Comment IBM négocie le virage du cloud ?

Comment IBM négocie le virage du cloud ? Pour IBM, le cloud n’est pas nouveau, car dans les années 90 il faisait déjà de la virtualisation sur ses grands systèmes. Mais pour s’imposer parmi les géants IT, post-années 2000, il a recours à une politique de rachats volontariste.

"Quand je suis arrivé chez IBM, en 1999, nous commercialisions déjà une solution de commerce électronique appelée eComptoir, qui était déjà un SaaS complet. Donc le cloud n'est pas une nouveauté pour IBM", explique Anthony Cirot, directeur Cloud d'IBM France. Il y a eu plusieurs étapes dans le virage du cloud chez IBM et d'après Anthony Cirot c'est une évolution naturelle : "IBM vient du monde de l'hébergement, du data center à la base, et nous hébergeons toujours des systèmes informatiques pour nos clients, avec un catalogue de services qui est géré par nos services managers, c'est-à-dire gérés par l'être humain. Nous venons de ce monde-là. A présent le Cloud vient automatiser ces tâches et IBM est monté en puissance dans ses différentes couches."

Des dizaines de rachats pour bien négocier le virage du cloud

Cependant, même si IBM est historiquement un acteur naturel du cloud, sa montée en puissance sur ce marché s'est opérée via par une politique de croissance externe intensive. En 2015, il avait effectué une vingtaine de rachats et l'annonce récente de l'acquisition prochaine de Bluewolf Groupe, "un partenaire stratégique de Salesforce au niveau mondial, reconnu leader en conseil Cloud et en services", n'est qu'une étape supplémentaire dans sa stratégie. Avec Bluewolf, IBM va étendre son leadership en analytique, design et consulting avec l'un des partenaires les plus en vue de Salesforce.

Le rachat de Softlayer, un tournant décisif

Cependant, c'est le rachat, en juin 2013, de l'hébergeur texan Softlayer qui a marqué un véritable tournant dans la stratégie de Big Blue. L'opération, qui a coûté 2 milliards de dollars, a permis à IBM de compléter son portfolio de services de cloud privé, public et hybride en intégrant un pure player. Déjà détenteur de ses propres data centers et ses services métier en mode SaaS, IBM a acquis, avec le rachat de Softlayer, 13 data centers répartis aux États-Unis, en Asie et en Europe. Le fournisseur texan revendiquait 21 000 clients au moment de son rachat.

Dans la foulée, IBM a annoncé la formation d'une nouvelle division, Cloud Services, qui combinait Softlayer avec IBM SmartCloud dans une plateforme unique et d'envergure mondiale. La nouvelle division se mettait ainsi en capacité d'offrir un large éventail de choix aux clients, via une politique de partenariat avec les éditeurs de logiciels, et les partenaires technologiques. D'après les chiffres communiqués par IBM, la nouvelle division a réalisé, au niveau mondial, un chiffre d'affaire de 10,2 milliards de dollars en 2015, alors qu'elle visait un maximum de 7 milliards de dollars lors du rachat de Softlayer. Une belle réussite qui doit toutefois être modérée par le fait que Cloud Services a bénéficié de la forte croissance du marché du cloud, tiré par le SaaS et les services cloud à forte valeur ajoutée. En plus des offres cloud à proprement parler, les services récurrents du groupe baptisés As a Service, comme Disaster Recovery As a Service, ont généré un chiffre d'affaires de 4,5 milliards de dollars.

IBM : un professionnel de l'IT agnostique

Parti de l'hébergement et des applications métier, comme le CRM et le e-commerce, IBM a l'intention d'être un acteur informatique global avec f complète alliant en plus de l'hébergement et du SaaS, les couches middleware, les couches de connectivité et jusqu'aux plateformes. Une stratégie globale qui doit lui assurer une présence sur tous les segments du marché du cloud, de l'infrastructure aux applications (via une politique de partenariats) en passant par les services.

L'ouverture selon IBM se concrétise par l'adoption de standards ouverts basés sur Linux, en plus du support de certains environnements comme Windows et son propre environnement AIX. C'est dans cette optique qu'il a étendu les offres cloud de Softlayer afin d'y inclure OpenStack, pour le conformer au contenu de son catalogue SmartCloud. L'objectif annoncé était de proposer aux entreprises de mieux tirer parti du cloud pour gérer leurs applications mobiles, Big Data et Analytics.

En vue d'accompagner les projets cloud de ses clients chez d'autres fournisseurs (AWS et Microsoft Azure notamment), IBM se présente comme agnostique. Sa division de conseil, IBM GTS (Global Technology Services), mène des missions de déploiement dans d'autres data centers que les siens. "En ce qui concerne les environnements d'exécution du code, nous sommes agnostiques", précise Anthony Cirot. "Nous sommes des professionnels de l'IT et si un client veut garder un fournisseur tiers, ça ne nous empêche pas d'opérer l'ensemble de nos services."

Cloud souverain et localisation des données

IBM France : une société de droits français

"Le sujet de la localisation des données est important pour beaucoup d'acteurs", insiste Anthony Cirot. "Nous avons la chance d'avoir un data center Softlayer en région parisienne. Nous avons des data centers en France et des équipes de services managés situés à Lille par exemple."

A côté des offres classiques et publiques, comme l'achat de VM mutualisées par exemple, IBM propose une réponse spécifique à la problématique de la souveraineté de la donnée. Les clients peuvent ainsi créer des environnements dédiés dans Softlayer. "On est vraiment sur une extension de votre data center au sein de notre cloud public. Ce sont vos machines dédiées au sein de notre cloud, ce qui nous permet de nous positionner comme un offreur local français", rassure Anthony Cirot, qui ne se prive pas de rappeler qu'IBM France est une société française régie par le droit français.

"Cloud computing - JDN"