Mobileye, la start-up méconnue que tous les constructeurs auto s'arrachent

Mobileye, la start-up méconnue que tous les constructeurs auto s'arrachent L'entreprise israélienne est capable de transformer n'importe quelle voiture en véhicule intelligent.

Il est partout. Sur les processeurs des prototypes de voiture sans chauffeur ou sur les systèmes de sécurité de nombreux véhicules dans le monde entier, le logo de Mobileye se cache sous bien des capots. "23 des plus grands constructeurs du monde utilisent nos équipements et nos algorithmes, que cela soit pour des systèmes avancés d'aide à la conduite ou pour leurs expérimentations sur la conduite autonome", se félicite Lior Sethon, directeur aftermarket Europe de Mobileye. Et cela ne serait pas près de s'arrêter : "Plus de 10 millions de voitures circulent aujourd'hui avec notre technologie et nous travaillons actuellement sur 13 projets de conduite autonome. Notre activité est en nette accélération", ajoute-t-il.

"Nous travaillons notamment sur 13 projets de conduite autonome"

En plus d'avoir signé début 2016 avec de grands noms comme Renault-Nissan, General Motors et Volkswagen, l'entreprise créée en 1999 a aussi attiré l'attention de l'américain Tesla, dont le patron, Elon Musk, a récemment rendu visite à l'entreprise israélienne pour discuter de l'équipement de ses futurs véhicules. Même si Mobileye travaille déjà sur la Model S, le sujet est sensible pour l'entreprise israélienne : "Nous pouvons seulement dire que Tesla est notre partenaire de manière générale", glisse Lior Sethon. Le site d'information spécialisé Teslarati parle lui d'un système autonome dormant dans la future Model 3, qui pourrait être activé à distance une fois que la réglementation américaine aura validé la conduite sans les mains.

Si la firme de Jérusalem préfère rester discrète sur ses partenariats ainsi que leur nature, elle est, selon son représentant, devenue incontournable dans le milieu : "Nous sommes engagés dans la quasi-totalité des projets de voiture sans chauffeur", avance Lior Sethon.

Composé d'une caméra et d'un cadran, le Mobileye 560 rend intelligent n'importe quel véhicule. © Mobileye

Concrètement, Mobileye s'est spécialisé dans les systèmes d'apprentissage informatisés permettant de guider l'automobile sans même qu'il n'y ait besoin de signalisation ou de marquage au sol, mais aussi dans la communication vehicle-to-vehicle : "notre logiciel est capable d'extraire toutes les informations intéressantes parmi les situations rencontrées et de les renvoyer dans le cloud pour avertir les autres véhicules du meilleur itinéraire à emprunter", explique-t-il.

Mais avant que la voiture sans chauffeur ne débarque sur les routes et que la plupart des véhicules n'intègrent ces technologies, Mobileye a pour ambition de développer son offre aftermarket, ou de seconde monte en français, c'est-à-dire des dispositifs pouvant être installés sur n'importe quel véhicule existant.

La marque commercialise depuis deux ans le Mobileye 560, un système anti-collision composé d'une caméra posée à l'intérieur du pare-brise et d'un petit écran d'alerte fixé sur le tableau de bord. Depuis peu, elle propose aussi le Shield+, destiné aux bus, poids lourds et véhicules utilitaires, composé de caméras intelligentes qui couvrent tous les angles morts et de trois écrans d'alerte pour avertir le chauffeur de la présence d'un obstacle là où il ne peut le voir de lui-même.

"Les flottes qui ont adopté notre technologie observent un recul de 60% à 80% des accidents"

"Plusieurs milliers de véhicules sont aujourd'hui équipés dans le monde de l'une de nos solutions de seconde monte", annonce le responsable aftermarket Europe de Mobileye. "Nous travaillons notamment sur des flottes de véhicules professionnels, avec des entreprises comme Coca-Cola Hellenic, par exemple", poursuit-il.

Pour séduire toujours plus de clients, Lior Sethon assure disposer d'un argument de poids : "Les flottes qui ont adopté notre technologie observent un recul de 60% à 80% du nombre d'accidents et le gouvernement israélien, qui veut encourager les particuliers à investir dans nos systèmes grâce à des bonus sur leurs assurances, a mesuré lors d'une étude menée sur 6 000 véhicules équipés que les déclarations de sinistre de leurs propriétaires avaient reculé de 80%."

"Notre priorité est de faire du B to B pour d'abord prouver son efficacité avant de s'adresser au grand public"

Si Mobileye confie être en contacts avancés avec les autorités de la plupart des pays du monde, dont la France, pour les inciter à aider les automobilistes à adopter le Mobileye 560, dans l'Hexagone, ce sont pour l'instant les professionnels qui sont visés : "Ces dispositifs sont arrivés dans l'Hexagone fin 2015 et notre priorité est de faire du B to B pour d'abord prouver l'efficacité de la technologie Mobileye avant de s'adresser au grand public", raconte Cyril Bécheau La Fonta, directeur général d'AutoCare, le distributeur français de Mobileye.

"Des projets pilotes ont d'ores et déjà été lancés sur des véhicules du spécialiste des gaz industriels Air Liquide et d'une importante société de nettoyage marseillaise", annonce-t-il. "L'idée est de les tester en situation courante d'utilisation, de récupérer des informations comme la fréquence des alertes et d'en tirer des enseignements", précise-t-il.

Côté prix, AutoCare propose aux professionnels un abonnement mensuel d'une vingtaine d'euros comprenant la fourniture du produit, sa garantie, sa maintenance et un accompagnement pendant toute la durée du contrat.

"Cela permet de récupérer de la donnée pour identifier les zones dangereuses en fonction du nombre d'alertes envoyées"

Quant au Shield+, il équipe déjà des bus d'un grand transporteur français ainsi que des camions bennes tests en Ile-de-France. "Nous sommes en discussion essentiellement avec de grandes agglomérations comme Paris et Lyon pour multiplier les tests grandeur nature", affirme Cyril Bécheau La Fonta.

"Les villes se montrent très intéressées car le système est systématiquement vendu avec de la télématique, ce qui permet de récupérer de la donnée pour identifier les zones dangereuses en fonction du nombre d'alertes envoyées et de leur nature. Cela peut par exemple les aider à avertir les usagers ou à mieux matérialiser une piste cyclable sur une portion dangereuse, c'est-à-dire où des alertes concernant des cyclistes se multiplient", explique-t-il.

Un argument qui, selon lui, correspondrait parfaitement aux attentes des administrations : "A l'heure où beaucoup de grandes villes se lancent dans la smart city, ces technologies ont tout pour les séduire."