Michel Roux (PDG d'Advestigo) "Le développement du marché de la surveillance des réseaux P2P sera significatif pour nous"

Connu pour ses technologies de surveillance des réseaux peer-to-peer, Advestigo vient de lever 4,3 millions d'euros. La société compte sur les projets de riposte graduée en Europe pour atteindre la rentabilité.

JDN. La crise actuelle a-t-elle compliqué la réalisation de cette levée de fonds ? Quels sont vos objectifs ?

Michel Roux. Cette levée de fonds de 4,3 millions d'euros a été souscrite auprès de nos investisseurs historiques : iSource Gestion, EonTech Ventures et CapDecisif. Il est vrai que cela aurait peut-être été plus dur de trouver un nouvel actionnaire, mais la société est bien soutenue. Notre objectif est d'atteindre la rentabilité d'ici 18 à 24 mois (en 2007, Advestigo a réalisé 430 000 euros de chiffre d'affaires et 2,3 millions d'euros de pertes, ndlr). Nous commercialisons certaines de nos technologies depuis maintenant trois ans. Mais nous continuons d'investir fortement dans la recherche et le développement. 50 % de nos effectifs sont des docteurs faisant des mathématiques appliqués.

Advestigo est surtout connu pour les technologies de surveillance de réseaux peer-to-peer que vous mettez à disposition des ayant-droits, est-ce votre principal axe de développement ?

Nous proposons deux technologies. L'une permet de faire la différence entre un contenu (texte, image, vidéo) copié et l'original. L'autre est effectivement l'observation des réseaux (peer-to-peer, newsgroups, blogs, etc.). Il se trouve que le marché de ce que j'appelle les "technologies défensives", qui consiste le plus souvent à détecter des violations de droits d'auteur, constitue 90 % de nos revenus, bien que nous menons de nombreux projets annexes. Il y a eu des hauts et des bas dans la lutte contre le piratage, mais vu le contexte actuel, nous anticipons une phase commerciale plus soutenue.

Quelle opportunité de marché représente pour vous le projet de loi "Création et Internet" qui prévoit une surveillance automatisée des réseaux peer-to-peer ?

Il est encore trop tôt pour répondre à cette question. Mais le marché sera significatif pour nous, d'autant que la France ne sera pas le seul pays à mettre en place ce dispositif. Dans la continuité de notre travail avec la Sacem, la SCPP et l'Alpa engagé depuis trois ans et que nous poursuivons, nous proposons aux ayants droits nos technologies afin de collecter pour eux les constats d'infraction au droit d'auteur. Des constats qui seront ensuite transmis à la Haute Autorité (Hadopi) chargée de mettre en œuvre la riposte graduée, si l'on s'en tient au projet de loi actuel.