Comment Lille améliore ses services grâce aux données de Waze

Comment Lille améliore ses services grâce aux données de Waze Le GPS collaboratif fournit à la métropole lilloise des informations sur le trafic en temps réel en échange de données municipales sur les travaux de voirie.

Quand les données produites par la ville et ses habitants se croisent via un acteur du privé. Début Juillet, OpenDataSoft, un service français permettant aux villes de structurer et partager leurs données, annonçait un partenariat d'échange de données avec Waze. Ce GPS collaboratif israélien aux 65 millions d'utilisateurs mensuels dans le monde est la propriété d'Alphabet (maison-mère de Google). La métropole lilloise (MEL), cliente d'OpenDataSoft depuis 2016, est la première ville à avoir mis en place cet échange de données. "Les premiers retours sont très bons, nous attendons beaucoup de ce partenariat", s'enthousiasme Etienne Pichot-Damon, chargé de mission open data à la direction Recherche & Développement de la MEL, qui explique au JDN l'intérêt pour la métropole de mêler ces données.

Waze fournit trois jeux de données à la MEL. Le premier concerne les alertes en temps réel à propos de tout ce qui peut impacter la voirie comme des objets sur la route ou des accidents. Le second concerne les embouteillages : en fonction de la vitesse des véhicules de ses utilisateurs, l'algorithme de Waze reconnaît la formation d'un bouchon et envoie son tracé en temps réel à la ville. Le dernier n'a pas encore été très utilisé, car il concerne des cas de force majeure (énormes accidents, catastrophes naturelles), pour lesquels Lille serait de tout façon très rapidement au courant.

Temps réel contre prévisionnel

De son côté, la métropole a ouvert ses données sur la géolocalisation et la durée des travaux de voirie. Waze est prévenu une semaine à l'avance, ce qui lui évite d'attendre un signalement des utilisateurs pour savoir que des travaux sont en cours. La MEL aimerait aussi mettre en open data la géolocalisation en temps-réel des camions-bennes pour que Waze adapte le parcours des automobilistes qui pourraient se retrouver derrière l'un d'eux. En somme, chaque partie comble les lacunes de l'autre : Lille manque de remontées d'informations en temps réel, tandis que Waze ne peut savoir ce que ses utilisateurs ignorent.

Pour Etienne Pichot-Damon, ces nouveaux outils pourraient aider à "réduire le trafic, mais aussi à être plus réactifs. Car dans la plupart des cas, Waze est informé des accidents avant les urgences," regrette-t-il. Lille va donc permettre à la police et aux pompiers de se brancher directement au système d'alerte de Waze. Ils pourront ensuite l'intégrer à leurs systèmes de supervision (s'ils en ont) ou paramétrer des alertes en cas d'accident.

Waze peu partageur

Autre opportunité pour la métropole : réaliser des économies de maintenance en croisant ses propres informations aux données de Waze. "Par exemple, Waze dispose d'une option pour signaler les feux qui ne marchent pas. Nous avons des solutions qui détectent les pannes, mais il peut y avoir des bugs. Nous pourrions attendre la confirmation de Waze afin de ne pas envoyer un technicien pour rien", imagine Etienne Pichot-Damon. Et inversement, avant d'envoyer quelqu'un enlever un véhicule accidenté signalé par Waze, Lille peut confirmer l'information si une caméra de surveillance filme la zone concernée.

Bémol de ce partenariat entre OpenDataSoft et Waze, l'ouverture des données est à sens unique. Celles partagées par Lille avec Waze peuvent être utilisées par n'importe qui d'autre. Tandis que les informations en temps réel de Waze sont l'apanage de Lille, qui peut s'en servir, mais pas les partager (sauf avec d'autres services publics de la métropole, comme les urgences). Etienne Pichot-Damon comprend la frilosité de l'entreprise, dont les données en temps réel sont le cœur de la valeur qu'elle produit. Mais il espère la convaincre de laisser Lille archiver ces données, ce que Waze ne fait pas, pour les rendre accessibles à tous.

Et aussi