Alexandre Dayon : un leader français dans la Silicon Valley

Alexandre Dayon : un leader français dans la Silicon Valley C'est l'un des plus proches collaborateurs de Marc Benioff, le PDG de Salesforce. Impliqué dans la stratégie de l'éditeur, notamment en France, c'est aussi un investisseur discret.

Cette biographie est diffusée dans le cadre de l'élection de la personnalité informatique française 2016, organisée par le JDN.

Alexandre Dayon est très probablement le Français le plus haut placé au sein du secteur IT aux Etats-Unis. Au fil des années, il a su gagner ses galons au sein de Salesforce. Membre du comité de direction du numéro 1 de la gestion de la relation client, il occupe aujourd'hui la stratégique place de Président Produits ( "President and Chief Product Officer"). A ce titre, c'est l'un des plus proches collaborateurs de Marc Benioff, le très charismatique PDG du groupe. Avant d'entrer chez Salesforce, il faut dire qu'Alexandre Dayon a été à bonne école. L'un de ses principaux mentors n'est autre que Bernard Liautaud. Le co-fondateur de Business Objects le recrute à la sortie de Supélec. C'est son premier salarié. Quatre ans plus tard, Business Objects est la première société française à entrer au Nasdaq.

L'un des plus proches collaborateurs... et conseillers de Marc Benioff

Alexandre Dayon quitte BO en 2000 pour fonder Instranet sur le segment des applications de gestion de centre d'appels. En 2008, Instranet est repéré par Marc Benioff qui n'hésite pas à débourser 31 millions de dollars pour racheter la jeune entreprise. Dans le cadre du deal, Alexandre Dayon rejoint Salesforce. L'une des premières missions que lui confie Marc Benioff ? Hisser Service Cloud, dont l'offre Instranet constitue désormais une pièce maitresse, au milliard de dollars de chiffre d'affaires. Cinq ans après, c'est chose faite. Sur l'année fiscale de Salesforce close au 31 janvier 2015, le CA de Service Cloud enregistre pas moins de 1,32 milliard de dollars.

Fort de cette première victoire, Alexandre Dayon devient président Produits en mars 2014. A ce titre, il fait partie du comité de direction du groupe. "Je déjeune avec Marc Benioff une fois par semaine. Nous évoquons les projets et la stratégie produits dont je m'occupe. Nous parlons des ruptures technologiques, des priorités d'investissement, de la manière dont je vois les challenges de l'entreprise", confie Alexandre Dayon. "Marc est quelqu'un qui écoute, et pose beaucoup de questions. Il se challenge énormément par rapport aux autres, que ce soit avec des membres de direction ou d'autres personnes d'ailleurs." Ce que lui a appris Marc Benioff ? "Passer du temps sur l'humain, car c'est l'humain qui fait la technologie et l'innovation".

Un artisan de la stratégie de Salesforce en France

Amoureux de son pays d'origine, Alexandre Dayon s'est assez naturellement impliqué dans la stratégie de développement de Salesforce en France. Un pays dans lequel le groupe investit beaucoup. Il y a ouvert un centre de données en 2015 pour proposer à ses clients hexagonaux un point de présence local. Le siège South EMEA du groupe est aussi historiquement basé à Paris. Enfin, la même année, Salesforce a annoncé un investissement d'un milliard de dollars sur 5 ans en France, notamment en vue de développer son écosystème dans le pays.

La rencontre entre Marc Benioff et François Hollande, en février 2014, représente à elle seule une étape éminemment symbolique de cette stratégie française. Et là encore, Alexandre Dayon a joué un rôle important en coulisses. "Un an avant, j'avais rencontré à Paris Fleur Pellerin [alors secrétaire d'Etat au Numérique NDLR], puis je l'ai reçue chez Salesforce en Californie. Ensuite, j’ai beaucoup travaillé avec le consul de France de l'époque à San Francisco pour préparer cette rencontre, notamment le déjeuner qui a regroupé les grands CEO de la Valley. J'ai aussi déjeuné avec Marc Benioff chez lui pour lui recommander de rencontrer le président", raconte Alexandre Dayon. "Je pense que Marc Benioff et François Hollande se sont vraiment entendus. Vous vous rendez compte, c'est le premier président français depuis François Mitterrand qui venait dans la Silicon Valley."

Pour la France, Alexandre Dayon n'hésite pas à mouiller sa chemise

Quand il s'agit de la France, Alexandre Dayon n'hésite pas à mouiller sa chemise. "Suite aux attentats de Charlie Hebdo qui ont pu être parfois mal décryptés par la presse internationale, j'ai beaucoup parlé avec Marc pour l'aider à comprendre la situation intérieure de la France, et le rassurer quant à notre stratégie d'investissement. Plus globalement, j'essaie de bien lui montrer tous les points forts de notre pays", livre Alexandre Dayon. "Marc Benioff a décidé d'investir en France parce que c'est un marché important, mais c'est aussi un marché d'innovation, avec un capital humain très fort, un tissu industriel d'entreprises fantastiques et un savoir-faire dans l'ingénierie. Marc est aussi fasciné par l'équilibre qu'a trouvé la France entre tradition et innovation. C'est quelque chose qui l'intrigue."

Alexandre Dayon... également mentor et investisseur

Mais la vie "business" d'Alexandre Dayon ne s'arrête pas à Salesforce. Adepte de voile et de surf dans la baie de San Francisco à ses heures perdues, ce père de trois enfants  n'hésite pas à prêter main-forte à des entrepreneurs français qui s'installent aux Etats-Unis. S'inscrivant dans une longue tradition américaine, il joue ainsi le rôle de mentor vis-à-vis de jeunes créateurs d'entreprise qui se lancent. Une manière pour lui de rester ouvert et alerte en échangeant son expérience contre de nouvelles idées. "Dans un secteur qui évolue, mon job est de rester aux aguets. Il faut se remettre en cause en permanence. Le prochain Steve Jobs est peut-être là sous nos yeux, sans qu'on l'ait encore repéré", souligne-t-il. Parmi les dossiers qui passent sur son bureau, Alexandre Dayon note beaucoup d'initiatives autour du machine learning et du prédictif. "Les Français ont souvent de très belles technologies, mais à la différence des Américains qui, eux, seront moins bons sur ce point, ils ne savent pas les vendre. C'est là où j'essaie de les accompagner", nous précise-t-il.

Alexandre Dayon investit, aussi, à l'occasion dans des start-up. "Je choisis des sociétés éloignées de l'écosystème de Salesforce pour éviter tout conflit d'intérêt. J'évite pour les mêmes raisons de faire partie de board", note l'intéressé qui est notamment présent au capital de MeilleursAgents. Il nous confie également avoir investi au tout début dans FollowAnalytics. Un éditeur de Mobile Marketing Automation, dans lequel Salesforce a décidé d'investir depuis. Toujours dans un souci d'éviter un conflit d'intérêt, Alexandre Dayon n'est donc plus présent à son capital.