Comment est fixé le prix des médicaments ?

Comment est fixé le prix des médicaments ? Sur quels critères les prix des médicaments vendus en France sont-ils fondés ? Et sont-ils vraiment trop élevés ?

Le prix des médicaments est fixé par le Comité économique des produits de santé (CEPS), organisme placé sous l'autorité du ministère de la Santé. En fonction de deux critères : l'ASMR (amélioration du service médical rendu), en premier lieu, qui correspond au progrès thérapeutique apporté par un médicament par rapport aux autres traitements déjà disponibles. Elle s'évalue sur une échelle de I (majeure) à V (inexistante). Elle est établie par la Haute autorité de santé (HAS), une autorité publique indépendante. Le deuxième critère est celui des volumes de vente attendus : plus un médicament s'adresse à une cible étroite, plus il nécessite un prix de vente élevé pour que le laboratoire arrive à rentabiliser sa recherche, et cela avec des conséquences limitées pour les dépenses de l'assurance maladie.

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Le laboratoire fabricant touche 67,7% du prix final du médicament. © JDN

A partir de ces critères, le CEPS fixe un prix fabricant hors taxe (le prix remboursé au laboratoire), valable pour 5 ans sauf en cas d'extension d'indication (si par exemple on découvre une nouvelle cible pour le médicament, son prix peut être revu à la baisse). Pour les médicaments hospitaliers, le prix fixé par le CEPS peut dans certains cas être négocié par l'hôpital, qui partage alors les gains réalisés avec l'Assurance maladie. A ce prix fabricant, il faut ajouter la marge des grossistes et des pharmaciens, fixée elle aussi par l'Etat, plus la TVA et autres taxes. Au final, le laboratoire perçoit 67,7% du chiffre d'affaires (exprimé en prix publics) du médicament. Le prix des médicaments non remboursables par la Sécurité sociale est lui fixé librement par le fabricant.

Les médicaments sont-ils trop chers en France ?

Contrairement aux idées reçues, le prix des médicaments princeps (hors génériques) est plutôt dans le bas de la fourchette. Selon une étude du NHS britannique, qui a comparé les prix fabricants de 250 médicaments vendus en pharmacie, la France affiche les prix les plus bas d'Europe.

"Nous sommes systématiquement les moins chers sur les produits innovants", assure Dominique Giorgi, le directeur du Comité économique des produits de santé, qui s'agace "des préjugés extraordinaires" sur le sujet. "Des baisses de prix, j'en fais tous les jours", insiste-t-il. "Pour 2014, cela représentera 960 millions d'euros de baisse !". Sur un marché de 25,18 milliards d'euros en 2012, ce n'est pas rien.

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La France est le pas d'Europe où les médicaments de marque sont parmi les moins chers. © JDN

Le Leem, qui fédère les entreprises du médicament, rappelle lui que les prix publics des médicaments remboursables ont diminué de 27,9% entre 1990 et 2012, alors que dans le même temps, l'inflation augmentait de 46,1%. Une grande partie de cette baisse étant à attribuer à l'essor des génériques, qui sont moins chers et qui entraînent mécaniquement une réduction des prix du médicament princeps de minimum 20%.

Les médicaments génériques en France, qui représentent 16,52% du marché des médicaments en valeur en 2012, font en revanche figure de mauvais élèves. D'après une étude de l'Assurance maladie, le prix moyen d'un comprimé de médicament générique dans l'Hexagone est de 15 centimes, contre 7 centimes aux Pays-Bas par exemple.

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En France, les médicaments génériques restent relativement chers par rapport aux autres pays. © JDN

Si les génériques sont plus coûteux en France, c'est parce que les pharmaciens bénéficient d'une marge bien plus importante lorsqu'ils en prescrivent : 17% du prix fabricant contre 2,5% pour les médicaments princeps. L'objectif étant d'encourager la substitution des médicaments princeps par un générique. "Le problème, ce n'est pas tellement le prix des médicaments, c'est la prescription" dénonce Dominique Giorgi. "Pourquoi a-t-on besoin de donner une carotte aux pharmaciens, alors que dans d'autres pays, les médecins prescrivent naturellement des génériques ?"

A force de tirer les prix vers le bas, on risque tout simplement d'accélérer les délocalisations, dénoncent les laboratoires, qui rappellent que l'industrie française du médicament est le 4e excédent commercial de la France et emploie plus de 100 000 personnes dans l'Hexagone.