Ex-Googler : "Des tonnes d'ingénieurs" souhaitent quitter Google

Ex-Googler : "Des tonnes d'ingénieurs" souhaitent quitter Google De plus en plus de proches de l'entreprise de Larry Page lui prédisent un exode massif de talent et une sombre année 2015.

Ari Paparo, ex-Googler et PDG de Beeswax, a tweeté que "des tonnes d'ingénieurs chercheront à quitter le goog après avoir eu leurs bonus". Le "goog" auquel il fait référence, c'est bien évidemment Google. Il répondait à un tweet de l'investisseur Hunter Walk qui se trouve être aussi un ex-Googler. Hunter Walk a écrit qu'il avait constaté "une augmentation saisonnière de départs d'employés de grandes entreprises en janvier".

Selon lui, les départs de Google ne prendront de l'ampleur que "d'ici un moi", après que les bonus aient été payés. La chasse aux Googler sera ensuite potentiellement ouverte. (Pour les startups, c'est de loin la plus joyeuse de toutes les saisons…) Il important de rappeler que dans l'industrie technologique, la migration de talents de grandes entreprises vers des startups n'a rien de neuf, c'est un cycle aussi régulier et attendu que le mauvais temps pendant le mois d'août à San Francisco.

Il a récemment été bien trop facile pour des gens comme lui-même d'arracher des Googlers à leur nid

Au cours d'un séjour à Palo Alto, nous avons eu la chance de discuter avec un autre investisseur de renom qui a aussi affirmé qu'il s'attendait à une hémorragie massive de talent au sein de Google en 2015, si l'entreprise s'avère incapable de faire, à nouveau, croitre son action.

Le prix d'une part de Google est actuellement de 501 dollars, contre 577 dollars il y a un an à la même date. Dans la Silicon Valley, où il est monnaie courante que les employés soient autant – voire plus – rémunérés en actions qu'en liquide, une diminution du cours de l'action signifie assez simplement que Google va moins bien rémunérer ses employés en 2015 qu'en 2014. Ce simple rend ardue la tâche de conserver un maximum d'employés talentueux.

Il est toujours difficile de comprendre exactement pourquoi une action est en baisse mais il est clair que Google a connu une année assez difficile en 2014. En décembre, un ex-Googler nous a confié: "Je pense que l'année 2015 va être désastreuse".

Quelques données chiffrées qui soutiennent cette affirmation:

  • En 2014, le PDG Larry Page s'est éloigné des affaires courantes en confiant les commandes à Sundar Pichai à cause de sa frustration grandissante concernant le rythme d'innovation de l'entreprise.
  • L'activité principale de Google, le référencement payant, n'a pas été aussi instable que depuis quelques années. L'essor du marché des mobiles est un problème. Le référencement payant est le meilleur moyen de tirer profit du web. Mais les gens n'utilisent pas autant le web sur leurs mobiles qu'ils ne le faisaient sur leurs ordinateurs. Lors du dernier trimestre, l'activité du référencement payant de Google a connu sa plus faible croissance depuis six ans.
  • Les gens utilisent Amazon, plutôt que Google, pour chercher des produits. La seule raison qui rend encore le search adversiting lucratif pour Google est que les gens s'en servent pour chercher des produits qu'ils souhaitent acheter, et que Google diffuse des publicités pour ces produits. Mais de plus en plus de personnes vont directement sur Amazon pour chercher des produits. Les recherches du mot "Amazon" depuis le moteur de recherche de bureau ont augmenté de 47% entre septembre 2013 et septembre 2014, d'après ComScore.
  • L'homme en charge de la profitabilité de Google, Nikesh Arora, a démissionné pour travailler chez SoftBank. En interne, son départ a été une source de tensions et de déceptions. Avant cela, Nikesh Arora prévoyait d'organiser une gigantesque conférence à Las Vegas pour tous les représentants commerciaux de l'entreprise. L'évènement a été annulé après son départ, et l'entreprise privilégierait désormais plutôt les rassemblements régionaux, ce qui, d'après les dires de certains Googlers, ne ravirait pas tout le monde. Ces mêmes Googlers ont même l'impression que l'entreprise traverse un gel de l'embauche. Mais même si c'est faux, le fait que certaines personnes en interne le pensent mérite d'être souligné. Il y a clairement une frange de pessimistes au sein de l'entreprise.
  • Google perd énormément de terrain en dehors des frontières américaines. L'entreprise fondé par Larry Page et Sergey Brin a supprimé des postes d'ingénieur en Russie et fermé son agrégateur d'informations en Espagne. L'Union Européenne souhaite diviser l'entreprise, et la situation au Brésil ne semble pas au beau fixe non plus.
  • Facebook a décidé d'entrer en concurrence avec Youtube sur le marché de la publicité vidéo et pourrait en ressortir gagnant. L'entreprise de Mark Zuckerberg travaille d'arrache-pied pour incorporer un service vidéo similaire à celui de Youtube à son news feed, comprenant des publicités vidéo. De nombreuses personnes au sein de l'industrie pensent que Facebook est en meilleure posture que Youtube pour glaner les revenus publicitaires qui quittent le milieu de la télévision. L'analyste de JPMorgan, Doug Anmuth, a écrit: "Facebook semble être mieux placé pour s'emparer de ces nouveaux dollars qui cherchent preneur. Facebook représente 21% du temps passé sur téléphone mobile, contrôle la diffusion de publicités au sein de son news feed et s'ouvre à de nouvelles opportunités à travers le marché de la vidéo et Instagram".

L'investisseur auquel nous avons parlé la semaine dernière nous a confié qu'il serait étonné de voir Larry Page, le PDG de Google, rester passif et laisser l'action de son entreprise chuter ainsi encore longtemps. Selon lui, Larry Page se rend bien compte du lien direct entre l'état de forme de l'action et la capacité de son entreprise à conserver ses employés talentueux et qu'il a récemment été bien trop facile pour des "VC" d'arracher des Googlers à leur nid.
Il a ajouté qu'il s'attendait à ce que Google connaisse à nouveau une croissance en profitant du marché du mobile, où l'entreprise possède le plus gros système d'exploitation au monde, Android.

Ce "VC" prédit, plus précisément, que Google va bientôt faire augmenter ses commissions sur l'intégration d'Android et sur le Google App Store auprès, donc, des fabricants et des développeurs.

Article de Nicholas Carlson. Traduction par Shane Knudson, JDN.

Voir l'article original: Ex-Googler: 'Tons Of Engineers' Want To Leave Google