Gilets Jaunes : le point de vue d'un Handipreneur

L'expertise d'un entrepreneur handicapé en contact avec le terrain de l'exclusion sociale.

Je m’appelle Jean-philippe Murat et je suis ce qu’on appelle un handipreneur. Victime d’un accident domestique il y a 10 ans et auparavant entrepreneur a succès, j’ai dû me ré inventer et à cette occasion j’ai découvert l’extrême précarité des personnes handicapés qui sont parmi les "gilets jaunes" ceux qui sont aujourd’hui les moins visibles.

Car les chiffres sont là, implacables. un demi million de personnes handicapées inscrites à Pôle Emploi, soit un taux de chômage 2 fois supérieur aux personnes valides. Une augmentation de 37% de demandeurs d’emploi handicapés depuis 2012 et 2,2 fois plus de demandeur d’emploi handicapé depuis la mise en place de la Loi de 2005.  Sur plus de 9 millions de Français proche du seuil de pauvreté, 1 million d’entre eux sont des personnes en situation de handicap !

En partant de ce constat et de cette population que je connais bien et parce que ma première casquette est celle d’entrepreneur de terrain reconnu pour mon expertise dans les mécanismes de l’entreprise et de la fiscalité, j’aimerai formuler les propositions suivantes qui pour certaines rejoignent les préoccupations du mouvement et pourraient surtout rendre de la paix sociale et redonner du pouvoir d’achat à l’ensemble des Français.

  • Rehaussement de l’AAH (Allocation Adulte Handicapé) à hauteur du seuil de pauvreté monétaire soit 1026 euros nets par mois pour les personnes handicapées.
  • Rehaussement de 3 à 5% des salaires de tous les français actifs qui touchent moins de 1900 euros nets par mois. Comment y parvenir ? En baissant les cotisations sociales entre le net et le brut ce qui créera un effet de levier immédiat sur le pouvoir d’achat. Comment sera -t-il financé ? En répondant de manière constructive et pragmatique à la main tendue par Edouard Philippe via les trois mois de concertation proposés pour établir un nouveau pacte social et une simplification fiscale. 
Mais également :
  • Rehaussement d’un à deux points de la TVA qui est un impôt plus juste  et qui sera compensé par une « baisse de TVA » sur les produits de première nécessité qui passerait à 5,5%.
  • Imposition des Gafa, avec une taxe de 3% sur les bénéfices.
  • Augmentation du taux d’imposition des grands groupes de 8% à 15%.
  • Rétablissement de l’ISF ou optimisation de l’IFI.

Je n’ai pas ici la prétention de me substituer au gouvernement dans la conduite des affaires du pays. Mais s’il était nécessaire de le démontrer, on peut être un petit patron, installé à Rodez, dans ces zones coupées parfois des services publics, être qui plus est tétraplégique par un accident de la vie et garder toute la lucidité et l’esprit de changement pour permette que survive le modèle social français que le reste du monde nous a longtemps envié.