Gérer un conjoint qui travaille trop Faire le bon diagnostic : débordé ou work addict ?

Boucler un gros dossier, préparer une réunion extrêmement importante, gérer une fusion de deux sociétés ou ne serait-ce que l'organisation d'un salon... On peut être amené à travailler jour et nuit pendant quelques temps pour respecter les échéances. Même si ce n'est pas recommandé, cela arrive et cela ne remet pas en cause fondamentalement l'équilibre de la vie de couple. Mais lorsque ces débordements deviennent le quotidien de la vie de famille, cela peut poser de sérieux problèmes. Certaines personnes, hommes ou femmes, vivent une véritable addiction au travail. Les psychologues parlent de "work addicts" ou "workaholics".

Les indices d'un comportement d'addiction au travail

Un conjoint qui ne décroche pas de son travail, qui réalise sa troisième demi-journée de travail le soir, qui ne s'accorde plus de week-end, ni de vacances, a tous les symptômes du "work addict". "Il ne voit pas d'intérêt à prendre du temps pour lui, il ne parle que du travail, se ferme sur lui-même, annule les sorties entre amis pour travailler. Il sacrifie ainsi sa vie personnelle, familiale et amicale", détaille Marc Dumas, auteur du livre "Vie personnelle et vie professionnelle : vers un nouvel équilibre dans l'entreprise ?". A ce stade, il s'agit donc d'un déséquilibre chronique.

"Le work addict n'est plus du tout créatif, il ne peut plus travailler en équipe."

La différence entre une personne qui a été débordée par un projet et un work addict réside notamment dans la reconnaissance du sacrifice réalisé. "Lorsqu'un cadre se voit contraint de travailler nuit et jour pour boucler un projet de nouvelle organisation de la production par exemple, ce pic d'activité est lié à une demande de la société. Très généralement l'entreprise reconnaît cet effort par la suite et va octroyer des vacances, des récupérations", indique Marc Dumas. A contrario, le "work addict" se met lui-même la pression.

Les risques de l'addiction

Le work addict encourt de sérieux risques de santé, tant du point de vue physique que moral, du fait d'un épuisement total. Et de façon contradictoire, force est de constater que sa performance dans son travail en pâtit. "Il n'est plus du tout créatif, il ne peut plus travailler en équipe. Il n'est plus présent aux réunions, qu'il considère comme une perte de temps. Il voue un culte à la performance, à ce qui peut être mesuré, mais ne passe pas de temps sur le qualitatif", décrit Marc Dumas. C'est finalement quelqu'un qui à terme, finira par quitter l'entreprise. Ce qui représente alors un drame pour lui qui a tout sacrifié au travail.

Il est essentiellement de reconnaître ces symptômes car ils nécessitent un vrai suivi thérapeutique. Une démarche de consultation en couple peut alors constituer une porte d'entrée.