Interdire Aereo mettrait en péril l'industrie du cloud

Interdire Aereo mettrait en péril l'industrie du cloud La Cour suprême américaine semble bien décidée à interdire le service de streaming Aereo, malgré les conséquences désastreuses que cela pourrait avoir.

La Cour suprême des Etats-Unis est appelée à trancher la demander des chaînes américaines de fermer le service de streaming Aereo. Pour huit à douze dollars par mois, la start-up permet d'accéder aux programmes des grandes chaînes américaines sur PC, tablette et smartphone grâce à une mini-antenne satellite. Les networks accusent Aereo de violer la loi régissant le copyright en ne leur versant aucun royalties. Les premiers débats, qui ont eu lieu mardi 22 avril, laissent présager un sort funeste pour Aereo...

Si la Cour suprême décidait que le service de streaming est illégal, cela signifierait la fin de la société, qui vient pourtant de lever 34 millions de dollars. Mais une telle décision viendrait aussi, symboliquement, interdire une nouvelle technologie disruptive et mettre en danger d'autres start-up qui reposent sur le même principe.

La loi américaine permet à n'importe qui disposant d'une antenne TV de regarder les grandes chaînes américaines gratuitement, comme en France. Mais, la réception hertzienne étant très mauvaise dans certaines zones des Etats-Unis, c'est le réseau de distribution par câble qui s'est majoritairement développé, obligeant les Américains à souscrire à un abonnement payant, souvent exorbitant. de son côté, Aereo propose de relayer ce signal hertzien sur Internet.

"Je ne dis pas que c'est déterminant ou forcément mauvais, mais votre modèle technologique est basé uniquement sur le contournement d'interdictions juridiques que vous ne voulez pas accepter", a déclaré le juge John Roberts Jr à l'avocat d'Aereo, mardi. Pourtant, les juges en sont conscients, une décision allant à l'encontre d'Aereo marquerait symboliquement un frein contre une nouvelle technologie disruptive et peut-être même d'autres. "Ce qui me dérange, a expliqué le juge Stephen Breyer, c'est que je ne comprends pas quel impact la décision, prise pour vous ou contre vous, va avoir sur toutes les autres sortes de technologies."

L'industrie du cloud terrorisée

Ainsi, la décision de la Cour Suprême dans l'affaire ABC vs Aereo viendra préciser la loi sur le copyright qui requiert la permission des propriétaires en cas de "performances publiques" de leurs œuvres, c'est-à-dire de leur transmission au public. Le tout est de savoir si Aereo fournit cette performance publique ou non. La start-up argue qu'elle ne fait que distribuer un outil, la mini-antenne, et non du contenu. Selon elle, ce sont ensuite les internautes qui créent leurs propres copies du contenu télévisuel avec leur mini-antenne. Les streams ne sont donc pas des performances publiques qui tombent sous le coup de la loi sur le copyright, assure Aereo.

"Si l'industrie du cloud est terrorisée par cette affaire, c'est parce qu'elle a investi des dizaines de milliards de dollars dans la notion selon laquelle une copie initiée par un utilisateur est une performance privée et non publique", se défend l'avocat d'Aereo, David Frederick. Une décision allant à l'encontre d'Aereo exposerait donc l'industrie du cloud, et notamment les services de stockage comme Dropbox ou Google Drive qui peuvent servir à stocker de la musique ou des films, à des conséquences potentiellement désastreuses.