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ACTEURS |
Procès Oracle / PeopleSoft : l'insoutenable attente |
Après plus de 100 heures de procès, 40 témoins et 800 pièces au dossier, le verdict du procès anti-trust n'est pas attendu avant septembre. Revue de détail des principaux arguments échangés.
(02/08/2004) |
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En savoir plus |
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Dossier ERP |
La date n'est pas encore fixée avec précision, mais le jugement du procès Oracle / PeopleSoft devrait intervenir en septembre prochain, peut-être fin août. Après quatre longues semaines de procès, soit 100 heures, où chaque partie a exposé devant le Département de la Justice Américain (DOJ) ses arguments, appelé à la barre ses témoins (40 en tout) et présenté ses pièces au dossier (800 au total), aucune tendance ne semble se détacher franchement, laissant dans l'incertitude la plus complète les différents intéressés de cette OPA hostile de 7,7 milliards de dollars.
Au coeur des débats, de très nombreux points ont été soulevés, laissant filtrer au passage de précieuses informations sur certains pourparlers, liés par exemple aux projets avortés de fusion entre Microsoft et SAP en 2003 (lire l'article du 08/06/2004) ou entre les deux protagonistes du procès actuel, Oracle et PeopleSoft, en 2002 (lire la brève du 29/06/2004).
Le premier sujet de polémique a été de savoir si les trois premiers éditeurs de progiciels de gestion intégrés au monde - SAP, PeopleSoft et Oracle - sont en quelque sorte les trois plus sérieux acteurs - sinon les seuls - à pouvoir fournir aux très grosses sociétés américaines des applications telles que la gestion des ressources humaines et la gestion financière jugées "critiques" par le DOJ.
Selon le DOJ, c'est le cas et si le rachat de PeopleSoft par Oracle venait à se concrétiser, les clients seraient - deuxième sujet de polémique - les premiers à en faire les frais, du fait notamment d'une augmentation des prix et d'une baisse de la qualité des produits qui ne manqueraient pas de survenir.
Entre 50 et 100 millions de dollars de facture pour DaimlerChrysler en cas de changement d'ERP |
Le DOJ a ainsi fait témoigner le constructeur automobile DaimlerChrysler pour qui la facture s'élèverait à une fourchette allant de 50 de 100 millions de dollars s'il devait remplacer PeopleSoft, au cas où le progiciel viendrait à être négligé par Oracle. Les sociétés Nextel Communications et Verizon Communications ont témoigné dans ce sens. Cox Communications a, de son côté, estimé que sa récente décision de faire passer son progiciel financier (PeopleSoft) à la version supérieure lui aurait coûté entre
1 et 2 millions de
dollars de plus si PeopleSoft et Oracle n'avaient pas été rivaux.
Oracle, pour sa défense, a tout d'abord affirmé que les logiciels PeopleSoft continueraient à être maintenus pendant au moins une décennie en cas de rachat. Il a ensuite soutenu que le marché ne se résumait pas à trois acteurs, faisant intervenir l'éditeur Lawson Software notamment, devant lequel Oracle et PeopleSoft ont a plusieurs reprises perdu des contrats de plus d'un million de dollars, dans le secteur de l'éducation.
Oracle a aussi rappelé que Microsoft était un acteur du marché non négligeable, les négociations avec SAP prouvant ses velléités d'expansion. Il a également cité l'éditeur AMS (American Management System, racheté par CGI) comme acteur de poids, notamment dans le secteur gouvernemental.
Une segmentation du marché par le DOJ "chaotique" selon Oracle |
Oracle a par ailleurs contesté le fait que les logiciels édités par SAP, PeopleSoft et lui-même soient stratégiques ("high function") selon le DOJ, qualifiant de "chaotique" cette segmentation du marché.
Larry Ellison (lire le portrait du 01/03/2004), fondateur et PDG d'Oracle, a déclaré lors du procès que l'OPA n'avait pas pour but de dominer le marché ou de détruire un concurrent, mais de garder sa société compétitive dans un marché difficile.
Si l'opération se réalise, elle devra encore être acceptée par les actionnaires de PeopleSoft et se verra confrontée à la pilule empoisonnée concoctée par PeopleSoft, qui aura pour conséquence de diluer les actions de ce dernier de 20%...
En cas d'échec, Oracle pourra faire appel, ce qui aura pour effet de prolonger l'incertitude que l'OPA fait actuellement peser sur les clients - et les comptes - de PeopleSoft (lire l'article du 29/07/2004).
Chronologie
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Date
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Evénement
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6 juin 2003
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Oracle lance une OPA hostile de 5,1 milliards de dollars sur PeopleSoft.
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12 juin
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Le comité de direction de PeopleSoft rejette l'offre d'Oracle
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16 juin
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PeopleSoft lance son opération "money-back" pour rassurer ses clients (lire la brève du 21/11/2003)
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18 juin
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Oracle augmente son offre, la faisant passer de 16 à 19,50 dollars par action (lire l'article du 19/06/2003). L'offre vaut 6,3 milliards de dollars.
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20 juin
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Le comité de direction de PeopleSoft rejette l'offre d'Oracle
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30 juin
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Ouverture d'une enquête au DOJ
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10 novembre
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Oracle et un groupe d'actionnaires portent plainte pour contrecarrer le dispositif "money-back" que PeopleSoft a renforcé fin octobre
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12 janvier 2004
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Les autorités de régulation européennes suspendent leur enquête sur l'OPA (lire la brève du 13/01/2003)
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4 février
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Oracle offre désormais 26 dollars par action, faisant passer le coût de l'opération à 9,4 milliards de dollars (lire l'article du 05/02/2004)
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14 mai
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Oracle abaisse son offre à 21 dollars par action. L'OPA ne représente "plus que" 7,7 milliards de dollars (lire l'article du 18/05/2004)
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26 mai
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Le comité de direction de PeopleSoft demande aux actionnaires de rejeter l'offre (lire la brève du 28/05/2004)
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7 juin
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Début du procès à San Francisco, devant le DOJ
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