Pierre-Olivier Bouché (Eurosport) "Nous donnons la priorité au mobile pour accompagner notre audience dans ses nouveaux usages"

Le directeur du contenu et des rédactions digitales du média spécialisé dans le sport évoque les projets du groupe en matière de mobile, vidéo ou publicité.

JDN. En quoi le digital est-il important pour un groupe média comme Eurosport ? 

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Pierre-Olivier Bouché, directeur du contenu et des rédactions digitales © Eurosport

Pierre-Olivier Bouché. Le digital est extrêmement important pour notre groupe puisqu'il est parfaitement complémentaire de notre offre TV. Ce n'est pas nouveau, puisque le département a été lancé il y a près de 15 ans et n'a cessé depuis de se développer. Le site se décline aujourd'hui en 11 langues, pour une quinzaine de versions nationales, et est alimenté par une équipe de 80 journalistes répartis dans différentes villes telles que Londres, Munich ou Milan. Chaque rédaction produit de l'information sportive répondant aux attentes locales : toujours du football, mais également du cricket en Angleterre ou du rugby en France par exemple. Ajoutez à ces journalistes, des fonctions supports telles que le développement, l'ingénierie, le marketing et la communication, qui sont occupées par environ 50 personnes.

Votre offre digitale est 100% gratuite ?

Non, notre activité digitale se structure autour de deux branches : les informations sportives, financées par la publicité, et Eurosport Player, l'extension de l'antenne, à laquelle les internautes peuvent s'abonner pour 3,90 euros par mois. Le Player permet de suivre l'antenne en direct ainsi que de nombreux services bonus et s'adresse à ceux qui veulent s'abonner à Eurosport en utilisant les nouveaux écrans (web, mobile, tablette, TV connectée). Un exemple : lors de l'Open d'Australie, la chaîne de télévision propose un match en particulier, le plus souvent l'affiche. Le Player permet de regarder le match de son choix.

Qu'en est-il de vos audiences ?

L'audience de nos sites s'établit en janvier à 21 millions de visiteurs uniques selon Comscore. Cela nous positionne comme le numéro un de l'actualité sportive en Europe. Nos sites sont ainsi dans les trois premiers de leur catégorie dans tous les pays, comme en France où Eurosport.fr est le numéro 2 derrière l'Equipe.fr. Le mobile ne cesse quant à lui de progresser et représente plus de 30% de notre audience. Dans certains pays comme l'Italie, il réalise même plus d'audience que le Web fixe. La France devrait basculer également d'ici la fin 2013.

Qui gère la commercialisation de ces inventaires ?

Notre régie s'occupe de la commercialisation des espaces publicitaires télévisuels et digitaux. De telle sorte que lorsque les annonceurs viennent nous voir, nous sommes instantanément capables de leur proposer une couverture TV + digital. Et c'est d'ailleurs de plus en plus rare que ceux-ci refusent d'être présents sur du digital. Aujourd'hui, on constate que la télévision continue à gagner du temps d'écoute et que, loin de cannibaliser son audience, l'usage des autres supports mobiles explose et s'inscrit en complémentarité, avec du second-écran et de l'usage multi-tasking. C'est ce qui permet à un groupe média comme le nôtre d'accompagner les gens en permanence. Via leur ordinateur au bureau, leur mobile et tablette dans les transports et la télévision, chez eux. C'est aussi cette continuité dans la couverture d'une cible que recherchent les annonceurs.

Quels seront vos principaux défis et objectifs en 2013 ?

Nous avons un crédo très fort : "mobile first". Plus que jamais nous allons penser notre stratégie digitale à l'aune du mobile pour accompagner notre audience dans ses nouveaux usages. Nous allons tâcher de structurer notre offre vidéo de façon à proposer un maximum de contenus dans un format vraiment pensé pour le Web, qu'il s'agisse du ton ou du rythme. Nous avons déjà lancé une dizaine de formats de ce type, à l'instar du Mercato Buzz qui reprend l'actualité des transferts footballistiques dans des vidéos de 2 minutes. Il s'agit de surfer sur les usages, encore une fois, avec des contenus propices à la consommation "snacking". Il s'agit aussi, bien sûr, de satisfaire les attentes de nos annonceurs qui sont très friands de genre de formats.

Vous n'avez pas mentionné les réseaux sociaux. Pourquoi ?

Bien sûr que nous suivons ce volet avec attention. D'ailleurs nous avons la chance de surfer sur une belle croissance, avec près de 2,1 millions de fans, sur notre page, Eurosport. Facebook est un bassin d'audience que nous suivons avec attention car il nous apporte du trafic et nous permet de travailler notre affinité avec l'internaute grâce à des publications intéressantes pour lui. Sur Twitter, on va être plus dans l'instantanéité, avec du commentaire live. A chaque plateforme son approche. Et pour toute un même objectif : créer de l'engagement.  Tout ceci sert le propos de la marque, dès lors que la communication est bien contrôlée et que la marque a bien défini ses objectifs.

Diplômé de l'EM Lyon en 2001, Pierre-Olivier Bouché débute sa carrière en tant que journaliste pour le site sport24.com, couvrant l'actualité sportive. En 2005, il rejoint les Editions Fleurus dans un rôle d'éditeur sur les thématiques jeunesse, cuisine et sport. En parallèle, il est en charge de l'activité corporate du groupe, qui édite des livres sur mesure pour les entreprises. Fin 2008, il démarre chez Eurosport au sein du département nouveaux média en tant que chef de produit éditorial. En 2010, il prend la direction du contenu et des rédactions digitales, dont le rôle est de produire de l'information sportive en temps réel pour tous les supports (web, mobile, tablettes).