L'externalisation globale, une fausse bonne idée en temps de crise ?

L'externalisation globale, une fausse bonne idée en temps de crise ? La baisse du coût des services IT couplée à la multiplication des offres informatiques standardisées devraient, selon le Gartner, inciter les entreprises à ne pas s'engager sur des contrats d'outsourcing globaux sur le long terme.

Dans un contexte économique marqué par une crise durable depuis plus de trois ans, les entreprises actionnent tous les leviers pour faire baisser leurs coûts. Non sans incidence sur le comportement des directions des systèmes d'information, soumises à leur tour à une pression forte pour compresser leurs dépenses.

Dans son récent rapport "CIOs Should Beware of a Return to Full Outsourcing", le Gartner met à ce titre en garde les DSI qui, ayant pour objectif de réduire leurs coûts, prendraient le virage de l'externalisation complète du système d'information de l'entreprise.

"L'externalisation informatique globale peut potentiellement perturber très fortement les organisations informatiques et inscrire la relation entre le client et le fournisseur dans un partenariat unilatéral sur le long terme", prévient ainsi le cabinet d'études américain.

Un cri d'alarme que le Gartner justifie par la mutation qui frappe actuellement le marché de l'externalisation, en route vers de nouveaux modèles de fourniture de services et de tarification. Avec, notamment, d'un côté, une course à la baisse des prix des services informatiques rendue de plus en plus nécessaire pour séduire les clients finaux, et de l'autre, la multiplication des offres de services IT industrialisés visant à accroître les marges et la profitabilité.

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Evolution des tarifs des services informatiques mondiaux © Gartner

Le contexte de réduction des prix des services IT couplé au développement des services industrialisés devraient d'ailleurs, selon le Gartner, avoir un impact considérable sur le marché des services d'externalisation et de gestion informatique, estimé à 320 milliards de dollars en 2012.

Le Gartner estime ainsi que les services cloud à bas coûts cannibaliseront par ailleurs jusqu'à 15% des chiffres d'affaires des principaux acteurs de l'externalisation en 2015. Une situation qui s'explique notamment par la multiplication du recours par les entreprises à des services Cloud du fait de leur attractivité tarifaire.

Et le cabinet de prévenir les DSI au sujet des propositions des fournisseurs qui voudraient les amener sur des projets long terme d'externalisation. Ces derniers ne doivent désormais plus du tout être basés sur une approche traditionnelle de l'externalisation, explique le Gartner, mais tenir compte de ce contexte de baisse des coûts unitaires des services informatiques et de l'accroissement des offres industrialisées et standardisées.

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Les différents modèles d'externalisation © Gartner

Comme le montrent les graphiques ci-dessus, dans une approche traditionnelle, les coûts des fournisseurs sont plus élevés dans la première partie du contrat qui le lie à l'entreprise, la marge du pestataire s'améliorant avec le temps, poussée par des effets de volume. Ce n'est pas le cas dans l'approche de l'externalisation par "prix utilitaire" où la tarification découlant de l'industrialisation des services IT est plus favorable au client.

Le Gartner attire l'attention des DSI sur la troisième approche, mixte et gagnant/gagnant, où le fournisseur peut profiter du moindre coût de sa prestation en seconde partie de contrat, tout en misant sur des services standardisés permettant un coût attractif pour le client. Qu'ils soient contraints ou forcés à se tourner vers l'externalisation, le Gartner épaule en tout cas les DSI en leur prodiguant plusieurs conseils.

"Soyez prêts à qualifier la balance bénéfices-risques à long terme pour les contrats d'externalisation globaux poussés par vos directeurs financiers et directeurs généraux. Mettez aussi à jour votre stratégie de sourcing chaque année, utilisez des nouveaux indicateurs de mesures pour démontrer l'efficacité et l'efficience de votre informatique incluant le calcul du coût par utilisateur par mois. Enfin, soyez bien proactif en termes de réduction des coûts de l'informatique servant à faire tourner le métier, de façon à accroître la valeur qui en est perçue", lance le cabinet d'études.