Philips met pleins feux sur la voiture intelligente

Philips met pleins feux sur la voiture intelligente Le géant de l'électronique lance une nouvelle dashcam embarquée et prépare l'avenir de l'éclairage pour se positionner sur le marché du véhicule connecté et autonome.

La voiture sans conducteur, truffée de radars, n'aura techniquement plus besoin d'éclairage pour circuler. Un constat qui a de quoi faire froid dans le dos aux professionnels du secteur. Mais le spécialiste de l'éclairage automobile Lumileds, filiale de Philips, ne l'entend pas de cette oreille : "Ces dix prochaines années vont être passionnantes pour nous. Nous pensons que le véhicule autonome aura toujours besoin d'éclairage, ne serait-ce que pour rassurer les usagers. Personne n'acceptera de rouler en pleine nuit à 100km/h en ne voyant rien autour ", affirme Thomas Hénin, directeur marketing monde de la marque.

"La dashcam fera partie de l'environnement connecté de la voiture de demain"

Les feux pourraient même selon lui faire partie intégrante de l'intelligence du véhicule : "L'éclairage peut être un vecteur de communication vehicle-to-vehicle entre voitures autonomes. La vitesse de la lumière est bien plus rapide que les données cellulaires pour partager les messages. Les deux seront complémentaires car la lumière ne peut servir que sur des courtes distances. On peut imaginer qu'une voiture envoie des informations sous différentes formes lumineuses, qui seront captées et interprétées par les autres véhicules. Ils pourront alors partager la vitesse idéale à respecter pour éviter les bouchons ou la distance qui les séparent, par exemple", avance-t-il.

Philips anticipe aussi l'avenir par la diversification et a fait des nouveaux objets de mobilité son deuxième axe de développement, avec l'éclairage. Première-née : la dashcam. Vendue une centaine d'euros, elle enregistre automatiquement dès le démarrage du véhicule tout ce qui se passe sur la route. Tant qu'il ne se passe rien, les images sont effacées au fur et à mesure, mais dès qu'un mouvement brusque voire une collision sont détectés, la caméra garde la vidéo en mémoire. "Un jour elles filmeront à 360 degrés", précise Thomas Hénin.

Après en avoir écoulé plusieurs millions en deux ans depuis leur commercialisation en Asie, le géant néerlandais a décidé de lancer ses caméras embarquées intelligentes sur le marché européen : "Cela fait partie de l'environnement connecté de la voiture de demain. En 2020, 5 à 10% des véhicules européens seront équipés d'une dashcam et nous pensons qu'il y aura des caméras embarquées dans tous les véhicules d'ici une dizaine d'années", affirme-t-il.

"La fonction d'alerte fatigue détecte les micro-comportements et les coups de volant qui précédent l'endormissement"

La sécurité est le maître-mot de Philips pour inciter les Européens à adopter ses caméras embarquées, alors que le taux d'équipement ne dépasse pas 1% sur le Vieux continent. "La version que nous venons de sortir en Europe intègre la fonction d'alerte fatigue qui, grâce à un algorithme, détecte les micro-comportements et les coups de volant qui précédent l'endormissement. Nous avons la meilleure qualité d'image du marché, à savoir du full HD 1080 pixels grand angle, ce qui permet de détecter les déviations de trajectoire même imperceptibles pour l'humain et de voir des détails jusqu'à 40 mètres qu'il serait impossible de voir à l'œil nu", explique le directeur marketing monde de Lumileds.

Et selon lui les usages sont multiples : "En Chine, par exemple, il y a beaucoup de cas où des gens se jettent sous les roues des véhicules quand ils roulent à faible vitesse pour être blessés et toucher une assurance à vie. Avec la caméra, le conducteur peut prouver sa bonne foi. Quasiment tous les taxis sont équipés pour cette raison. Des assureurs peuvent offrir des réductions à leurs clients qui en possèdent. Cela peut aussi permettre de réduire le nombre d'accidents et de gérer plus facilement les sinistres. On peut imaginer qu'il n'y aura plus tout le temps besoin d'envoyer des experts et que beaucoup de dossiers pourront être traités automatiquement à partir des images. Nous discutons avec les assureurs sur ces points."

Au Royaume-Uni, les dashcams Philips ont en revanche connu un succès inattendu auprès des professionnels : "Les gestionnaires de flotte apprécient particulièrement de pouvoir suivre leurs véhicules grâce au GPS. Et peut-être qu'un jour ils pourront se connecter à distance pour visionner en direct ce que la caméra filme", glisse Thomas Hénin.

"Nous sortirons des dashcams plus adaptées au marché français dans les 6 prochains mois"

Pour séduire tous les Européens, Philips affirme avoir trouvé le bon compromis : "Les marchés les plus réfractaires sont les grands pays européens. Il y a une certaine peur d'être fliqué et les automobilistes ont conscience qu'ils ne conduisent pas parfaitement tout le temps. Les ventes exploseront quand on les rassurera sur l'utilisation des données. Nous allons par exemple sortir des dashcams plus adaptées au marché français dans les six prochains mois. Nous misons sur la gamification pour faire accepter la technologie, c'est-à-dire qu'il faut travailler l'ergonomie et les fonctions fun comme le selfie en plus de l'utilité du produit", annonce-t-il.

En parallèle, la marque néerlandaise envisage un futur plus sérieux pour ses caméras embarquées intelligentes : "La véritable valeur de la dashcam sera dans sa capacité à interagir avec toutes les fonctions du véhicule. Elle se connecte déjà à la prise diagnostic et nous cherchons des solutions pour qu'il y ait à l'avenir des échanges d'informations avec les véhicules", imagine le spécialiste de Philips.

Thomas Hénin croit aussi en un autre système embarqué, le GoPure, un purificateur d'air qui supprime automatiquement les particules polluantes dangereuses pour la santé dans le véhicule : "Il fait fureur en Asie, en Amérique du Sud et aux Etats-Unis. A Shanghai, nous l'avons même connecté directement aux alertes pollution pour qu'il démarre seul quand il le faut et qu'il s'adapte au niveau de pollution des zones traversées".

Un dispositif une nouvelle fois distribué en aftermarket, auquel Thomas Hénin tient particulièrement : "Nous visons des gens qui veulent rendre leur véhicule intelligent sans avoir à en changer. Tout le monde ne peut pas s'offrir une berline de luxe ultra-connectée."