Ciblage comportemental : BT bientôt devant la justice ?


La justice britannique envisage des actions contre le fournisseur d'accès, à qui elle reproche d'avoir mené plusieurs expérimentations de ciblage comportemental publicitaire à l'insu de ses abonnés.

BT pourrait bien avoir à répondre devant la justice de ses expérimentations de ciblage comportemental publicitaire. Le Crown Prosecution Service (CPS), chargé des poursuites judiciaires aux Royaume-Uni a indiqué étudier l'opportunité d'une action à l'encontre du fournisseur d'accès. Le CPS reproche à BT d'avoir mené à deux reprises, en 2006 et 2007, des expérimentations de ciblage comportemental publicitaire à l'insu de ses abonnés. Une pratique que le FAI avait avoué en 2008.

Si le concept de ciblage comportemental n'est pas illégal, les internautes doivent être avertis de l'usage qui est fait des données prélevées à partir de leur navigation et pouvoir en refuser la collecte. Ce qu'à fait discrètement BT afin de leur proposer des publicités en rapport avec leurs centres d'intérêt. Selon plusieurs associations de défense des consommateurs, les expérimentations menées par l'opérateur sont assimilables à des écoutes illégales de communications en ligne.

L'opérateur avait d'ailleurs fait appel à une entreprise américaine plutôt controversée, Phorm, dont il expérimentait la technologie. Phorm s'est depuis retiré du marché britannique après que l'ensemble des FAI aient expérimenté sa technologie (BT, mais également TalkTalk et Virgin Media), avant de renoncer à l'utiliser.

Anciennement connu sous le nom 121 Media, Phorm avait été la cible en 2005 de plusieurs plaintes déposées devant la Federal Trade Commission, l'autorité de la concurrence américaine, par des association de protection des données personnelles qui l'accusaient de fournir des logiciels espions aux annonceurs. L'une des applications développée par Phorm avait d'ailleurs été classée comme spyware par l'éditeur antivirus F-Secure.

L'annonce du Crown Prosecution Service intervient près d'un an après que la commissaire européenne chargée des TIC, Viviane Reding ait adressé un avis motivé à Londres sur le manque de  protection de la vie privée en ligne au Royaume-Uni. Bruxelles estimait à l'époque que le stockage et l'utilisation des informations personnelles des internautes à des fins publicitaires se feraient trop souvent à l'insu des internautes britanniques (lire l'article Ciblage comportemental : Bruxelles menace Londres, du 14/04/2009).