Qui se cache derrière I4emploi, le hashtag qui permet de trouver un CDI ?

Qui se cache derrière I4emploi, le hashtag qui permet de trouver un CDI ? Recruteurs et demandeurs d'emploi peuvent se rencontrer sur Twitter grâce à ce hashtag animé par une équipe d'influenceurs bénévoles.

Et si rechercher un travail grâce à un site d'emploi était ringard en 2016 ? Désormais, le réseau social au petit oiseau bleu tend à devenir the place to be. Si vous êtes familier de Twitter, vous êtes surement déjà tombé sur le hashtag I4emploi qui accompagne des candidatures de personnes plus ou moins chevronnées en recherche d'un poste. Et si vous avez le sentiment de le rencontrer de plus en plus souvent, c'est normal tant il devient viral. Mais quel est son fonctionnement et son efficacité et surtout, qui est à la manœuvre ?

"Nous sommes une quinzaine de bénévoles à administrer le hashtag. Employés, cadres, recruteurs, nos parcours sont divers"

L'histoire commence en 2015… dans le village de Meymac, en Corrèze, où la fermeture d'une usine pharmaceutique laisse alors 35 personnes au chômage. Un désastre pour le député européen de la région Jean-Pierre Audy, qui a relayé l'information sur Twitter. Alban Jarry, cadre du secteur privé, blogueur et influenceur qui revendique plus de 46 000 followers relaie le post du député en l'accompagnant du hashtag I4emploi. "Dans mon esprit I signifiait influenceur. L'idée était de mobiliser, de sensibiliser le grand public pour aider l'usine à trouver un repreneur ou permettre aux salariés victimes de licenciement de retrouver un emploi", se souvient l'initiateur du mouvement.

Très vite, le hashtag a dépassé le cadre des salariés corréziens pour s'étendre à tous les demandeurs d'emploi, grâce à une procédure simple. Il suffit de twitter son message, de l'accompagner d'un CV en illustration, d'apposer le hashtag puis d'attendre que la viralité fasse son travail. Plus de 2 000 personnes influentes (recruteurs, spécialiste d'un secteur d'activité…) se chargent ensuite de répandre l'information. Toutefois, certaines règles sont à respecter pour espérer voir son annonce reprise : être en quête d'un CDI et non d'un stage, une alternance ou une mission de freelance et lier son annonce à un profil sur un réseau social professionnel afin de permettre au recruteur potentiel d'avoir une vue d'ensemble du candidat.

La marque I4emploi a été déposée pour qu'elle ne soit pas monétisée

Si les personnes utilisant le hashtag ont des questions particulières, le collectif I4emploi, joignable par message privé sur Twitter uniquement, peut apporter des réponses. "Nous sommes une quinzaine de bénévoles à administrer le hashtag. Employés, cadres, recruteurs, nos parcours sont divers", explique Alban Jarry. "Par mail, via la messagerie du compte officiel du collectif I4emploi, nous pouvons répondre à certaines questions techniques ou pratiques et aider à optimiser l'annonce. Mais comme nous faisons ça en plus de notre vie familiale et professionnelle, nous ne sommes pas disponibles par téléphone et il nous est difficile de faire une aide individualisée et de long terme", précise-il.

I4emploi fonctionne donc de manière informelle. Alban Jarry et ses acolytes ne souhaitent ni obtenir le statut d'association qui pourrait donner droit à des subventions, ni concurrencer les professionnels du recrutement.

Toutefois, ils ne souhaitent pas que le hashtag soit utilisé par d'autres acteurs dans un but mercantile. C'est la raison pour laquelle le collectif à déposé comme marque le terme I4emploi pour qu'il ne soit pas monétisé. Il faut dire que depuis sa mise en place, le bouche à oreille fait son travail et l'engouement est au rendez-vous.

Recruteurs et demandeurs séduits

Margaux a été diplômée en marketing digital à Sup de Pub en 2016. Comme beaucoup de jeunes diplômés, son entrée sur le marché du travail n'a pas été un long fleuve tranquille : "En mars, j'ai véritablement commencé à chercher du travail de manière classique. J'ai activé les réseaux de mon école, j'ai remis à jour mes profils LinkedIn et Viadeo, envoyé des candidatures en passant par des sites classiques… En vain".

Certains posts comme celui de Margaux sont retwittés plus d'une centaine de fois. © Twitter

Le salut est venu du fameux hashtag. "Je voyais passer dans mon fil d'actu des candidatures accompagnées de I4emploi. Elles étaient abondamment relayées donc j'ai décidé de faire pareil au mois d'août". Un jeu d'enfant pour la jeune femme rompue aux codes des réseaux sociaux. Margaux a posté son CV dans les règles de l'art et les résultats ne se sont pas fait attendre. "Mon post a été retwitté 183 fois. J'ai très vite été contactée par mon actuel employeur, un cabinet de recrutement lyonnais où je travaille désormais comme chargée de communication. Grâce à I4emploi, j'ai donc trouvé un CDI en trois jours", se réjouit la jeune diplômée.

Si l'histoire est belle, elle n'est pas un cas isolé. Selon Alban Jarry, plus de 500 personnes ont déjà fait appel à ce hashtag. Et près d'une centaine ont dejà retrouvé du travail, qu'il s'agisse d'un profil junior ou d'une personne confirmée. "Il est statistiquement difficile de savoir si cela est uniquement lié à Twitter. Mais ce qui est certain, c'est que le hashtag est un accélérateur et qu'il est de plus en plus consulté par les recruteurs".

"Grâce à I4emploi, j'ai trouvé un CDI en trois jours"

C'est par exemple le cas de Virginie Graziani qui dirige Apostrof, le cabinet de recrutement où travaille Margaux : "Sur la fiche de poste de mon futur chargé de communication, je demandais une très bonne maîtrise des réseaux sociaux. C'était plus difficile à trouver que ce que je pensais. J'ai donc fait mon recrutement directement à la source, c'est à dire sur Twitter".

I4emploi serait donc une place de rencontre qui permettrait aux employeurs de faire leur marché en contournant les intermédiaires traditionnels que sont les sites d'offre d'emploi ou les cabinets de chasseurs de tête ?  

"C'est tout à fait le cas", répond Caroline Bettini, DRH de Groupe Revue Fiduciaire, une société qui compte plus d'une centaine de collaborateurs. "C'est un excellent moyen d'accéder à des ressources qualifiées telles qu'un spécialiste du data mining ou un rédacteur spécialisé. Le hashtag regorge de personnes dynamiques et volontaires. Il favorise la collaboration et la bienveillance. Si je cherche un salarié, je sais où le trouver", témoigne la cadre dirigeante qui a rejoint la société en février… grâce à I4emploi.

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