Comment Facebook prépare secrètement sa guerre contre Slack

Comment Facebook prépare secrètement sa guerre contre Slack Le réseau social a lancé plusieurs projets de R&D qui pourraient venir enrichir sa version pour les pros : Facebook at Work. L'objectif du groupe semble clair : mieux concurrencer Slack.

Slack est la solution de collaboration qui monte. Selon le dernier baromètre Okta, il s'agit de l'app SaaS à plus forte croissance en termes d'adoption en Europe et dans le monde. Elle s'articule autour d'une messagerie instantanée conçue pour travailler en équipe (avec la possibilité d'échanger par Channel thématique, partager des documents...). Slack s'intègre à plus de 150 applications  avec lesquelles elle peut partager des données, fichiers, alertes... Elle peut se connecter à Dropbox, Google+ Hangouts, MailChimp, IFTTT, Desk.com ou Twitter. Ces intégrations peuvent prendre la forme de bot (ou agent intelligent), à l'image de ce que propose le français Birdly - qui a développé un robot Slack pour automatiser la gestion des notes de frais.

Avec Facebook at Work (actuellement toujours en phase de pré-lancement), Facebook entend bien proposer une alternative crédible  à la plateforme collaborative Slack. Déclinaison du réseau social américain pour le monde de l'entreprise, ce service est lui aussi équipé d'une messagerie instantanée... autour de laquelle il s'articule en grande partie.

Bientôt un assistant intelligent dans Facebook at Work ?

Capture d'écran de Facebook at Work.

Dans les laboratoires de R&D de Facebook, les équipes d'ingénieurs s'activent pour développer de nouvelles fonctionnalités susceptibles de venir renforcer Facebook at Work. Des évolutions qui semblent bel et bien cibler le concurrent Slack.

Par exemple, depuis août 2015, le groupe américain teste notamment un assistant personnel, baptisé M, intégré à la messagerie instantanée de son réseau social (Messenger). "Contrairement à tous les autres services basés sur l'intelligence artificielle du marché, M peut vraiment mener une tâche à votre place. Il peut vous permettre de réaliser un achat, préparer un voyage ou encore caler des rendez-vous par exemple", promettait David Marcus, en charge des services de messagerie chez Facebook, lors de l'annonce du projet.

A terme, Yann LeCun voit cet assistant devenir un "compagnon numérique" : "Nous, ce qu'on voudrait, c'est un agent vraiment intelligent qui comprend ce qu'on raconte, qui peut poser des questions s'il y a besoin de clarifications, qui comprend la personne avec qui il dialogue (il sait ce qu'elle sait, ce qu'elle ne sait pas, comment l'adresser) et qui est capable de produire les requêtes nécessaires pour produire l'info."

Un assistant professionnel dans Facebook at Work pour l'automatisation de tâches ?

On imagine assez bien ce que cet assistant intelligent pourrait potentiellement apporter aux utilisateurs de Facebook at Work en termes d'automatisation des tâches... Une telle intégration permettrait de plus à l'outil de prendre une longueur d'avance sur Slack. Ce dernier ne propose pas, pour l'heure, une telle solution, même si certaines applications avec lesquelles il s'intègre peuvent lui apporter une couche d'intelligence (ce qui est, là encore, le cas de Birdly). Rappelons que la messagerie de Facebook at Work s'adosse directement à la technologie de la messagerie historique de Facebook (Messenger). Il pourrait par conséquent être logique que M soit étendu assez rapidement à sa déclinaison pour le monde professionnel.

"Workplace by facebook - JDN"

Facebook envisagerait la possibilité d'ouvrir la porte aux bots

Dans un autre registre, il serait également assez naturel de penser que Facebook at Work puisse permettre d'intégrer, à termes, des applications tierces, ou inversement s'intégrer lui-même à d'autres systèmes. Lors d'une interview réalisée en octobre dernier, Julien Lesaicherre, responsable de Facebook at Work pour la région EMEA, nous avait indiqué que le nouveau service devait bel et bien s'orienter dans cette direction. "Nous souhaitons faire de Facebook at Work la page d'accueil du salarié. D'ailleurs, notre outil s'interface aussi avec d'autres, par exemple avec la suite Office via sa Web View", nous précisait-il alors.

Dans cette logique d'intégration, Facebook plancherait actuellement sur une possibilité équivalente à celle que propose Slack autour des bots. C'est ce que croient savoir nos confrères de TechCrunch. D'après le site américain, Facebook aurait commencé à donner accès à un SDK dessiné pour développer des bots au sein de Messenger. Ainsi avec cette initiative, le groupe de Mark Zuckerberg rejoindrait le mouvement du ChatOps initié par Slack et, également, représenté par Atlassian (avec HipChat). Proposant un assistant personnel grand public, Assist pourrait d'ailleurs être l'une des toutes premières applications à s'intégrer sous forme de bot à la messagerie de Facebook. Elle permet d'invoquer divers services tiers (Uber, Foursquare, Lyft, Yellow Taxi...). Toujours selon Techcrunch, il pourrait s'agir d'une des toutes premières initiatives faisant appel au nouveau SDK de Facebook.

Des robots capables de comprendre des questions

Les bots : un moyen simple et léger d'intégrer des applications métier tierces

A l'image du dispositif de bot de Slack, celui de Facebook permettrait aux développeurs de créer des robots capables de comprendre des questions (ou messages) en langage naturel pour en fournir une réponse. En arrière-plan, le robot pouvant, ensuite, faire appel à divers services et autres systèmes d'analyse en vue d'apporter l'information demandée (un prix, une référence produit, une localisation, une information financière...).  De là à imaginer que Facebook pourrait ouvrir cette possibilité à Facebook at Work et sa messagerie instantanée, il n'y a qu'un pas. Sans compter qu'elle offrirait aux entreprises utilisatrices un moyen simple et léger d'intégrer leurs applications à Facebook at Work (via API), leur évitant de passer par de lourds développements.

Pour l'heure, Facebook at Work est utilisé par quelque 300 entreprises à travers le monde dans le cadre de son programme de pré-lancement. Initialement annoncée pour fin 2015, la sortie du nouveau service a finalement été reportée courant 2016, sans plus de précisions.