Gilles Blanc (Benchmark Group) "La majorité du trafic Internet passera par les terminaux mobiles d'ici 2014"

A quelques jours du Forum "Mobile 2010", Gilles Blanc, directeur d'études chez Benchmark Group (éditeur du JDN) présente les premiers résultats d'une étude sur les services mobiles.

JDN. Comment le mobile change-t-il les usages des internautes ?

Gilles Blanc. 2009 a été l'année de la montée en puissance des équipements et des usages de l'Internet mobile par le grand public. 2010 va être une année charnière parce que nous assistons à un réel effet de substitution entre terminaux fixes et mobiles en matière d'usages. Certains services que les internautes avaient l'habitude d'utiliser chez eux ou au bureau sont désormais de plus en plus utilisés en situation de mobilité. C'est principalement vrai pour la consultation d'actualités, des e-mails, l'utilisation des réseaux sociaux, des jeux et des services géolocalisés.

Pour ces types de services, un tiers des mobinautes dit utiliser davantage son téléphone mobile qu'un ordinateur fixe. Sur des populations jeunes, cette proportion tend à augmenter. Par exemple, la moitié des jeunes mobinautes consulte davantage ses e-mails sur mobile que sur ordinateur. L'accès à Internet en mobilité ne signifie pas nécessairement qu'il se fait dans la rue : entre 50 % et 60 % des usages mobiles Web ont lieu au domicile des mobinautes, dans un canapé plutôt que devant un bureau par exemple. D'ici 2014, la majorité du trafic Internet passera par les terminaux mobiles.

Quelles conséquences tirer de ce constat ?

Se positionner sur le mobile est devenu incontournable. C'est le seul support à être à la fois plus interactif et intime que le Web. Il y a aujourd'hui entre 10 et 13 millions de mobinautes, soit autant de mobinautes qu'il y avait d'internautes à la fin des années 90. Les marques, les éditeurs de services et de contenus vont devoir se projeter dans la décennie mobile qui s'ouvre et comprendre comment l'Internet mobile va jouer une place importante pour eux. Ils devront notamment apprendre à transposer leurs offres en les adaptant à des usages plus mobiles.

L'exemple de l'e-mail est particulièrement important. Dans le cadre d'une politique d'e-mailing, les annonceurs vont désormais devoir tenir compte de la part croissante de la consultation de mails sur mobile pour adapter le contenu de leurs envois aux écrans de smartphones. Aux Etats-Unis, certaines sociétés ont déjà commencé à dissocier leurs e-mailings en fonction du terminal de consultation utilisé par leurs abonnés.

L'autre révolution du mobile, c'est l'explosion des applications mobiles...

Il existe pour l'instant plus 200 000 applications sur l'iPhone pour des milliards de sites Web sur la Toile. Pour les éditeurs d'applications, la problématique va devenir la même que pour les sites : gagner en visibilité au-delà des places de marché d'application comme l'App Store. Les moteurs de recherche vont rester importants. Sur le mobile aussi, ils demeurent la clé principale d'accès à l'information : 80 % des gens les utilisent sur mobile pour trouver du contenu.

En interrogeant les mobinautes sur la façon dont ils choisissent les applications qu'ils téléchargent, nous nous sommes aperçu que le descriptif proposé sur les fiches produits des places de marché d'applications est l'élément le plus consulté avant de télécharger une application, devant les avis utilisateurs. En fait, les classements des meilleures ventes d'applications dans les différentes places de marché, sont moins consultées. Ces mises en avant ont certes un impact sur les téléchargements des applications, mais elles vont jouer un rôle de moins en moins important à l'avenir.