BNP lance la première application concrète de la blockchain en France

BNP lance la première application concrète de la blockchain en France La gestion des registres des entreprises levant des fonds sur Smartangels passera par la technologie derrière le bitcoin dès le second semestre.

Grande première : enfin, en France, une banque dévoile une expérimentation concrète de la blockchain. BNP Paribas Securities Services s'allie à la plateforme de crowdfunding en equity Smartangels pour appliquer la technologie aux opérations financières des entreprises non cotées.

En clair : les sociétés qui lèvent des fonds sur Smartangels émettront désormais des titres qui seront comptabilisés automatiquement en s'appuyant sur la blockchain. Surtout, les investisseurs de la plateforme auront désormais accès au marché secondaire : ils pourront revendre leurs actions ou en racheter grâce à la nouvelle plateforme, sur un "marché d'occasion", ce qui n'était pas possible auparavant. Des e-certificats seront émis instantanément lors de chaque opération financière, de manière standardisée et sécurisée.

Sécurité et traçabilité pour les entreprises et investisseurs

BNP Paribas Securities Services a mis au point le registre utilisant le protocole blockchain qui va être intégré sur Smartangels. "La blockchain permet d'intégrer l'intégralité de la chaîne de valeurs, de l'émission de titres jusqu'au marché secondaire, explique Marc Younes, responsable du développement produit. Nous allons matérialiser le consensus et la sécurité de la blockchain sur une application bancaire classique, avec une traçabilité parfaite pour l'ensemble des acteurs."

L'expérimentation commencera au deuxième semestre mais la plateforme est vouée à devenir un standard en 2017 sur le site de crowdfunding. Si le modèle économique n'est pas encore exactement fixé, "il y aura un partage de revenus entre BNP Paribas Securities Services et Smartangels sur le montant dont s'acquitte l'entreprise déléguant la gestion de son registre de titres", explique Benoît Bazzocchi, président et fondateur de Smartangels.

Optimiser les relations actionnariales

La blockchain pourrait révolutionner le secteur. D'abord, pour les entreprises qui utilisent les plateformes de crowdequity. "Aujourd'hui, il n'y a pas de standards pour la tenue des registres des entreprises non cotées, raconte Benoît Bazzocchi. Inscrire les registres sur la blockchain dans le cadre de nos opérations de crowdfunding en temps réel et de manière dématérialisée va permettre d'optimiser les relations actionnariales, en plus de sécuriser et simplifier les opérations."  Il imagine, à terme, proposer des services optionnels payants, comme la gestion des assemblées générales par exemple.

Smartangels va pouvoir scaler son business plus facilement

L'utilisation de la blockchain ne permettra pas seulement à Smartangels de satisfaire ses entreprises clientes. La plateforme espère aussi booster sa croissance en simplifiant ses procédures. "Jusque-là, nous devions vérifier manuellement toute la partie registre : qu'il soit bien tenu par l'émetteur, la gestion des flux, l'inscription des titres…  En ajoutant cette brique qui sécurise et automatise cette étape, nous allons pouvoir monter en volume et scaler bien plus facilement", raconte Benoît Bazzocchi.

Sans compter que Smartangels va désormais s'ouvrir au marché secondaire. "Jusque-là nous n'intervenions que sur les augmentations de capital mais plus notre activité se développe, plus les investisseurs demandent à pouvoir revendre leurs titres sur le marché secondaire. Ce sera désormais possible."

"Nous souhaitons tester la pertinence de la blockchain sur des cas très concrets pour des applications bancaires"

En lançant cette expérimentation, BNP Paribas, qui participe déjà aux grands consortiums de banques expérimentant sur la blockchain (R3 à l'international, initiative de la CDC en France), prouve encore davantage son intérêt pour le protocole. "Nous souhaitons tester sa pertinence sur des cas très concrets pour des applications bancaires, analyse Marc Younes. La gestion du registre des sociétés non cotées est une bonne application parce que les volumes sont relativement faibles et que l'on contourne le problème de scalabilité de la blockchain." Surtout, ajoute Philippe Ruault, chef de produit : "C'est aussi un moyen pour BNP Paribas Securities Services de tester ce qui pourrait s'appliquer demain sur les marchés cotés. L'utilisation de la Blockchain s'inscrit dans la stratégie digitale de BNP Paribas."

Avec ce partenariat, BNP Paribas Securities Services élargit aussi sa cible de marché, puisque l'entité  n'interagit habituellement qu'avec des sociétés cotées pour les conseiller dans la gestion de leur capital (tenue de registre, assemblées générales, plans salariés et plans d'opérations sur titres…). "Nous n'avons pas encore d'outil pour le marché des sociétés non cotées alors que beaucoup d'entreprises moyenne ont des problématiques de gouvernance d'entreprise similaires. C'est peut-être une opportunité pour attaquer un nouveau marché…"