Avec l'IoT et l'IA, bureaux et bâtiments intelligents ne font plus qu'un

Avec l'IoT et l'IA, bureaux et bâtiments intelligents ne font plus qu'un Les solutions de smart office et de smart building se rapprochent pour offrir une vue globale à l'utilisateur, tant sur les consommations énergétiques que sur les services possibles.

Le bâtiment intelligent ne se limite plus à la maîtrise de sa consommation énergétique. Les solutions proposées font de plus en plus converger la gestion de l'intérieur (smart home) et des espaces de travail (smart office ou digital workplace), avec le bâti (smart building). "Ce qui est recherché avec l'Internet des objets (IoT) dans le secteur du bâtiment concerne à la fois les économies d'énergie et l'offre de nouveaux services. Regrouper les deux est indispensable pour proposer du tout en un à l'utilisateur et lui permettre de réaliser des bénéfices avec un bouquet de services dans une seule application", détaille Alexandre Fund, président de Tévolys, agence française spécialisée dans le smart building et smart office qui a orienté il y a quatre ans sa stratégie sur ce segment unifié.

Visiblement avec succès, puisque Tévolys a déployé cette année dans 28 sites français – dont les locaux de PSA et les aéroports de Paris (ADP) – son application Géolys, dédiée à une gestion complète et intégrée des usages et de l'environnement de travail dans le bâtiment. L'entreprise a lancé en novembre 2018 un programme Early Adopters, offrant pendant deux mois aux entreprises un accès gratuit à sa solution pour démontrer l'intérêt de cette union entre smart office et smart building.

Alexandre Fund, président de Tévolys. © Tévolys

Cette approche mêlant le bureau au bâtiment a été encouragée par l'intérêt des usagers pour leur consommation énergétique. "Cela fait deux ans que le smart building est passé d'une préoccupation des constructeurs à une préoccupation des occupants, explique Alexandre Fund. Pour satisfaire ces derniers, les acteurs du smart building se sont rapprochés d'eux pour connaître leurs usages et leur apporter de nouveaux services leur donnant la possibilité d'agir sur leur environnement. Par exemple, une salle de réunion va mêler une solution smart building pour détecter les présences et baisser le chauffage quand elle est vide, avec une solution smart office pour alerter les salariés de la disponibilité du lieu."

Les contraintes réglementaires poussent aussi à cette convergence. L'Union européenne impose désormais aux nouveaux bâtiments d'avoir une consommation d'énergie quasi nulle d'ici au 31 décembre 2020 (directive 2018/844 sur la performance énergétique des bâtiments). Les entreprises cherchent à connaître plus finement les usages pour optimiser davantage leur économies d'énergie.

Performance opérationnelle

Autre illustration récente de cette alliance du bâtiment et du bureau, le fabricant français d'objets connectés pour la maison intelligente SmartHome s'est associé en novembre 2018 à Z#bre, société française qui a créé en 2013 une plateforme d'analytics simplifiant le déploiement des objets connectés, quelles que soient les technologies de communication utilisées. Les objets connectés de SmartHome sont installés dans l'édifice et leurs données analysées sur la plateforme SaaS de Z#bre pour permettre aux gestionnaires d'optimiser leurs consommations, leurs services et ceux de leurs prestataires. "Pour être efficace, il faut une stratégie globale car l'on tend vers une multiplication du nombre de capteurs pour aboutir à un bâtiment capable de s'autogérer", assure Alexandre Chaverot, président de SmartHome France. "Agréger les données sur une seule interface offrant une vue globale permet à différents acteurs – techniciens de maintenance, salariés ou RH – de travailler ensemble et d'augmenter leur performance opérationnelle, certifie Jean-Marc Vauguier, directeur général de Z#bre. Ce n'est pas le bâtiment qui doit devenir intelligent mais les services rendus aux occupants."

"On va passer d'un bâtiment intelligent à un bâtiment apprenant"

Jusqu'à présent, les offres étaient bien distinctes entre les spécialistes de l'économie d'énergie, comme les start-up Advizeo et iQSpot, et ceux du smart office, à l'image de Jalios ou Zocus. Les acteurs mêlant les deux "restent rares", reconnaît Thomas Gauthier, CEO de NodOn, un fabricant qui va présenter au CES 2019 une plateforme de gestion des objets connectés multi protocoles. Pour SmartHome et Z#bre, ce marché offre pourtant des opportunités "gigantesques" : "Nous nous attendions à une explosion il y a quatre ans mais l'intérêt commence tout juste à se manifester", observe Alexandre Chaverot. "Cela ne peut que se renforcer car l'on estime que près de 70% de la population mondiale vivra en ville en 2050, contre 55% aujourd'hui. Cela va conduire à une rupture incroyable des usages et il faudra mieux gérer les bâtiments et les espaces disponibles", analyse Jean-Marc Vauguier.

Associer les deux mondes s'effectue techniquement au niveau du software. "Les solutions et les technologies radios sont adaptées pour les deux usages. C'est la plateforme qui doit unifier le tout", soutient Thomas Gauthier, le patron de NodOn. Tévolys a conçu pour la sienne un modèle doté d'intelligence artificielle (IA) regroupant l'ensemble des données. Même recours à l'IA, chez Z#bre, selon Jean-Marc Vauguier : "Nous en avons mis à tous les niveaux, du capteur fonctionnant en edge computing à la plateforme, pour assurer un lien entre les données en temps réel". C'est par l'IA également que les constructions vont évoluer estiment les professionnels : "L'on va passer d'un bâtiment intelligent à un bâtiment apprenant qui se configurera en fonction de nos comportements", prédit Chekib Gharbi, directeur général du cluster CITC, dédié à l'IoT.