Fragilisation de la zone euro – Quelles conséquences pour les entreprises ?

Depuis la crise de la dette en Europe en 2011, l'UE doit envisager une restructuration de la zone euro et des ajustements de la monnaie unique. Si personne ne peut prédire ces changements dans le détail, mais ils auront des conséquences considérables sur les entreprises.

Dans une telle période d’incertitude, comment les entreprises doivent-elles réagir ?

D’après un récent sondage effectué par Deloitte, 37 % des directeurs financiers pensent qu’un ou plusieurs États de la zone euro abandonneront la monnaie unique en 2012, estimant par ailleurs que ce bouleversement constituera le plus gros danger pour leur entreprise au cours de l’année prochaine. Dans l’hypothèse pessimiste où la zone euro viendrait à éclater, les entreprises devraient gérer 14 monnaies supplémentaires et jongler avec des comptabilités et des systèmes de facturation différents entre les pays. L’éclatement de la zone euro créerait donc un environnement complexe sur le plan de la gestion financière des entreprises.
L’une des principales préoccupations liées à une restructuration de la zone euro est l’évolution de la visibilité des flux de trésorerie. 71 % des directeurs et responsables financiers sondés à travers le monde (rapport Basware Cost of Control – Fuzzy Finance) s’accordent à dire qu’une plus grande dépendance entre différents systèmes financiers soulèverait nécessairement des problèmes de visibilité des mouvements d’argent. 69 % d’entre eux pensent également que l’altération d’une partie de leur infrastructure financière est plus susceptible d’avoir des répercussions sur les autres parties de leur activité dans un contexte d’interdépendance croissante. Enfin, 59 % des interrogés estiment que certaines décisions visant à améliorer les opérations financières ont été prises dans leur société sans une bonne compréhension des conséquences engendrées sur la visibilité des flux de trésorerie. Ce réseau financier complexe ne se limite pas à l’entreprise elle-même, il s’étend à tous les acteurs externes avec lesquels cette entreprise travaille. Cela signifie qu’un changement au sein d’une entité de cette infrastructure pourrait avoir des conséquences difficiles à prévoir pour les autres entreprises qui la composent. Dans un marché tel que l’Europe, où le rapprochement des entreprises de la zone euro a été vivement encouragé, la complexité du réseau financier est donc particulièrement élevée.
Pour les entreprises, il est crucial de mettre en place des systèmes qui garantissent une transparence complète et une flexibilité suffisante pour pouvoir s’adapter aux variations économiques. Que la zone euro s’effondre cette année ou non, la menace de bouleversements économiques demeure. Pour faire face à cette situation, les entreprises doivent pouvoir compter sur des systèmes capables de s’adapter aux variations futures et de garantir l’équilibre de leur infrastructure d’achat en cas de modifications importantes des échanges au sein de la zone euro, tout en maintenant visibilité et stabilité financière. Une entreprise qui n’aurait pas su anticiper les troubles financiers à venir subirait de plein fouet leurs répercussions et pourrait bien ne pas s’en relever.
Les entreprises doivent aussi prendre en compte le fait que leurs fournisseurs, et notamment les plus modestes, pourraient souffrir énormément si les exportations vers l’Europe venaient à représenter une trop grande fraction de leurs revenus. Mieux vaut garder un œil sur les finances de ses fournisseurs et disposer d’une roue de secours pour s’assurer que les changements macro-économiques de la zone euro ne pèsent pas directement sur son chiffre d’affaires. Un réseau ouvert, dans lequel acheteurs et fournisseurs peuvent échanger librement, est indispensable pour gérer ces situations car il améliore la transparence et simplifie les processus commerciaux pour les deux parties.
Si des processus et des stratégies n’ont pas été prévus pour répondre à ces périodes de bouleversement décisives, les entreprises auront bien du mal à gérer leurs dépenses et à disposer d’une bonne visibilité sur leurs flux de trésorerie. Le développement d’un réseau mondialisé témoigne de la nécessité pour les acheteurs et les fournisseurs de tisser des liens plus étroits.
Chaque minute, plusieurs millions de transactions ont lieu entre les États et les liens existants entre les acheteurs et les fournisseurs n’ont jamais été aussi forts. Une bonne préparation des réseaux et des systèmes financiers face aux bouleversements économiques à venir pourra permettre aux entreprises de traverser sereinement des crises majeures telles que l’effondrement de la zone euro.