IoT : les capteurs miniatures de Nanolike séduisent les industriels

IoT : les capteurs miniatures de Nanolike séduisent les industriels Des géants de l'automobile, de l'aéronautique ou encore de l'armement utilisent ces petits instruments pour mesurer la déformation de certaines pièces, comme la carlingue d'un avion.

Ce n'est pas la taille qui fait la grandeur, ni la performance : la zone active des capteurs de la société toulousaine Nanolike a beau mesurer 0,1 millimètre carré, elle est d'une efficacité redoutable pour mesurer la déformation des matériaux. La start-up, créée en 2012 par deux ingénieurs de l'Institut national des sciences appliquées de Toulouse, fabrique de minuscules jauges de contrainte.

Renault, Airbus Helicopters et l'Agence spatiale européenne travaillent avec les capteurs de Nanolike

Ces instruments de mesure miniatures sont 30 fois plus efficaces en moyenne que leurs concurrents traditionnels, appelés dans le jargon des "capteurs de déformation mécaniques". 10 000 fois moins énergivores, ils commencent à être très prisés dans le monde de l'industrie - Renault, Airbus Helicopters et l'Agence spatiale européenne travaillent par exemple avec ces outils. Les clients de Nanolike peuvent mesurer de façon très précise la déformation mécanique de certaines pièces (les pales d'un satellite, la carlingue d'un avion…) et les renforcer si nécessaire.

Ces appareils d'un nouveau genre sont constitués de micro-particules qui mesurent en moyenne 14 nanomètres de diamètre. Elles sont assemblées les unes aux autres de manière parfaitement organisée, comme des perles sur un fil. "On peut facilement faire passer du courant à l'intérieur de ce fil, qui est conducteur. Lorsque le matériau sur lequel est fixé le capteur se déforme, le fil se déforme aussi créant un peu de résistance. Le courant électrique passe alors moins bien ", explique Jean-Jacques Bois, directeur de Nanolike. La jeune pousse a développé une formule mathématique qui permet de transformer cette résistance électrique enregistrée par le capteur en déformation mécanique. Ces données de déformation sont transmises au client, qui peut lui-même les convertir en un poids exercé à un moment X ou Y sur la pièce soumise à ces enregistrements.

Les capteurs de Nanolike mesurent 7 millimètres de long sur 6 de large. © Nanolike

Les instruments de mesure de Nanolike mesurent en tout 7 millimètres de longueur et 6 de largeur. "Plus petits que les capteurs de nos concurrents, ils sont également beaucoup plus sensibles. Pour mesurer un certain niveau de déformation, nous avons besoin d'un seul nano-capteur là où les entreprises traditionnelles du secteur en utilisent quatre. Nous pouvons donc nous permettre d'être un peu plus chers que nos concurrents : les appareils de Nanolike coûtent entre 10 et 50 euros l'unité en fonction des quantités commandées", détaille Jean-Jacques Bois.

Ces nano-capteurs pourraient devenir des stars de l'IoT, où la taille et la consommation d'énergie doivent être réduites à leur minimum pour permettre aux objets connectés d'être autonomes un maximum de temps. Ils sont déjà utilisés par des entreprises du secteur automobile, aéronautique, mais aussi par des géants de l'énergie ou de l'armement.

La Directions générale de l'armement (DGA) tricolore a intégré une vingtaine de nano-capteurs sur la coiffe de certains de ses missiles, pour mesurer leur déformation (liée à la pression) au moment du lancement. Le département d'essai d'Airbus Helicopters en Allemagne a quant à lui testé ces outils pour mesurer la distorsion de la carlingue de plusieurs de ses appareils en vol. Séduite par leur légèreté, l'Agence spatiale européenne a elle aussi posé des réseaux de capteurs sur les pales de ses satellites pour vérifier si elles étaient soumises à des déformations mécaniques dans l'espace.

Nanolike compte doubler son chiffre d'affaires entre 2015 et 2016

Les détecteurs de Nanolike permettent non seulement de mesurer la distorsion d'un produit fini (pale d'un satellite, missile….) mais ils peuvent également améliorer leur processus de production. Les constructeurs automobiles Renault et Volkswagen ont testé ces produits dans le cadre de projets pilotes de smart manufacturing. L'Allemand les a positionnés sur certains outils de sa chaîne de production, notamment pour calculer à quelle force les marteaux plantaient les rivets et réajuster les machines en cas de problème.

La quarantaine de projets sur lesquels Nanolike a travaillé en 2015 sont encore souvent en phase pilote : "les industriels vérifient que nous créons bien de la valeur avant de généraliser ce système", pointe le patron. Trois de ses clients vont sauter le pas et industrialiser le process courant septembre.

La start-up a collecté 1 million d'euros d'investissement en décembre 2014 pour être capable de produire ses nano-capteurs en série, directement dans ses locaux à Toulouse. Un objectif atteint depuis le printemps 2015. Nanolike va pouvoir vendre de gros volumes et espère dès 2016 doubler son chiffre d'affaires, qui s'est élevé à 183 000 euros en 2015.