Google et Yahoo censurent-ils Carrefour en Chine ?

Depuis quelques jours, la requête "Carrefour" renvoie un message d'erreur sur les moteurs de recherche chinois, dont les versions locales de Google et Yahoo. Les moteurs s'autocensurent-ils ?

Après un appel au boycott via Internet et SMS, Carrefour continuerait-t-il à subir en Chine les conséquences du passage mouvementé de la flamme olympique à Paris ? C'est en tout cas ce qu'affirme le site américain Google Blogoscoped. Selon lui, la version chinoise de Google affiche depuis quelques jours un message d'erreur aux internautes ayant saisit le nom de le groupe de distribution. La même requête sur le moteur chinois Baidu ou sur le portail local de Yahoo renvoie également des messages d'erreur.

Google et Baidu auraient-ils donc "blacklisté" la requête "Carrefour" ? Le site spécialisé sur Google penche plutôt pour une censure générale de cette requête par les autorités chinoises, déjà réputées pour leur manque d'affection d'un Internet libre. Cette censure pourrait cependant n'être pas destinée à punir le groupe français, mais plutôt à empêcher la propagation de l'appel au boycott de l'enseigne par les internautes, et ainsi préserver Carrefour.

Cette hypothèse impliquerait cependant que le fonctionnement des éditions chinoises de moteurs étrangers soient directement contrôlables par les pouvoirs publics chinois. Rien d'impensable, Google et Yahoo ayant déjà été stigmatisés pour leur obéissance aux autorités locales. Yahoo avait récemment du s'excuser devant le congrès américain d'avoir livré à la police plusieurs informations concernant des opposants au régime, actifs sur la toile via les services de son portail.

Des internautes se posent ainsi des questions sur la paged'erreur qui s'affiche lorsque l'on tape "Carrefour" dans le moteur derecherche. L'année de copyright affichée sur la page n'est pas"2008" mais "2006". D'autres pointent le fait que le logo de Googleaffiché sur la page correspond à un fichier hébergé depuis Google.comalors que le même fichier sur une page de résultats "normale" esthébergé directement sur Google.cn. De quoi alimenter les rumeurs sur qui gère vraiment cette page.
 

Google est de son côté un habitué des retraits d'informations en Chine. Son moteur de recherche chinois n'indexe pas de nombreux noms de domaines, tels ceux de médias occidentaux ou d'organisations de défense des droits de l'homme. La version locale de Google News omet également de recenser certaines sources d'opposition. Quant à Google Maps, les images satellites en son absentes.

Depuis la mi-avril, des internautes chinois appellent au boycott du groupe de distribution qu'ils accusent de soutenir la cause tibétaine. De nombreux messages sur les services de chats et relayés via SMS affirment (à tort selon les intéressés) que Carrefour, ainsi que le groupe LVMH auraient envoyé de grosses sommes d'argent au Dalaï Lama. Carrefour est détenu à 10,7 % par la Holding Blue Capital, que possède Bernard Arnault, président de LVMH.