La RSE échapperait-t-elle aux effets de mode ?

Depuis la crise de 2008, la notion de RSE est en plein développement ? Mais elle semble en réalité être une tendance lourde qui trouve ces racines dans le XVIIIème siècle.

Une société bouleversée

La société a depuis la crise de 2008, engagée ses mutations avec une plus forte expression de ce qu’elle veut ou ne veut plus, de ses attentes, de ses exigences, traduites par une distanciation de plus en plus forte entre les citoyens d’une part, et les systèmes financiers classiques d’autre part.

Face à cela, comme dans tous contextes historiques de perturbations des équilibres économiques, de nouveaux modèles de management apparaissent, même si leurs auteurs se défendent de les promouvoir comme tels, s’agissant par exemple du concept d’entreprise libérée, mais de quoi l’entreprise serait-elle réellement l’otage d’ailleurs ? D’un manque de confiance envers les salariés, ou de leur manque de mobilisation ?

On lit également beaucoup de publications, et les médias s’emparent maintenant de ces sujets émotionnels, sur le bien-être au travail et même sur le bonheur au travail.

Nous commenterons ultérieurement ce concept d’entreprise libérée. Car pour diverses raisons, que nous recueillons de notre expertise du terrain managerial, celui-ci n’est ni facilement duplicable, ni universel, et n’est donc effectivement pas un modèle.

Mais ses défenseurs ont le grand mérite de questionner les pratiques et les organisations, d’interpeller sur les postures, le poids ou les dérives du contrôle hiérarchique, d’appeler les gouvernances d’entreprise à mieux intégrer d’une part les idées et d’autre part les attentes des salariés dans les dimensions politiques et stratégiques.

Or, par la nécessité de sécuriser leur rentabilité et de maintenir leur compétitivité, donc souvent de revisiter leur stratégie, les actionnaires et administrateurs des grandes entreprises ont, pour la plupart, pris conscience de cette nécessité d’adapter leur projet, en intégrant cette fois un périmètre social.

La RSE, vraie tendance ou effet d'aubaine ?

Du thème général de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE), on peut produire le sentiment d’une mascarade, d’un effet d’aubaine marketing, d’une réponse aux appels exacerbés du dialogue social, ou d’un outil de différenciation et d’image.

Mais le fait de s’interroger et de faire émerger un engagement de responsabilité sociale par l’entreprise, permet là aussi de réinterroger les pratiques et de se questionner sur les adaptations nécessaires aux évolutions sociologiques, aux attentes et aux prises de position des salariés, aux exigences des nouvelles et des futures générations, et finalement sur leurs capacités à contribuer à nouveau aux objectifs et résultats attendus.

Car, ne soyons pas naïfs… Il ne s’agit pas de remise en cause des structures économiques dans leur système capitaliste. Notre propos n’est pas de porter une réflexion sur ce système.

Mais il s’agit d’une indispensable adaptation, d’une vision nouvelle de l’entreprise : pour la maintenir en activité optimisée ou pour la projeter dans l’avenir.

Certes, la RSE n’est pas une nouveauté en soi : les initiations d’investissements responsables dès le XVIIIème siècle et largement promus avec la crise de 1929, l’Innovation Sociale, alors considérée comme une "Utopie" et initiée par Jean-Baptiste Godin avec son fameux "familistère" dès le XIXème siècle , ou le paternalisme d’entreprise des années 50, ont été précurseurs de biens des actions sociétales.

Mais si la mise en œuvre de telles politiques répond à des valeurs à la fois libérales et humanistes, nous pouvons certainement nous féliciter et conclure qu’arrive enfin, après plus de 10 ans de balbutiements sur le terme de RSE, et 8 ans après la début de la dernière crise, une réelle Reconsidération du progrès social de l’entreprise, depuis son niveau de décision le plus élevé.