Recrutement participatif : ces start-up vous transforment en chasseur de tête

Recrutement participatif : ces start-up vous transforment en chasseur de tête Des jobboards rémunèrent les particuliers qui font remonter des candidatures. Cette technique, qui permet de recruter rapidement et à peu de frais, séduit start-up et grands comptes.

Etre rémunéré pour convaincre un proche de candidater à une entreprise qui finira par le recruter, tel est le principe du recrutement participatif, une technique qui consiste à constituer des communautés de chasseurs de tête. Ceux-ci aiguillent des amis ou des connaissances vers des entreprises ou des cabinets de recrutement intéressés par leurs profils et reçoivent une récompense matérielle si le recrutement aboutit. Ce système, également connu sous le terme de recrutement par cooptation, est fréquemment utilisé par les entreprises en quête de compétences rares.

Depuis quelques années, le système s'est digitalisé grâce à certaines start-up de la e-RH comme RolePoint, Cooptime, PathMotion ou encore MyJobCompany, qui fait figure de pionnier et de leader francophone du secteur en termes de salariés (une trentaine) et de chiffre d'affaires. Cette start-up, qui a des bureaux à Paris, Bordeaux et Luxembourg, existe depuis 2012. "A l'origine, je dirigeais un cabinet de recrutement traditionnel. J'observais que tous les meilleurs recrutements passaient par de la cooptation. J'ai voulu digitaliser et massifier cela", explique Grégory Herbé, fondateur et dirigeant de MyJobCompany, avec Cédric Cohen-Lemberg et Boris Sirbey.

100 000 coopteurs sont inscrits sur MyJobCompany © MyJobCompany

Le concept développé par MyJobCompany est simple et original. Prenons le cas d'une entreprise qui recherche un salarié en CDI. Si elle confie le recrutement à MyJobCompany, elle envoie une annonce traditionnelle. Mais celle-ci n'apparaît pas sur le site, qui n'héberge aucune annonce. "Notre approche est totalement différente. Nous envoyons l'annonce à notre réseau de 100 000 coopteurs qui reçoivent un simple e-mail. Ce sont eux qui se chargent de nous faire remonter les candidatures les plus intéressantes". Celles-ci sont par la suite examinées par dix talent manager qui s'occupent de qualifier les candidatures et d'envoyer une short-list aux clients. "Ainsi, ils ne passent pas des heures à sourcer un profil, ce qui fait gagner du temps et de l'argent à tout le monde", estime Grégory Herbé dont les affaires sont florissantes. "Notre croissance est extrêmement rapide. En 2013, notre chiffre d'affaires était de 400 000 euros. Il était de 2 millions d'euros en 2016 et nous prévoyons 4,5 millions en 2017", s'enthousiasme le dirigeant.

Ce dernier est notamment concurrencé par Cooptime, start-up fondée en septembre 2014 par Laura Lombardo et Aurore Crespin. Le modèle économique est le même que celui de MyJobCompany. "Nous recevons entre 7 et 8 offres chaque semaine. Le lundi, nous les envoyons à notre base de coopteurs. En deux semaines, nous recueillons entre 15 et 25 candidatures. Nous envoyons les trois meilleures à notre client. Il s'agit souvent de salariés en poste qui sont en recherche passive donc notre concept permet de s'adresser à une cible trop souvent négligée par les recruteurs", développe Laura Lombardo.

Les clients sont constitués à 30% de grands groupes et à 70% de TPE et de PME

Le système de recrutement participatif se distingue des jobboards traditionnels par sa simplicité d'utilisation : "Nous n'avons pas besoin de poster les offres sur le site. Il suffit juste d'une bonne technique d'e-mailing pour envoyer les offres aux coopteurs. De même, pas besoin mettre le paquet sur le référencement et les mots-clés pour faire en sorte que les offres soient vues", se réjouit Grégory Herbé. "En somme nous industrialisons la cooptation qui est en vigueur dans les cabinets de recrutement traditionnels", poursuit Laura Lombardo.

