Il y celles qui réussissent l'international, et puis il
y a les autres... Pour tenter de comprendre ce qui différencie
la première catégorie d'entreprises de la seconde,
Bain & Company a analysé les comptes et les stratégies
de 729 entreprises internationales réalisant plus de 500
millions de dollars de chiffres d'affaires. Ces entreprises sont
réparties dans sept pays : Allemagne, Australie, Etats-Unis,
France, Italie, Japon et Royaume-Uni.
Part
des entreprises étudiées répondant aux
différents critères financiers
(source
Bain & Company)
|
Critère |
Nombre
d'entreprises concernées
|
Part
dans l'échantillon
|
Echantillon retenu |
729
|
--
|
Croissance annuelle
du chiffre d'affaires supérieure à 8 % entre
1996 et 2000 |
233
|
32 %
|
Croissance annuelle
de la marge opérationnelle supérieure à
8 % entre 1996 et 2000 |
182
|
25 %
|
Croissance annuelle
du chiffre d'affaires international supérieure à
8 % entre 1996 et 2000 |
153
|
21 %
|
Croissance annuelle
de la marge opérationnelle à l'international supérieure
à 8 % entre 1996 et 2000 |
124
|
17 %
|
Au sein de
cette échantillon de 729 entreprises, l'étude s'est
focalisée sur les meilleurs de la classe en ne retenant que
les sociétés ayant réalisé, entre 1996
et 2000, une croissance annuelle moyenne de 8 % sur leur chiffre
d'affaires et sur leur marge opérationnelle, aussi bien au
niveau groupe qu'au niveau international. Le taux de 8 % ne
doit rien au hasard : il correspond à la variation du
PIB et à l'inflation moyenne enregistrées sur la période.
Ce "tamis" s'avère des plus sélectifs :
seules 17 % des entreprises répondent à l'ensemble
des critères, soit 124 des 729 sociétés.
Le profil de ces 124 entreprises, qui affichent de fait une réussite
sur l'international, permet de dégager plusieurs grandes
tendances. La première ne s'avère pas discriminatoire :
en moyenne, la part du chiffre d'affaires réalisé
à l'international par ces entreprises est équivalente
à l'ensemble de l'échantillon, soit 36 %. Autrement
dit, on ne réussit pas mieux sa stratégie de développement
international quand on est une entreprise très présente
à l'international. Le critère de réussite est
qualitatif, non pas quantitafif.
Comparaison
du profil financier de l'entreprise aux activités internationales
rentables et du profil financier de l'entreprise standard
(source
Bain & Company)
|
Moyenne
sur cinq ans |
Entreprise
rentable à l'international
|
Entreprise
standard
|
Part de l'international
dans le chiffre d'affaires global |
36 %
|
36 %
|
Croissance du
chiffre d'affaires global |
22 %
|
7 %
|
Croissance du
chiffre d'affaires à l'international |
33 %
|
10 %
|
Marge opérationnelle
globale |
14 %
|
8 %
|
Marge opérationnelle
à l'international |
13 %
|
8 %
|
Et pourtant, ces 124 entreprises démontrent des profils
financiers largement au-dessus de la moyenne. La croissance annuelle
moyenne de leur chiffre d'affaires groupe est de 22 % quand
les autres plafonnent à 7 %, et leur marge opérationnelle
caracole à 13 % quand, une fois de plus, les autres
se contentent d'un 8 %.
En décryptant les stratégies de ces 124 entreprises,
Bain & Company a identifié cinq critères qui conditionnent
l'échec, donc la réussite, d'une stratégie
internationale :
Un
développement trop rapide : en cherchant à
initier une expansion géographique à un rythme effréné,
l'entreprise risque de ne pas allouer les ressources nécessaires
au développement de chaque nouvelle activité locale.
Une
mauvaise évaluation de la concurrence : faute d'avoir
réalisé un processus de "due diligence"
fouillé, l'entreprise risque d'aller de surprise en surprise
sur ses concurrents locaux.
Un
avantage incertain : beaucoup d'échecs à
l'international sont conditionnés par le fait que l'entreprise
n'a pas validé en amont son "avantage coût"
au plan local, ni vérifié que cette expansion s'incorporait
dans la logique de son business-plan.
Une
industrialisation en panne : réussir à l'international
signifie pour l'entreprise développer des concepts déclinables
sur chaque marché local. Faute d'y parvenir, l'entreprise
risque de devoir gérer des activités de moins en moins
homogènes, donc complexes.
Un
recrutement mal adapté : il est nécessaire
pour s'implanter à l'international de recruter des talents
locaux plutôt que de miser sur l'expatriation de cadres supérieurs.
A ces critères jugés essentiels par Bain & Company
pour réussir un développement international, l'étude
en ajoute un sixième, tout aussi incontournable : ne
s'attaquer à l'expansion géographique qu'à
partir du moment où l'entreprise est solide sur son marché
domestique. 90 % des entreprises qui s'imposent à l'international
sont dans des positions de leader sur leur pays d'origine.
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