux.
Hacène Taibi, CEO de l’agence marketing Them basée à Pékin, m’expliquait même que ce
phénomène est une des raisons pour lesquelles l’e-commerce affiche une telle
croissance en Chine, où le maillage logistique serré et efficace permet des
livraisons de produits d’un bout à l’autre du pays, en vingt-quatre heures, et
à un prix défiant toute concurrence.
En France, la
situation est quelque peu différente puisque le territoire est plus petit et le
maillage des distributeurs plus resserré. Pour autant, les populations des
zones rurales, en hausse en 2010, peuvent constituer une cible intéressante pour
les e-commerçants, comme alternative aux segments urbains plus saturés en
termes d’offre. Sans doute pouvons-nous y voir un relais de croissance potentiel,
qu’il nous faudra explorer et exploiter en développant une stratégie marketing
spécifique, voire en proposant une offre produits particulière.
Le paiement offline
Dans de nombreux
pays asiatiques, le rapport à la dette est bien différent de celui de nos
sociétés occidentales. Le paiement par carte bancaire, souvent assimilé à une
forme de crédit, y est par conséquent peu populaire. Cela n’a pour autant pas
empêché le développement du commerce en ligne.
En effet, en
Corée du Sud et au Japon, il est notamment possible de passer une commande en
ligne puis de la régler dans un « convenient sotre, » sorte
d’épicerie de quartier ouverte en permanence. Pour régler un achat effectué en
ligne, un simple numéro de commande suffit. Une fois le paiement reçu par
l’e-commerçant, la commande est traitée de la même manière que si la
transaction avait été réalisée en ligne.
Autre
exemple : en Chine, la majeure partie des achats en ligne sont réglés à la
livraison, comme me l’indiquait Florian Legendre, Directeur des Opérations de Bysoft China. Un
commerçant qui ne proposerait pas ce mode de paiement n’aurait aucune chance de
succès au pays de Mao.
En France, malgré
l’essor du commerce électronique, « 27% des Français craignent de payer en
ligne (+6 points par rapport à 2011) » comme l’indique le deuxième baromètre Wincor Nixdorf/Ifop publié en janvier 2012. Développer et
proposer un moyen de paiement hors-ligne pour les achats effectués sur internet
pourrait donc se révéler être un axe de croissance à étudier pour le marché
français.
Le Lean Design
« La
technologie et le savoir-faire aux États-Unis, en matière de commerce
électronique, sont en avance de deux ans par rapport à l’Europe » me
confiait à New York Arnold Pouteau, co-fondateur de Brand Online Commerce. Cet entrepreneur français est particulièrement bien placé pour dresser ce
constat puisque sa société, spécialisée dans la délégation e-commerce pour les
marques de prestige, opère des deux côtés de l’Atlantique.
Parmi les
nombreux éléments sur lesquels porte cette avance technologique, il en est un dont
nous pouvons particulièrement nous inspirer : le Lean Design. D’une
manière analogue à ce que l’on appelle le Lean Management en gestion
d’entreprise, cet ensemble de pratiques consiste à ne conserver sur un site que
ce qui apporte de la valeur à l’utilisateur final.
Il en résulte
des design très épurés, voire minimalistes, dont la navigation est simplifiée
au maximum et le merchandising optimisé pour mettre en valeur les produits,
avec de grandes photographies par exemple. Pour le client, le bénéfice ne se
limite pas à une ergonomie optimale mais permet en outre une rapidité de
chargement et d’affichage supérieure et une expérience d’achat améliorée. Pour
le marchand, le principal avantage est un taux de conversion potentiellement meilleur.
Deux exemples de
sites américains ayant déployé le Lean Design sont Warby
Parker, un concept proche
de notre Jimmy Fairly, et Everlane, le site de vente de vêtements de haute qualité à
moins de $100. La solution e-commerce Saas Shopify propose également de
nombreux thèmes de boutiques résolument orientés Lean Design.
Si les
Etats-Unis sont effectivement en avance technologiquement, cela signifie que les
progrès réalisés outre-Atlantique préfigurent les standards de demain pour la
vente en ligne européenne. Sans doute pouvons-nous, en tant qu’e-commerçant ou
éditeurs de solutions e-commerce, nous inspirer de la tendance ergonomique du
Lean Design, pour améliorer la rentabilité de notre site ou de ceux de nos
clients.
Cibler le marché
des populations rurales, proposer des modes de paiement offline et concevoir
des sites selon les principes du Lean Design, voici trois idées importées de
l’étranger dont nous pouvons nous inspirer pour développer les ventes de nos
boutiques en ligne, en France.
Réciproquement, il est certain qu’avec une base
installée de plus de 100 000 sites e-commerce, le marché français donne lui
aussi des idées à nos homologues étrangers : quelles best-practices
pensez-vous que nous puissions exporter ?