Les télétravailleurs, future majorité ?

25 % des managers sont aujourd'hui concernés par le management à distance. Ils seront beaucoup plus nombreux dans la prochaine décennie car 50 % des emplois pourront s'effectuer chez soi en 2030. Conséquence : un véritable changement culturel.

La première transformation importante de ces deux dernières décennies s'appelle la mondialisation. La planète est devenue un village selon l'affirmation celèbre de Marshall Mac Luhan. Face à cette réalité, les entreprises multinationales ont été les premières à mettre en place un management à distance. La globalisation de l'économie impacte aussi des entreprises de taille plus modeste car les marchés sont devenus mondiaux et il est indispensable d'être représentés localement.

Par ailleurs, le travail devient "offshore"  et des bureaux sont délocalisés dans des pays où le coût du travail est moindre (Europe de l'Est, Sud Est asiatique, Irlande,...). Selon l'INSEE, Les 2 500 groupes français internationalisés (hors secteur bancaire) employaient déjà en 2014 davantage de salariés hors de France (4,7 millions) que dans l'Hexagone (4,2 millions),

Un autre évolution majeure de l'entreprise est l'émergence d'un nouveau modèle économique : l'économie du savoir et de la connaissance. La matière première n'est plus l'énergie (atome, électricité ou charbon) mais l'information. Seulement 20 % des travaillleurs sur la planète suffisent pour nourrir et équiper la population mondiale. De ce fait, de nombreux emplois industriels disparaissent chaque année dans les pays occidentaux et ce phénomène va se poursuivre avec notamment l'automatisation.

Dans un tel contexte, l'innovation des produits et services devient plus déterminante pour la survie d'une entreprise que la productivité. Le capital humain est plus précieux que le capital matériel ou financier. La clé de la réussite s'appelle l'innovation et ces firmes savent qu'elles ne peuvent exister que dans une économie de réseau. L'entreprise ne peut plus vivre en vase clos. Elle doit s'ouvrir sur son environnement et mettre en oeuvre des démarches de coopération. Cette nouvelle donne confère à la transversalité et au management à distance une importance accrue au regard des pratiques antérieures.

L’atout concurrentiel d'une innovation, quelque soit sa portée, a une durée de vie limitée. Ce qui s'appréciait en années s'évalue aujourd'hui en mois. La compétitivité  nécessite des alliances et des rapprochements que vont mettre en musique les technologies de l’information et de la communication. Le pilotage en mode projet fait que de nombreux salariés se retrouvent à devoir se partager sur plusieurs missions et à se retrouver physiquement à distance de leur hiérarchie. Les missions transversales favorisent fortement cette déconnexion physique entre le lieu du travail et le rattachement hiérarchique. 

L’explosion des moyens de télécommunication (téléphone portable, messagerie,…) et les nouveaux outils du Web 2.0 font basculer  la contrainte physique et temporelle. Il représente évidemment aujourd'hui un vecteur essentiel du développement de la mobilité et du télétravail.

La concurrence n'a jamais été aussi vive et le secteur privé vit des regroupements stratégiques tandis que le secteur public doit pour sa part envisager une démarche similaire pour des questions liées à la taille critique. Les économies d'échelle se traduisent par des réductions de coût et la mutualisation des ressources favorisent aussi la réponse technique à des besoins de plus en plus complexes à satisfaire. Ces dernières années, nous avons connu une grande vague de réorganisation de ce type au sein des administrations et organisations consulaires (chambres de commerce et d'industrie, Chambres d'Agriculture). La dernière en date en 2016 concerne la réforme territoriale avec le passage de 22 à 16 régions.

Toutefois, soyons clair ce choix du travail à distance n'est pas toujours subi et il peut faire aussi l'objet d'un choix de vie. C'est là qu'intervient le télétravail qui connaît ces dernières années un développement exponentiel. Aujourd'hui, le nombre de salariés impliqué dans le télétravail s'élève à 17 %, il n'était encore qu'à 9 % il y a 3 ans seulement. Les administrations après une période de test ouvre cette possibilité aux fonctionnaires sous la pression du corps social. Le télétravail n'est plus perçu comme un risque mais comme un droit. Il va être essentiel de réussir cette mutation car les enjeux sont nombreux et qu'ils seraient impossible de revenir en arrière.