Euro 2016 : quel bilan pour les paris en ligne en France ?

297 millions misés en paris sportifs : c’est le bilan de l’Euro 2016 pour les bookmakers de l’hexagone. Rien que sur internet, c’est 141 millions d’euros qui ont été misé et plus de 290 000 nouveaux comptes qui ont été créés sur la période de la compétition.

L’Euro 2016 aura donc suscité 30% de paris en ligne en plus que la Coupe du Monde 2014, qui avait engendré 109 millions d’Euros d’enjeux sur les sites et applications des différents opérateurs agréés par l’ARJEL (Autorité de régulation des jeux en ligne).

Un scénario idéal pour les opérateurs

Les chiffres (révélés par l’ARJEL dans un rapport disponible ici) sont impressionnants, bien supérieurs à ceux escomptés. S’ils témoignent d’un réel engouement des français pour les paris sportifs, ils s’expliquent aussi par un scénario idyllique du point de vue des opérateurs :

  • ·         L’évènement se déroule en France
  • ·         Un parcours extraordinaire de l’équipe de France
  • ·         Des surprises inattendues (Islande, Pays de Galles…

Les bookmakers peuvent d’abord remercier les Bleus : 30% des paris ont été placés sur l’Equipe de France. Le fait que l'équipe de France soit allée jusqu’en finale a forcément contribué à susciter un engouement intense des français pour la compétition jusqu’à la fin, ce qui explique le volume important de paris (Près de 30M€ rien que sur la finale).

De plus, on remarque qu’en moyenne les volumes de paris sont plus élevés lorsque la France joue un dimanche, ce qui a été le cas pour 4 des 7 matchs des bleus.

Sans surprise, le top 3 des matchs ayant engrangé le plus de paris correspondent aux 3 matchs des Bleus en phase finale :

  • 1.       Portugal – France (29,6M€)
  • 2.       Allemagne – France (15,3M€)
  • 3.       France – Islande (13,5 M€)

Cerise sur le gâteau pour les opérateurs : les révélations de certaines équipes qu’on n’attendait pas ainsi que la défaite de la France en finale leur ont sans doute permis d’engranger des bénéfices conséquents. La plupart des joueurs ont tendance à parier sur le favori, ou sur leur équipe nationale. Aux paris sportifs, les parieurs jouent « contre » le bookmaker : plus ils se trompent, plus celui-ci gagne de l’argent.

47% de paris en ligne

L’autre enseignement de cet Euro 2016 est l’évolution des usages : alors que les paris en ligne ne représentaient qu’environ un tiers des mises en 2012, c’est plus de 47% des paris sur l’Euro 2016 ont été placés en ligne.

Si cette tendance indique un élargissement de la cible des paris sportifs à une population plus urbaine, plus connectée, il faut dire aussi que le monopole de la FDJ® sur les points de ventes ne permet pas vraiment à l’offre physique de se renouveler.

Au contraire, la concurrence des offres en ligne les conduit à être plus attractives : les opérateurs rivalisent de promotions, avec notamment des « bonus de bienvenue » (sommes offertes aux nouveaux joueurs pour parier) très incitatifs. Pendant l’Euro 2016, ces bonus ont été revus à la hausse avec des codes promotionnels largement diffusés pour susciter un maximum de créations de comptes.

Les paris en direct en perte de vitesse ?

Autre avantage que possèdent les plateformes de paris en ligne sur le réseau physique : leur capacité à proposer des catalogues de paris beaucoup plus complets, mis à jour en permanence. Elles permettent également de nombreux paris en direct, aussi appelés « live betting » : il s’agit de paris proposés pendant le déroulement du match, par exemple sur le prochain joueur qui va marquer un but.

Evidemment, le développement des smartphones et tablettes joue un rôle important dans ce type de pratiques. Si on ne connait pas la répartition des mises par terminaux sur la seule compétition, on sait néanmoins que la part du mobile dans les paris en ligne se stabilise à environ 50% depuis le début d’année.

Les paris sur mobile et « en live » sont-ils pour autant l’avenir des paris sportifs ? C’est ce qu’on aurait tendance à prédire, mais il faut nuancer ce phénomène : alors qu’elle était en hausse constante depuis l’ouverture du marché en 2010, la part des paris sportifs sur mobile a reculé très légèrement au premier trimestre 2016. De plus, le « live betting » n’a représenté que 20% des mises sur l’Euro 2016, contre 26% pour la Coupe du Monde 2014.

L’Euro 2016 laisse donc aussi paraître une certaine « casualisation » des joueurs, qui a préféré les enjeux classiques « 1N2 » (parier sur la victoire d’une équipe ou l’égalité) aux paris plus spécialisés. Cela s’explique peut-être par le fait que les créations de comptes, après avoir concerné essentiellement un cœur de cible déjà adepte, se joue maintenant dans le grand public.

Un marché en croissance constante

Depuis la régulation des paris sportifs en 2010, qui coïncidait avec la Coupe du Monde en Afrique du Sud, les grands évènements sportifs ont été un moteur important de l’acquisition de nouveaux joueurs par les bookmakers.

Contrairement aux paris hippiques, en déclin depuis plusieurs années, les paris sportifs sont eux en croissance constante depuis leur ouverture à la concurrence, comme en témoigne cette infographie réalisée par le Figaro à partir des chiffres de l’ARJEL :


Les chiffres, déjà impressionnants, n’ont sans doute pas fini de progresser : l’Espagne par exemple a cumulé 4 milliards d’euros de mises en 2015, soit 2,6 milliards d’euros de plus que la France sur la même année pour un pays comptant moins d’habitants.

On peut donc penser que le marché des paris sportifs Français a encore de beaux jours devant lui avant d’atteindre sa maturité.