Le RGI relancé, par la grâce de Microsoft ?

Chantier capital de l'administration d'Etat, le Référentiel Général d'Interopérabilité patinait depuis 6 mois. La normalisation récente du format documentaire OOXML à l'ISO a semble-t-il modifié la donne.

Le dossier du RGI (Référentiel Général d'Interopérabilité) serait sur le point de redémarrer grâce à Microsoft. Ce chantier de l'administration d'Etat, bloqué depuis octobre dernier, doit permettre de poser le cadre méthodologique et technique des projets informatiques de l'administration, donnant des règles de bonne gouvernance, et des indications notamment sur les formats de fichier à utiliser.

Lancé en 2005, le RGI est porté par la DGME (Direction Générale de la Modernisation de l'État). Deux réunions techniques ont déjà eu lieu, la dernière le 12 octobre 2007, afin d'arriver à un document prêt à l'emploi. Depuis, rien. Faute de volonté politique, le référentiel n'a pas été mis en place.

Et voilà que le 16 avril, branle-bas de combat au sein de la DGME, on reparle du RGI et de l'urgence de faire aboutir ce dernier. Marc Meyer, chef de service "Développement de l'Administration Electronique" de la DGME aurait en effet, au cours d'une communication interne, révélé que le chantier du RGI avait été volontairement bloqué, selon nos confrères de LMI. La raison : le document ne reconnaissait jusqu'à présent comme utilisable que le format documentaire ouvert ODF, normalisé à l'ISO sous le terme de ISO 26300.

Le format OOXML de Microsoft lui, jusqu'à très récemment non reconnu comme un standard ISO, n'était pas recommandé par le RGI. Une épine sérieuse dans le pied de l'éditeur américain.

Concomitamment à la normalisation du format documentaire de Microsoft, la DGME relance le chantier du RGI

Mais depuis le début du mois d'avril, OOXML est devenu une norme ISO, la norme ISO 29500, dans des conditions de vote qui ont soulevé la polémique. Au point que la Commission européenne enquête sur le déroulement des votes afin d'y voir plus clair sur les supposées irrégularités.

Pour la France par exemple, l'Afnor (qui représente l'ISO au niveau national) s'est abstenue de voter suite à un retournement de position de dernière minute de la part de la DGE et de la DGME. Ces derniers, jusqu'alors opposés clairement à la normalisation du format OOXML pour des raisons techniques, se sont finalement abstenu, sans justification, à la dernière minute, au grand dam des partisans du non, qui voyaient d'ores et déjà leur position comme officiellement acquise, à tort.

Et voici que concomitamment à la normalisation du format documentaire de Microsoft, la DGME relance le chantier du RGI, qui devrait - du fait de sa normalisation à l'ISO - recommander aux administrations d'Etat l'utilisation du format OOXML, et par voie de conséquence l'utilisation des produits bureautiques Microsoft qui utilisent ce format.

Pour l'heure, la remise en route du chantier RGI reste du domaine de l'officieux. Mais le sujet devrait être mis à l'agenda des prochaines Assises du Numérique voulues par Eric Besson, le nouveau Secrétaire d'Etat à l'Economie Numérique.

Dans un communiqué, Frédéric Couchet, porte parole de l'April, fait le lien entre le vote de l'Afnor, influencé selon lui par "les cabinets ministériels" au détriment des positions des experts de l'administration, et la remise en route du RGI, incluant le format Microsoft. " Le récent vote à l'ISO concernant le format OOXML expliquerait le déblocage du RGI et la mise au même niveau d'OOXML et d'ODF dans les règles du RGI ", précise-t-il.

Pour rappel, la lutte pour la normalisation du format documentaire Microsoft à l'ISO opposait, d'un côté, Microsoft et l'Afdel pour ce qui est de la France, et de l'autre, des entreprises telles que IBM ou Sun, ainsi que les partisans des logiciels libres, qui estimaient que le format ouvert ODF, déjà normalisé en 2006, suffisait à satisfaire le marché.