Les étonnantes lubies du patron d'Abercrombie & Fitch

Les étonnantes lubies du patron d'Abercrombie & Fitch Dans son jet privé, le fantasque PDG impose jusqu'à la longueur des caleçons du personnel navigant.

La chaîne d'habillement américaine Abercrombie & Fitch a su se faire remarquer grâce à ses vendeurs torse nu. Mais désormais, ce sont les lubies du PDG, Michael Jeffries, qui défrayent la chronique. En cause, un "manuel de bord" de 40 pages destiné au personnel navigant de son jet privé et dont les règles sont pour le moins déroutantes.

Détail important : la dernière feuille de papier toilette ne doit pas être pliée.

Premier exemple avec l'uniforme. Composé d'un jean et d'un polo Abercrombie, d'un manteau et de tongs, il est complété d'un caleçon forcément court, d'une ceinture, d'un chapeau et de lunettes de soleil. Le manteau d'hiver ne doit être porté que si la température descend "sous les 10° C" et avec "le col retourné".

Michael Jeffries, qui a fait appel à une agence de mannequins, Cosmopolitan Management, pour recruter, exige par ailleurs que les stewards portent des gants blancs pour manipuler l'argenterie et des gants noirs pour servir à table. Toujours côté cuisines, le sel et le poivre doivent être "bien centrés" sur la table. Le matin, du thé Assam doit être servi tandis qu'à partir de 14 heures, le patron exige du Darjeeling, servi "avec une double petite soucoupe". Le guide édicte également les règles pour s'adresser au big boss : toujours répondre "pas de problème" plutôt que "bien sûr", ou "juste une minute". La place des trois chiens du directeur, Ruby, Trouble et Samy, est elle aussi édictée de manière stricte en fonction des invités. Détail important : la dernière feuille de papier toilette ne doit pas être pliée. Et la chanson "Take Me Home" être systématiquement passée lors de l'embarquement des passagers.

Ce manuel, révélé par Bloomberg fin octobre, a été remis à la justice par un ancien pilote, Michael Stephen Bustin, licencié en 2009 parce qu'il était "trop vieux" (55 ans). Ce dernier poursuit aujourd'hui la compagnie pour discrimination. En 2004, Abercrombie & Fitch avait déjà dû payer 40 millions de dollars dans le cadre d'une class-action pour plusieurs cas de discrimination envers des minorités.

Les stewards doivent porter des gants blancs pour manipuler l'argenterie et des gants noirs pour servir à table

La maniaquerie du PDG n'étonnera pas certains : il est de notoriété publique que Michael Jeffries supervise lui-même chaque vêtement qui sera en vente et choisit personnellement les musiques à diffuser dans les magasins. Le PDG avait aussi déjà été tancé pour l'usage "excessif" de son jet privé, ce qui avait conduit le conseil d'administration d'Abercrombie à lui verser 4 millions de dollars pour qu'il accepte de limiter ses déplacements à une valeur de 200 000 dollars par an, rapporte le Guardian.

En tous cas, ce scandale tombe au pire moment pour Abercrombie, dont les ventes décevantes l'ont amené à annoncer la fermeture de 180 points de vente aux Etats-Unis d'ici 2015. Difficile pourtant de croire que la compagnie pourra se séparer aisément de son fantasque PDG : celui-ci détient encore 2,8% des parts d'Abercrombie & Fitch, dont il est à la tête depuis 1998.