Prix du timbre : pourquoi il augmente

Prix du timbre : pourquoi il augmente Le prix du timbre augmentera de 10 centimes au 1er janvier 2015, une hausse historique. Mais qui décide des tarifs ? Sont-ils justifiés ?

La Poste a annoncé une hausse des tarifs du courrier de 7% en moyenne à compter du 1er janvier 2015. Précisément, la lettre prioritaire (timbre rouge) passera de 66 à 76 centimes, et la lettre économique (timbre vert) passera de 61 à 68 centimes. Le tarif des colis, lui, connaîtra une hausse plus modérée (1% en moyenne). Le patron du courrier de La Poste, Nicolas Routier, a toutefois relativisé l'impact pour les ménages français, dont le budget annuel en produits postaux s'élève en moyenne à 46 euros. Il assure ainsi que la hausse annoncée représentera moins de quatre euros par an par ménage.

Cette hausse était attendue depuis que La Poste a obtenu auprès de l'ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes), qui encadre les tarifs postaux, une augmentation annuelle des tarifs du service postal de 3,5% plus l'inflation sur les trois prochaines années (2015-2018). Bien plus que le plafond jusqu'ici en vigueur, fixé à l'inflation +1% sur la période 2013-2015. Si cette ligne est poursuivie, le timbre rouge pourrait coûter 80 centimes en 2018.

Depuis 2011, les procédures d'autorisation préalable des tarifs postaux ont disparu avec la fin du monopole sur le courrier de moins de 50 grammes. Mais l'ARCEP conserve la possibilité de fixer un plafond d'augmentation, ce qui donne une certaine latitude à La Poste pour aménager ses prix, par exemple en augmentant certains produits plus que d'autres.

 

Chart: Evolution du prix du timbre (centimes)Description: Prix du timbreTags: Prix du timbreAuthor: JDNcharts powered by iCharts

Depuis 2003, le tarif du timbre pour une lettre de 20 grammes en France a été déjà revu à la hausse huit fois, pour atteindre 66 centimes au 1er janvier 2014. Pour La Poste, il s'agit de compenser la baisse de l'activité et de financer ses investissements. Car l'activité courrier ne cesse de décliner. De 2002 à 2013, le nombre de plis adressés a chuté de 26%. Rien que l'an dernier, 900 millions de lettres en moins sont parvenues dans nos boîtes aux lettres.

D'autre part, il faut prendre en compte l'importance des coûts fixes assumés par La Poste. "90 000 facteurs distribuent le courrier 6 jours sur 7 en tous points du territoire", fait valoir l'entreprise. Le service universel assuré par La Poste comprend, en plus des obligations auxquelles sont soumis l'ensemble des opérateurs de services postaux, la levée et la distribution assurée tous les jours ouvrables, la péréquation géographique des tarifs et l'accessibilité des points de contact pour le grand public (17 000 sur tout le territoire). Ce coût d'aménagement du territoire est évalué à 247 millions d'euros en 2012 par l'ARCEP.

Enfin, La Poste soutient des investissements conséquents pour moderniser ses centres de tri et rénover ses bureaux de Poste. Entre 2004 et 2012, le groupe a dépensé 3,4 milliards d'euros pour créer 42 plateformes de tri automatisé. Résultat : le taux de lettres prioritaires distribuées à j+1 a atteint 87,9% en 2012, son niveau le plus élevé. 

Le timbre est-il trop cher en France ?

Le prix du timbre français, jusqu'ici dans la moyenne européenne, va passer avec cette hausse dans le peloton de tête. Mais La Poste française n'est pas la seule à annoncer de fortes hausses : entre 2011 et 2014, le prix du timbre a ainsi bondi de 46% au Royaume-Uni, 53% au Danemark ou 35% aux Pays-Bas, contre "seulement" 12% en France. Et l'ouverture à la concurrence n'est pas forcément la panacée. En Suède, où le marché postal a été libéralisé en 1993, le timbre est plus cher qu'en France, à 69 centimes environ.

 
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Malgré tout, il existe des solutions pour payer ses timbres moins chers, comme l'écopli, à 59 centimes au 1er janvier 2014 et délivré en 2 jours ou plus. Seuls deux tiers des ménages connaissent pourtant l'existence de ce tarif économique, et à peine 19% sont capable d'en donner le tarif, selon une enquête de l'ARCEP.