L'international et l'Europe au coeur de Paris Capitale du Libre

Tables rondes et présentations ont rythmé cette troisième édition qui rassemblait 20 nationalités autour de thématiques allant de la culture de l'Open Source aux grandes tendances du marché mondial.

L'évènement Paris Capitale du Libre accueillait du 24 au 25 septembre les acteurs français, européens et internationaux du secteur des logiciels libres. Pour cette troisième édition, qui comptait selon les organisateurs 2 500 pré-inscrits, l'accent était mis sur la dimension internationale des tables rondes et des présentations, avec des thématiques aussi diverses que la place de l'Open Source aux Etats-Unis et en Europe, les tendances mondiales du logiciels libre, et des invités de 20 nationalités au total.

Alexandre Zapolsky, président de la FniLL (Fédération nationale de l'industrie des Logiciels Libres), organisateur de l'évènement, évoquait au cours de la conférence de presse la tenue de l'European Open Source Think Tank la veille de l'évènement, think tank qui rassemblait des acteurs de taille mondiale, ceci expliquant peut-être le nombre d'invités de marque qui avaient choisi de rester à Paris deux jours de plus pour assister à Paris Capitale du Libre.

Banalisation de la pratique de l'Open Source

Clou de l'évènement, comme chaque édition, la remise des Lutèces d'or récompensait des lauréats dans diverses catégories, et ce en présence d'Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la Prospective, de l'Evaluation des politiques publiques et du Développement de l'économie numérique, auprès du Premier ministre. (Lire à ce propos notre reportage photo "Les Lutèce d'Or 2008 sous le signe de l'international").

Un ensemble de rendez-vous donc, destinés à "démontrer la force du logiciel libre" selon Alexandre Zapolsky. Une force qui gagne également le secteur des éditeurs dits "propriétaires", puisque même Microsoft, longtemps ennemi auto-proclamé des licences libres, annonçait récemment la mise en place d'un programme Open Source au sein de son entreprise, réunissant 2 000 collaborateurs.

Car une des tendances lourdes qui semble se dégager et faire l'unanimité parmi les acteurs présents sur cet évènement, c'est bel et bien la banalisation de la pratique de l'Open Source, et son adoption par un grand nombre d'entreprises, qui y voient désormais une opportunité business pour proposer à des clients de plus en plus informés des produits à un coût intéressant.

"La BI est particulièrement prisée en temps de crise où les clients souhaitent améliorer l'efficacité de leurs business, tout en faisant appel à des solutions Open Source moins chères que des solutions propriétaires classiques" expliquait à ce propos Nick Halsey, de Jaspersoft, spécialiste du Business Intelligence Open Source depuis 2001.

L'Europe, terre fertile pour le développement des logiciels libres ?

Une banalisation en forme de pragmatisme qui semble toutefois plus importante de l'autre côté de l'Atlantique qu'en Europe : "Les logiciels libres y sont encore perçus comme porteurs de valeurs philosophiques plus que commerciales" mentionne l'espagnol Josep Mitjà, de la société Open Bravo qui propose un ERP Open Source.

"Je partage cet avis, mais je crois que l'Union Européenne peut avoir un rôle majeur de promotion de l'Open Source, ne serait ce que par sa capacité de financement de projets" ajoutait le néerlandais Tjeerd Brenninkmeijer, dont la société One Hippo propose un CMS Open Source. Un rôle de place de marché mais aussi de régulation que certains acteurs comme Patrice-Emmanuel Schmitz, d'Unisys, ont mis en avant en rappelant l'existence de la licence EUPL (European Union Public Licence), approuvée par les 27 membres de l'Union le 9 janvier 2007.

L'Europe, terre fertile pour le développement des logiciels libres ? Le débat restait vif entre les différents acteurs concernant la question des opportunités de financement via les Venture Capitalist, qui semblent pour certains bien plus intéressés par des projets de logiciels libres aux Etats-Unis qu'en Europe.

"Je suis choqué que l'on puisse dire que les VCs sont plus présents aux Etats-Unis qu'en France. C'est une vision exagérée. Notre société, Talend, est née en France sur un projet solide et a trouvé des acteurs pour deux levées de fond  et bientôt une troisième, tout ceci en France" répliquait Yves de Montcheuil, de chez Talend. Un avis partagé par Jean-Marie Laisné, de Purple Labs, qui travaille sur un système d'exploitation pour téléphone mobile sous Linux, et dont la société se développe en France et en Europe avec un certain bonheur.

Ce dernier rappelait enfin que dans le secteur de la téléphonie mobile, l'Europe et la France avaient ouvert la voie et établis une position de leadership, notamment sur la question du GSM. Un modèle à suivre pour les logiciels libres ?