Amaury Houdart (Logica France) "Nous avons renforcé nos recrutements nearshore et offshore"

Face à la crise, la SSII a favorisé le développement des compétences internes pour gagner en flexibilité. Avec la reprise, les besoins s'orientent vers des profils de directeur de projets et consultant en ERP et gestion de contenu.

JDN Solutions. Quelles conséquences a eu la crise dans votre stratégie ?

Amaury Houdart. Nous avons connu un léger ralentissement d'activité en 2009. Nous avons donc moins recruté, mais les profils n'ont pas changé. Au comité de direction, nous avons décidé de miser sur le rebond, et avons adopté une attitude moins inquiète que d'autres. Pour gagner en flexibilité, nous avons donc préféré développer les compétences internes. Cette politique s'est notamment adressée à nos collaborateurs en période d'intercontrat.

Nous avons détecté les personnes à accompagner pour, par exemple, améliorer leur pratique de la relation client, leur maîtrise de certaines briques applicatives, comme HR Access notamment [NDLR progiciel de gestion des ressources humaines] ou sur certaines technologies comme le SOA [ndlr Architecture orientée services]. Autant de domaines pour lesquels nous manquons parfois d'effectif pointu.  

"Au quatrième trimestre 2009, nous avons signé un tiers de contrats en plus par rapport à 2008"

Nous avons aussi fait du mécénat de compétences, pour la Croix Rouge, le Centre Georges Pompidou ou la Fondation Nicolas Hulot. Il s'agissait de fidéliser nos collaborateurs, et donc, de les occuper au mieux quand l'activité était plus creuse.

La crise nous a donc aidés à favoriser ces passerelles et les évolutions de compétences. Cela participe aussi de notre politique visant à former continuellement nos employés.

Avez-vous senti une embellie plus récemment ? Quels sont les secteurs porteurs, générant une demande en ressources humaines actuellement ?

Nous avons senti une nette reprise, notamment au quatrième trimestre 2009 où nous avons signé un tiers de contrats en plus par rapport à 2008.

Nous avons aussi connu une forte hausse de notre activité de conseil en management. Cela peut concerner les fonctions RH, Achat ou le secteur bancaire. Des expériences dans ces métiers sont une plus-value que nous apprécions. Des connaissances sectorielles, par exemple des problématiques actuelles dans l'énergie ou encore dans la gestion des risques financiers et la maîtrise des normes de Bâle II notamment, sont aussi très bienvenues.

En matière de systèmes d'information, nous avons constaté de nombreux contrats avec SAP. Cela demande aussi des ressources humaines : directeurs de projets, consultants, ou concepteur. La gestion de contenu d'entreprise nous apporte aussi beaucoup de projets. Cette technologie requiert une certaine expertise technique que nous recherchons. Quant aux langages de développement, Java et .Net ont toujours la cote.

"Les juniors représentent la moitié de nos recrutements."

Quels profils de jeunes diplômés cherchez-vous actuellement ? 

Nous avons une politique de recrutement ouverte. Ils peuvent sortir d'école d'ingénieur, de commerce ou d'université. Ils sont en général de niveau bac +4 ou 5, même si pour certains de nos centres de services, à Grenoble ou Amiens par exemple, un bac+2 peut suffire. Nous prenons aussi des stagiaires. Nous en avons actuellement plus de 600 en France. En comptant ceux qui ont moins de 2 ans d'expérience, les juniors, ces jeunes diplômés représentent la moitié de nos recrutements.

Et concernant les plus expérimentés, quelles expériences doivent-ils avoir pour vous intéresser ?

S'ils ont entre 2 et 10 ans d'expérience, c'est le bon moment pour venir frapper à notre porte. Des postes d'analystes et de consultants décisionnels sont à pourvoir pour eux. Ils peuvent avoir une expertise technique, dans un langage de programmation par exemple, ou être spécialisés dans un produit. Nous recrutons aussi souvent des chefs ou chargés de projet. 

Avec ce contexte qui invite à la prudence et aux économies, avez-vous été tenté de privilégier, à compétences égales, des profils provinciaux par rapport aux franciliens ?

La baisse des prix nets facturés par nos clients, surtout par les grands groupes qui restent notre cœur de cible, nous y a un peu poussés. Nous avons chercher à réorganiser légèrement notre activité, soit vers la Province, soit en Inde ou au Maroc où nous avons des centres de services offshore. C'est finalement très profitable pour ces régions, et cela  nous permet de renforcer nos pôles d'expertises.

Cela ne veut pas dire que nous avons plus recruté en Province ou sur nos sites offshore qu'à Paris. Nous avons d'énormes besoins en Ile-de-France, où se trouvent justement la plupart des sièges des grands comptes. Nos équipes techniques, de conseils ou de management ont besoin d'interactivité avec ces clients, et donc d'être proches d'eux. Au final, nous maintenons un équilibre entre notre intérêt pour Paris et la Province, comme entre les jeunes diplômés et les seniors.

"Nous travaillons aussi sur l'iPad."

Par exemple, quelles sont les nouvelles technologies qui vous occupent actuellement ?

Nous avons un grand projet à Paris pour déployer un espace numérique de travail dans plus de 500 lycées. Nous travaillons aussi sur l'iPad, qui peut devenir un nouveau canal de commandes. Nous suivons aussi de près les évolutions du secteur de l'énergie, qui reste une de nos spécialités. Enfin, nous nous intéressons aussi à l'Open Source.

Avez-vous des axes stratégiques prioritaires pour vos employés cette année ?

En 2010, mon défi sera de peaufiner le parcours de mes employés. Je ne compte pas privilégier la gestion du recrutement à celle des ressources humaines, et même tendre vers l'inverse. Nos salariés constituent une population géniale, et jeune, 32 ans de moyenne d'âge. J'estime leur devoir cela. Il faut aussi qu'ils sachent que nous proposons ensuite à nos employés de nombreuses passerelles en interne. Il n'y a pas de croissance saine sans une bonne philosophie qui lui sert de moteur.

Amaury Houdart, 34 ans, diplômé d'un DESS Affaires Internationales de l'Université Paris Dauphine, a été nommé DRH de Logica France en janvier 2008. En 1999, il rejoint Unilog Management avant d'intégrer en 2004 l'équipe de croissance externe d'Unilog. L'année suivante, il en devient le directeur de l'intégration et du changement.