"Les entreprises allemandes
exportent plus que les françaises car elles sont plus compétitives"
Alors
que l'Allemagne voit le solde de sa balance commerciale progresser, le déficit
français ne cesse d'atteindre des records. Le dynamisme des exportations
est-il en cause ? Pourquoi ?
| Balance
commerciale française et allemande en milliards d'euros* | |
| | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | |
| Solde français | +2,4
| -5,1 | -21,2 | -28,4 | -39,2 | |
| Solde allemand | +135,8 | +156,1 | +158,2 | +
161,9 | + 198,8 | |
| * La balance commerciale recense
les exportations et les importations de biens | |
| Source
: Insee et OFS Allemand | |
Les spécialisations
sectorielles
Les marchés de l'Allemagne et de la France à
l'exportation sont sensiblement les mêmes, à ce point près
que notre voisin outre-Rhin exporte moins vers les pays de l'Europe des 15 (55
% de ses exportations contre 65 % pour la France). Le commerce extérieur
français est par ailleurs marqué par une forte dépendance
envers l'Allemagne, qui représente 15 % de ses exportations (contre moins
de 10 % dans le sens contraire). La France en souffre d'ailleurs car la consommation
intérieure allemande est atone.
L'une des différences de positionnement
qui avantage l'Allemagne est son implantation sur les segments à forte
valeur ajoutée des biens d'équipements (notamment les machines-outils,
équipement mécanique et électronique), peu sensibles aux
variations de conjoncture.
Une compétitivité
défaillante
"Les
deux pays exportaient environ un quart de leur production lors du passage à
l'Euro. Aujourd'hui, l'Allemagne a fait grimper ce chiffre à 40 %" |
Les économistes s'accordent pour dire que les bons chiffres
du commerce extérieur allemand dépassent ces simples critères.
» Le pays a engagé son économie
vers la voie de la compétitivité-prix depuis le début des
années 2000, en menant une politique de délocalisation et d'austérité
salariale. Si la demande intérieure en a été pénalisée,
les entreprises sont devenues plus compétitives.
» L'argument
n'est cependant pas suffisant puisque la Commission permanente de concertation
pour l'industrie (CPCI) observe que "depuis dix ans, les prix des produits
exportés par l'Allemagne sont, en moyenne, de 5 % supérieurs à
ceux des produits français similaires." La France paraît avoir
une compétitivité hors-prix - liée à sa capacité
à innover - moindre que celle de son rival économique. Les exportateurs
sont ainsi plus sensibles aux chocs de demande : lorsque la conjoncture se dégrade,
ils doivent rogner leurs marges pour rester dans la compétition. A l'inverse,
ils profitent moins du dynamisme de la demande mondiale.
Un
tissu entrepreneurial peu propice
L'Hexagone dispose incontestablement de
moins d'exportateurs que son voisin. L'économiste Jean Pisani-Ferry explique
que les deux pays exportaient environ un quart de leur production lors du passage
à l'Euro. Aujourd'hui, l'Allemagne a fait grimper ce chiffre à 40
% lorsque la France s'est maintenue. Un tissu économique composé
d'entreprises trop petites et donc insuffisamment innovantes explique ce handicap.
Conclusion
La
France souffre réellement d'un manque de compétitivité à
l'export. A noter toutefois que l'excédent enregistré par l'Allemagne
provient aussi d'une stagnation de ses importations due à la mauvaise santé
de sa consommation intérieure.