OpenStack : les plus grands déploiements, de la Nasa à OVH
Lancé en 2010, OpenStack est devenu en quelques années le plus important projet open source au monde, avec plus de 30 000 membres. Il s'adosse à une fondation qui réunit de nombreux ténors du numérique, d'IBM à VMware en passant par Intel, HP, Dell ou Cisco. Une communauté qui ne chôme pas. A raison de deux releases par an, OpenStack en est à sa treizième version, baptisée Mikata, sortie en avril dernier. Solution open source d'Infrastructure as a Service (IaaS), OpenStack réunit un ensemble de modules dédiés au calcul (Nova), au stockage objet (Swift) ou bloc (Cinder), à la virtualisation réseau (Neutron), à la gestion d'identité (Keystone) ou à l'orchestration (Heat).
La Nasa et Rackspace : les projets historiques
Chaque entreprise utilisatrice optant pour les briques dont elle a besoin et les modifiant le cas échéant, il y a autant de configurations d'OpenStack que de projets. Les besoins recherchés sont tout aussi variés. Les études de cas restent rares, peu d'organisations ont fait leur coming-out - à l'exception de la Nasa, du Cern, de HP ou d'AT&T.
Le projet Nebula pose les premières briques
A tout seigneur, tout honneur, commençons par la Nasa puisque c'est l'agence spatiale américaine et l'hébergeur Rackspace qui ont initié le développement d'OpenStack. L'un et l'autre avaient besoin de manipuler un grand volume de données. Rackspace pour les stocker sur sa plateforme, la Nasa pour traiter ses images satellites. Chacun a développé, dans son coin, ce qui allait devenir les premiers services d'OpenStack : le composant "compute" (Nova) a été créé par la Nasa, et le système distribué de stockage d'objets (Swift) par Rackspace.

Réunis, ces deux services allaient donner naissance au projet Nebula qui se présentait, à l'époque, comme une architecture de IaaS. Elle pouvait de fait permettre de construire un environnement de cloud doté de services comparables aux offres EC2 (serveurs virtuels) et S3 (stockage) d'Amazon Web Services (AWS). Peu de temps après, le projet était rendu disponible sous la licence Apache 2.
HP, un des pionniers de la communauté, s'est lui aussi appuyé sur OpenStack pour rivaliser avec le même AWS mais, cette fois, sur le front du cloud public. En 2014, le groupe américain annonçait investir un milliard de dollars sur deux ans pour bâtir son offre, baptisée HP Helion, à travers 20 datacenters répartis dans le monde et sa propre version d'OpenStack. En janvier dernier, HP annonçait finalement fermer son cloud public et adopter une approche hybride en nouant des partenariats avec AWS et Microsoft Azure. Tout en maintenant OpenStack pour son offre de cloud privé.
OVH : adapter OpenStack aux exigences du cloud public
Même si OpenStack n'est pas directement incriminé dans ce revirement de stratégie, on peut souhaiter plus de chance au français OVH qui a misé sur OpenStack pour construire son offre de cloud public. Lancé l'été dernier, il prend en charge 70 000 instances en production, et a pu gérer pas moins de 430 000 VM en mars 2016. Il s'agit, en effet, pour l'essentiel d'environnements éphémères de développement, de test ou de pré-production que l'on crée à la volée et détruit ensuite.

OVH est un précurseur puisque c'est en 2012 qu'il fait le choix d'OpenStack. Comme d'ailleurs, à la même époque, les ex-clouds souverains Cloudwatt et Numergy, aujourd'hui dans le giron d'Orange Business Services pour le premier et de SFR pour le second. Pour l'hébergeur français, il s'agissait alors de mettre en place hubiC, son offre de stockage de fichiers en ligne. Deux ans après, il fait donc encore appel à OpenStack pour bâtir son infrastructure de cloud public (Public Cloud).
OpenStack étant originellement conçu pour bâtir des IaaS privé, OVH a dû adapter le framework à son environnement - comme il le détaille pour Le Journal du Net. OVH a aussi développé un plugin maison afin de brancher OpenStack à sa propre infrastructure réseau multi-datacenter (vRack).
Walmart et eBay : répondre aux pics de vente
Les acteurs du cloud ne sont pas les seuls à avoir adopté OpenStack. En France, Amadeus l'utilise pour "cloudifier" ses applications et Morpho (groupe Safran) y a recours dans le cadre de sa démarche DevOps. A l'international, on peut étudier d'autres cas d'usage.
eBay : un cloud privé de 7 000 instances serveurs pour faire tourner l'e-commerce
Walmart, géant américain de la distribution avec ses 260 millions de clients dans le monde et 486 milliards de chiffre d'affaires, a ainsi fait le choix d'OpenStack pour sa plateforme d'e-commerce. Il lui faillait une architecture fortement évolutive pour absorber une croissance annuelle de l'ordre de 30% et ses pics de charge. Son infrastructure, qui comptait, mi 2015, environ 100 000 cœurs, doit être en mesure d'absorber plus d'un milliard de pages vues à Noël, Thanksgiving ou durant le Black Friday. Walmart a développé ce cloud privé via ses WalmartLabs.
Pure player de l'e-commerce, eBay a aussi fait le choix de monter, en 2012, un cloud interne à base d'OpenStack. Abandonnant progressivement son infrastructure de datacenters sous environnements Microsoft et VMware, la plateforme actuelle gère aujourd'hui la totalité de ses transactions en faisant tourner plus de 7 000 instances serveurs. Pour eBay, il s'agissait d'avoir une infrastructure à la fois robuste et agile, sans dépendance à un fournisseur particulier. L'e-commerçant y a vu d'autres avantages : une réduction du cycle de déploiement, et une économie sur les investissements matériels en passant par des serveurs banalisés.

Paypal aussi
Tout naturellement, l'ancienne filiale d'eBay, Paypal, a aussi fait le choix des technologies OpenStack. Pour le spécialiste des moyens de paiement, il s'agissait de pouvoir s'appuyer sur une infrastructure capable de déployer en permanence de nouvelles fonctionnalités sans compromettre sa disponibilité.
PayPal avance ainsi un taux de disponibilité de 99,9999%. Un niveau d'engagement de service indispensable pour la plateforme qui revendique, au premier trimestre 2016, 184 millions d'utilisateurs actifs et 1,41 milliard de dollars de transactions. Abandonnant progressivement son infrastructure VMware, PayPal faisait savoir, en mars 2015, qu'il avait basculé la totalité de ses applications sur son cloud interne à base d'OpenStack.
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