Cette efficacité et cette simplicité d'utilisation séduisent des entreprises variées. Chez Cooptime comme chez MyJobCompany, les clients sont constitués à 30% de grands groupes et à 70% de TPE et de PME. "Parmi nos clients nous comptons Amazon, Prime Minister et Monoprix. C'est également nous qui avons recruté les commerciaux de Tesla France", souligne Grégory Herbé. De son côté, la solution développée par Laure Lombardo et Aurore Crespin a séduit Décathlon, Mauboussin ou encore Nexity.

MyJobCompany recrute des commerciaux pour Tesla et des boulangers pour Monoprix

Le recrutement participatif permet d'attirer tous types de salariés. "Nous tirons notre épingle du jeu sur des profils en tension et difficiles à sourcer comme les commerciaux ou les professionnels de l'IT", note Laura Lombardo, qui fait remarquer que le recrutement participatif s'adresse à tous les métiers et tous les types de contrats de travail. Ainsi, MyJobCompany a recruté des boulangers pour Monoprix. Depuis quelques mois, la start-up a trouvé une nouvelle mine d'or : "Nous avons lancé fin 2016 une offre conçue pour les freelances. Cela marche très bien car c'est un secteur dans lequel la cooptation est très forte", constate Grégory Herbé.

Autre atout : le prix. Selon les entrepreneurs interrogés, faire appel à une start-up spécialisée dans le recrutement participatif permet de faire de sérieuses économies. "Nous sommes 30% moins cher qu'un cabinet de recrutement traditionnel. MyJobCompany prend une commission de 5 000 euros sur un salaire annuel de 50 000 euros", explique Grégory Herbé. Même son de cloche du côté de Cooptime, qui facture de la manière suivante : poster une annonce coûte 700 euros et la commission s'élève à 14% du salaire annuel du candidat. Dans les deux cas, la somme versée prend en compte l'incentive du coopteur.

Pour mener à bien une stratégie de recrutement participatif, il est indispensable de recruter et de payer des coopteurs volontaires. MyJobCompany en revendique 100 000 tandis que Cooptime en recense 20 000 dans sa base de données.

Les coopteurs sont recrutés par bouche à oreille. Il n'est pas nécessaire de mener des campagnes de recrutement ou d'inonder les réseaux sociaux de messages. "Un coopteur partage ses bons plans avec des amis et des collègues. Lorsqu'il est rémunéré, il en parle autour de lui ce qui permet de convertir de nouveaux venus".

Les coopteurs peuvent gagner jusqu'à 1 000 euros par recrutement

Il faut dire que les récompenses délivrées par MyJobCompany et par Cooptime peuvent faire des envieux. Chez le leader du marché, les coopteurs sont payés de la manière suivante : 50 euros si le candidat recommandé passe un entretien, 500 euros s'il est recruté à un poste dont le salaire est inférieur à 50 000 euros et 1 000 euros si le salaire est supérieur à cette somme. Depuis 2012, un tiers de la base a déjà reçu un versement. Du côté de la start-up fondée par Laura Lombardo et Aurore Crespin, si le candidat recommandé est recruté, le coopteur reçoit un chèque ou un virement d'un montant moyen de 700 euros, une somme qui varie selon le type de poste et le niveau d'ancienneté.

Des sommes conséquentes propres à attirer des "chasseurs de prime", c'est-à-dire des coopteurs qui passent du temps à sourcer afin de se verser un véritable salaire régulier ? "Pas du tout. Selon nos sondages internes, pour 80% de nos membres, la volonté d'être utile prime sur l'appât du gain. Il faut dire que nos coopteurs sont plutôt des CSP+ à fort pouvoir d'achat", affirme Grégory Herbé.

Même observation du côté de Cooptime : "Les études que nous menons auprès de nos coopteurs révèlent que ce n'est pas l'argent mais la volonté de se sentir utile qui incite à recommander. C'est pourquoi nous donnons la possibilité de reverser tout ou partie de la prime à des associations qui luttent contre le cancer, l'autisme ou qui visent à améliorer la condition des enfants hospitalisés. Un gros tiers de nos membres fait un don".