Les entreprises du BTP construisent plus vite grâce à l'IoT

Les entreprises du BTP construisent plus vite grâce à l'IoT De petits capteurs leur permettent d'optimiser leur logistique et d'utiliser du béton de meilleure qualité.

Casquette vissée sur le crane, pieds qui tambourinent sur le sol : les spectateurs survoltés du MetLife Stadium sont absorbés par le spectacle que leur offrent les deux équipes de football américain qui se partagent le stade newyorkais, les New York Giants et les New York Jets. Ils n'ont pas conscience que sous leur siège se cache une innovation qui pourrait révolutionner le secteur du BTP.

La société Skanska AB, l'équivalent suédois de Vinci, a intégré dans chacune des 3 200 pièces de béton qui soutiennent les tribunes du stade une puce RFID. Grâce à cette carte d'identité numérique, ces blocs sont géolocalisés de leur départ de l'usine jusqu'à leur arrivée sur le chantier, où ils sont acheminés par lots.

Skanska AB a économisé 1 million d'euros en gagnant 10 jours sur le programme prévu

Les capteurs permettent à Skanska AB de savoir exactement à quel moment les ouvriers du stade ont fini d'installer la dernière pièce du premier lot. La société de BTP peut demander à son fabricant de béton de livrer le deuxième assortiment au moment opportun, sans prendre le risque d'encombrer le chantier. Ce système a permis au groupe d'économiser un million d'euros sur ce projet, en gagnant 10 jours sur le programme prévu.

Comme Skanska AB, de nombreuses entreprises du BTP se convertissent à l'IoT. "Elles utilisent des outils de géolocalisation pour optimiser leur organisation logistique mais aussi des capteurs permettant de mesurer la qualité du béton. Ces nouveaux équipements percent surtout aux Etats-Unis. En France, les spécialistes des matériaux de construction Lafarge et Saint-Gobain s'intéressent à ces outils dans le cadre de leur veille technologique, mais ils ne sont pas encore implémentés à grande échelle sur leurs chantiers", souligne Vincent Pessey, responsable de mission de l'entreprise de conseil Alcimed. Ces groupes ne savent pas encore comment intégrer l'IoT dans leur chaîne de valeur, quels types de business modèles sont associés au développement de ces services innovants…

Smartrock a permis à Giatec de tripler son chiffre d'affaires en 3 ans

La société américaine Grace Construction Products, filiale du groupe centenaire W. R. Grace & Co qui fabrique des additifs pour le béton, a par exemple créé le système Verifi. Ce module IoT est placé dans les camions toupies qui transportent le béton sur les chantiers. Il permet de mesurer une série de huit paramètres : la concentration du produit en eau, en additifs, la vitesse à laquelle le réservoir tourne sur lui-même… afin de rectifier le tir si nécessaire. Le béton livré est ainsi de qualité optimale.

Mais les objets connectés ne sont pas utiles qu'au moment du transport : la start-up américaine Giatec, créée en 2010, commercialise un capteur baptisé Smartrock. Ses clients enchâssent le petit appareil directement dans le béton frais, au moment de la pose. Lorsque le matériau durci, une réaction chimique se produit et dégage de la chaleur. Smartrock, qui est capable de mesurer la température, permet par exemple au chef de chantier d'un immeuble de savoir si le béton est suffisamment sec pour commencer à monter l'étage supérieur. "Il peut aussi être utilisé pour déterminer le moment où une route peut être ouverte à la circulation ", illustre Aali R. Alizadeh, PDG de Giatec. Ce capteur, qui a permis à la jeune pousse de tripler son chiffre d'affaires en trois ans, est utilisé par la société McHugh Construction sur le chantier de la tour Vista de Chicago, qui doit mesurer plus de 361 mètres de hauteur.

Giatec commercialisera également fin 2016 Bluerock. Cet objet connecté permet de mesurer le taux d'humidité du sol, pour ne poser le plancher ou le carrelage que lorsque le matériau de la base est bien sec. La société IoT travaille également sur un outil capable de mesurer à long terme les éventuels mouvements de la structure du bâtiment. "Dans l'idéal, ces capteurs doivent avoir une durée de vie d'au moins 20 ans (ils ne peuvent pas être rechargés car ils sont moulés directement dans le béton, NDLR). Nous travaillons donc sur une technologie qui leur permettrait de récolter de l'énergie directement dans leur environnement, pour se recharger tous seuls", explique le patron.