Femmes chefs d'entreprise : y a-t-il un management "au féminin" ?

Le management au féminin existe-t-il ? Si oui, comment se définit-il et comment s’exprime-t-il dans le quotidien de l’entreprise ? Quelles caractéristiques et quelles spécificités quand les femmes sont aux commandes ? Le point alors que la parité est encore loin d’être une réalité dans le monde du travail.

Quelle place pour les femmes aujourd’hui ?

Pour qualifier le management au féminin, il est important de comprendre le contexte dans lequel évoluent les femmes de nos jours. Aujourd’hui, 30 % des créateurs d'entreprise sont des femmes : il y a 15 ans, elles représentaient seulement 18 % des entrepreneurs. La preuve que les efforts de l’état pour renforcer l’égalité professionnelle entre hommes et femmes ont payé ? A y regarder de plus près, cette évolution serait plutôt le résultat de la volonté des femmes à faire évoluer leur carrière.
En effet, quand on compare cette progression du ratio homme/femme d’entrepreneurs à la part qu’occupent les femmes dans la population active (qui n’a pas évolué), et que l’on tient compte des disparités salariales qui n’ont quasiment pas progressé en 30 ans sur les postes à responsabilités dans les grandes entreprises, que ce soit en termes de management opérationnel, fonctionnel ou au niveau de la gouvernance, on peut faire deux constats :
  • l’égalité sur le plan professionnel entre hommes et femmes n’existe toujours pas, surtout sur les postes à responsabilités ;
  • les femmes s’orientent de plus en plus vers l’entrepreneuriat, non pas en réponse aux politiques gouvernementales visant à améliorer l’égalité professionnelle, mais parce que c’est l’un des seuls leviers de carrière leur permettant d’accéder à des postes à responsabilités assez rapidement, et sans trop d’obstacles.
Deux constats qui témoignent, d’une part, que les mentalités demeurent archaïques, avec toujours beaucoup de doutes de la part de la gouvernance (qui est donc toujours et majoritairement masculine) quant aux aptitudes des femmes, et ce, même lorsqu’elles présentent davantage de diplômes et de compétences que les hommes. Mais aussi, d’autre part, que les femmes évoluent dans un contexte qui leur impose une volonté et une détermination sans faille pour dépasser les a priori et franchir toutes les barrières que les mœurs mettent sur leur chemin.

Quand les mœurs et le contexte conditionnent un type de management typiquement féminin

Sans forcément l’admettre, les femmes ont conscience du jugement qui est porté sur elles. Elles seraient ainsi des suiveuses, jamais des leaders. Par conséquent, et plusieurs études le révèlent, la plupart des femmes dirigeantes sont animées par le besoin de prouver ce qu’elles valent.
Elles savent en effet qu’il leur faut surpasser de très loin les hommes pour être retenues à un poste, entendues ou remarquées. Ce qui les pousse à en faire généralement plus que leurs homologues masculins, à être plus productives, plus engagées dans leur travail, mais aussi, paradoxalement, à rester dans "leur rôle de femme", pour ne pas bouleverser brusquement les conventions.

Autant d’éléments qui influencent la manière dont les femmes managent leurs équipes. Des études et interviews de dizaines de femmes ayant des postes à responsabilités le confirment : les femmes s’imposent moins brutalement que les hommes, elles ne prennent pas les choses frontalement et préfèrent la communication ainsi que le partage aux prises de position fermées ou dictatoriales. C’est précisément sur ces points que se dessinent les contours du management au féminin, même si bien d'autres subtilités se dégagent dans leur manière de manager.
Qu’implique la féminité dans le management ?

L'obligation de la performance

Nous l’avons vu, la féminité génère encore des doutes sur les capacités individuelles à manager. Qu’importent les diplômes et le niveau de compétences, les a priori font loi dans la gouvernance des entreprises. Ce qui se traduit par des comportements différents de la part de femmes en raison de la pression qui pèse sur leurs épaules : elles cherchent ainsi à faire mieux que les hommes en toutes circonstances, car aucune erreur ne leur est pardonnée. Tant que demeureront des doutes sur les capacités des femmes de la part des hommes dirigeants, elles s’évertueront ainsi à être des managers plus performants.
En imaginant que les mentalités évoluent d’un coup et que les barrières disparaissent, quelles différences impliquerait un management au féminin ?

La touche féminine ou le management de demain

Interviewées, la plupart des femmes dirigeantes reconnaissent que c’est leur manière de communiquer qui les différencie. Une communication dont les codes leur ont été inculqués par l’éducation, par les mœurs et par ces a priori qui leur font douter de leurs capacités. Et si finalement le cloisonnement des rôles hommes/femmes dès le plus jeune âge devenait un avantage pour les femmes dirigeantes ?
En effet, leur éducation n’incite pas les femmes à s’intéresser autant que les hommes au pouvoir et au caractère honorifique d’un poste à responsabilités. Elles se disent ainsi le plus souvent davantage intéressées par l’équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. Elles témoignent ainsi d’une capacité à la diplomatie, à l'écoute, à l'échange et à la remise en question beaucoup plus développée que chez les hommes. Elles savent donc, mieux qu’eux, se remettre en question dans l'intérêt de l'entreprise et dans l'intérêt général, tout en sachant se montrer fermes et autoritaires.

Il existe donc bien un management typiquement féminin, dont les actes et les comportements sont directement liés à l’éducation, aux coutumes et mœurs des femmes dirigeantes. Et qui se traduit par une propension à la collaboration et à la participation, tout particulièrement propices à l’innovation. S’il est bien différent, reste maintenant à savoir si le management au féminin est plus efficace.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Quelles sont pour vous les différences du management au féminin ? Le considérez-vous comme plus efficace?