Chrome fête son 4e anniversaire en beauté

Chrome fête son 4e anniversaire en beauté Profitant de l'essor du Cloud et de HTML5, Chrome a connu une ascension fulgurante, même si le navigateur est rentré à reculons dans les entreprises. Ses perspectives restent cependant incertaines face aux enjeux qui se profilent.

Lors de l'arrivée surprise de Chrome, en septembre 2008, un éditeur dominait largement le marché des navigateurs : Microsoft. Internet Explorer 6 et 7 raflaient les trois quarts du marché, laissant le challenger Firefox loin derrière, à moins de 20% de part de marché. Une domination encore plus accentuée en entreprise. Quatre ans après, Chrome a connu une progression fulgurante, les chiffres de StatCounter ayant même indiqué, temporairement au début de l'été, qu'il était le navigateur le plus utilisé au monde.

Sûr et rapide

Sur ce marché disputé, le produit de Google a changé les règles, et imposé les siennes. Alors que HTML5 a pu, entre temps, prendre progressivement forme, pas à pas, Chrome a pu miser sur un rythme rapide de mises à jour, ce qui lui a permis d'intégrer plus vite les dernières évolutions des standards Web. Un choix qui aura d'ailleurs été imité par Mozilla, accélérant le rythme de mise à jour de son navigateur au détriment des (grandes) entreprises qui l'avaient déployé et qui peuvent désormais avoir du mal à suivre la cadence.

Chrome, qui a justement misé sur cette rapidité et ses performances pour s'imposer, n'a pas fait des entreprises sa priorité, et n'y sera finalement rentré qu'à reculons. Ce n'est d'ailleurs qu'en 2010 que Mountain View annonce que son navigateur est "prêt pour les entreprise", introduisant des outils facilitant les déploiements (via le package "MSI") et l'administration du navigateur.

Chrome dispose cependant d'un autre atout qui peut séduire les entreprises : sa sécurité. Son système de bac à sable, isolant plugins comme onglets, le rend plus stable et plus sûr. Quant à son partenariat avec Adobe, il lui permet de corriger les failles de Flash avant même qu'Adobe ne rende son patch publique. Et en matière de blocage d'URLs malveillantes, des études donnent à Chrome une longueur d'avance, et créditent Mountain View d'une technologie performante, Safebrowsing, également adoptée par Firefox.

Chrome, le nouvel IE6 ?

Fournisseur de solutions de Cloud, Google a aussi pu faire jouer les synergies entre ses offres, ne se privant pas de faire valoir une meilleure compatibilité entre ses Google Apps for Business et son navigateur. Et même, de permettre aux utilisateurs de Chrome de profiter, en exclusivité, de certaines fonctionnalités de sa suite, comme le glisser-déposer dans ses Docs, les possibilités de fonctionnement hors ligne pour Gmail, des alertes issues de Google Calendar ou encore Google Cloud Print.

De quoi contribuer à pousser l'utilisation du navigateur en entreprise, mais aussi à susciter quelques craintes et comparaisons peu flatteuses. Dans un article de PCMag titré "Chrome est-il est le nouvel Internet Explorer 6 ?", l'analyste Michael Muchmore s'inquiétait de voir Chrome "de plus en plus devenir la plate-forme privilégiée des services Google, à la différence des autres navigateurs". Il y décrivait un navigateur aux fonctionnalités exclusives, et misant sur des particularités dans l'implémentation de certains standards. "Une stratégie qu'avait adopté Microsoft pour IE6", rappelle l'analyste, avec les problèmes que l'on sait, et qu'aujourd'hui, même Redmond a fini par abandonner.

Chrome va-t-il suivre cette voie ? De nombreux autres enjeux l'attendent déjà en tout cas. Google a parié, peut-être trop tôt, sur l'essor du Cloud Computing et la maturité des offres SaaS pour transformer son navigateur en OS, via la commercialisation de son Chrome OS. Avec un succès pour le moins mitigé.

Autre territoire à conquérir pour Chrome, sur lequel Google a cette fois-ci peut-être trop tardé : le mobile, avec les smartphones et les tablettes. Car malgré le succès de son OS mobile, Google n'installe pas Chrome par défaut sur Android. Quant aux nombreux utilisateurs d'iOS, ils ne peuvent télécharger le navigateur que depuis quelques semaines.