Pour l'IoT aussi, Ikea a un plan

Pour l'IoT aussi, Ikea a un plan Le spécialiste de l'ameublement espère s'imposer sur le marché de la domotique en créant un écosystème d'objets connectés low-cost. Il s'est doté d'une division dédiée à ces produits.

Trådfri. Pour baptiser sa première gamme d'objets connectés, sortie en mars 2017 en Suède et désormais disponible en France, Ikea a choisi ce terme suédois qui signifie sans fil. L'entreprise avait déjà fait un premier pas dans le monde de la domotique en mars 2015, en lançant une série de meubles intégrant un système de recharge pour les smartphones et autres appareils électroniques, sans fil lui aussi. Le groupe s'attaque cette fois-ci frontalement au marché de la maison intelligente, avec une véritable brochette de luminaires connectés.

"Nous réfléchissons au lancement de nouvelles gammes d'appareils IoT, destinées à l'univers de la salle de bain ou du salon par exemple"

Avec cette gamme comptant six ampoules, trois panneaux led et cinq portes de placards lumineuses d'une durée de vie de 25 000 heures, Ikea n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Ces objets connectés sont reliés via le réseau open source ZigBee à un hub domotique développé par la firme pour l'occasion. Ils permettent de créer dans la maison différentes ambiances avec leur luminosité réglable. Ils peuvent être pilotés à distance, depuis une application smartphone dédiée, mais également depuis une télécommande capable de détecter les mouvements à 10 mètres à la ronde. D'ici la fin 2017, ces appareils seront compatibles avec les IA vocales d'Amazon Alexa, Google Assistant et Apple HomeKit et pourront donc être commandés oralement. "Nous n'avons pas souhaité signer de contrat exclusif avec l'une de ces entreprises. Nous voulons rester aussi ouverts que possible pour que nos clients aient le choix", explique Björn Block, le directeur de la division IoT d'Ikea, baptisée Ikea Home Smart.

Ikea veut inonder le marché domotique avec ces nouveaux produits, comme il l'a fait pour le mobilier. Le géant suédois de l'ameublement utilise pour parvenir à ses fins la même méthode que celle éprouvée dans son core business : il est moitié moins cher que ses concurrents. Au moment du lancement de leurs gammes respectives de luminaires connectés, Philips et Aurora ont commercialisé leur kit de base autour de 200 dollars, contre 90 pour Ikea. Pourtant, rien ne dit que les consommateurs seront conquis par ce produit à l'utilité pour l'instant limitée et qui reste coûteux comparé à une lampe classique. Sortir son smartphone de sa poche et ouvrir une application pour régler l'éclairage d'une pièce prend quasiment autant de temps que se lever et le faire manuellement. Pas sûr que les clients soient prêts à dépenser près de 100 dollars pour cette fonctionnalité.

La gamme Trådfri compte cinq portes de placard lumineuses connectées. © Ikea

Pourquoi Ikea n'a-t-il pas d'abord tâté le marché avec une ou deux ampoules connectées avant de se lancer dans le grand bain avec une gamme aussi large ? Développer ces produits électroniques reliés à un réseau télécom a probablement demandé au groupe des investissements conséquents car ce n'est pas son métier de base (l'entreprise n'a pas souhaité donner de détails chiffrés sur ce sujet). Autant, donc, rentabiliser au maximum l'effort fourni et décliner l'appareil en plusieurs versions.

La gamme Trådfri n'est que la première brique d'un écosystème qu'Ikea entend construire dans la domotique. Le groupe prévoit de l'accoler à de nombreuses autres. "Nous réfléchissons au lancement de nouvelles gammes d'appareils IoT, destinées à l'univers de la salle de bain ou du salon par exemple. Je ne peux pas vous donner plus de détails pour l'instant", glisse Björn Block. Si une ampoule connectée  n'est pas en elle-même révolutionnaire, elle peut devenir plus utile en étant combinée à d'autres objets connectés. Le matin, lorsque la lumière s'allume, les volets automatisés pourraient s'ouvrir et la cafetière se mettre en marche par exemple.

Que le groupe suédois veuille créer un écosystème complet dans le monde de la maison connectée semble cohérent avec son positionnement dans l'ameublement. Une ligne stratégique qui expliquerait également pourquoi il développe un hub domotique propriétaire, qui ne fonctionne qu'avec les objets connectés de la marque Ikea.

Pour l'instant, les appareils de la gamme Trådfri sont commercialisés dans le département lumière des magasins Ikea et dans des espaces meublés (baptisés "roomset") où les clients peuvent voir les produits en situation et les tester, avec l'aide de vendeurs. "Nous avons formé notre force de vente à l'utilisation de ces produits, avec une série d'ateliers", souligne Björn Block. "Nous réfléchissons à créer des espaces dédiés spécialement à l'IoT, lorsque de nouveaux produits seront sortis", complète-t-il.

Pour basculer à l'IoT, Ikea a créé un projet baptisé Ikea Home Smart en 2013, qui devient deux ans plus tard une division à part entière

Pour se lancer dans l'IoT, la société a d'abord créé un projet baptisé Ikea Home Smart en 2013. Deux ans plus tard, l'équipe portant ce programme devenait une division à part entière, dirigée par Björn Block. "Nous ne sommes pas nombreux (Ikea ne donne pas de précisions sur les effectifs associés à ses différentes équipes, ndlr) mais nous collaborons avec les autres branches du groupe. Pas besoin par exemple de créer une nouvelle division IT, nous travaillons avec le DSI et ses troupes. Nous nous sommes également appuyés sur les équipes marketing d'Ikea qui ont des compétences autour de la connaissance client", indique le directeur.

Le groupe a par ailleurs recruté des spécialistes du digital et travaille avec des partenaires, grands groupes et start-up. Très secrète, la firme ne souhaite pas dévoiler leurs noms, mais tient à préciser que ses produits sont fabriqués à 100% en interne. "Seule cette maîtrise totale de la chaîne de production nous permet d'être certains de la qualité de nos produits, qui sont testés par nos laboratoires d'analyse internes."