La formation en amont, clé du succès sur le marché mondial de l’externalisation

L’industrie des centres d’appel connaît un essor considérable depuis quelques années. Elle se chiffre en milliards de dollars et a créé dans de nombreux pays d’abondantes possibilités d’emplois corrects. Mais la crise financière est passée par là : elle rend tout plus difficile.

Un pays ne peut prétendre participer à la compétition et se présenter comme un site d'externalisation internationale à long terme que s'il détient trois atouts : le soutien inébranlable de son gouvernement, des infrastructures de qualité et, par-dessus tout, un système éducatif efficace. Pour réussir durablement, un pays doit satisfaire à ces trois conditions, même s'il incombe finalement au personnel de réaliser le travail en pratique.
 
L'Égypte peut être citée comme un exemple de pays qui satisfait tous ces critères. Grâce aux accords conclus avec de grandes firmes internationales et aux partenariats instaurés entre universités et entreprises actives dans ce secteur, le gouvernement a réussi à améliorer sensiblement les infrastructures informatiques du pays en les réorientant vers le marché de l'exportation.

Elle bénéficie d'équipements high-tech et pratique des prix compétitifs. Enfin, l'existence d'un guichet unique, l'Agence égyptienne de développement des technologies de l'information ITIDA (Information Technology Industry Development Agency), contribue puissamment à attirer les entreprises étrangères désireuses d'investir dans l'externalisation.
 
L'Égypte est assurément bien placée pour prendre en charge les besoins des marchés d'Afrique, d'Europe et du Moyen-Orient. Et, comme chacun sait, les échanges professionnels sont l'un des meilleurs moyens pour maintenir la paix entre les nations. Puisque je m'adresse à des lecteurs français, j'aimerais souligner un point particulier : la France et l'Égypte entretiennent des relations depuis longtemps.

La culture et la langue françaises ont laissé une trace indélébile sur la société égyptienne. Coopération et partenariats peuvent servir à renforcer durablement les liens entre nations, comme l'ont récemment montré les rencontres fréquentes entre dirigeants des deux pays.
 
Mais les atouts de ses entreprises contribuent aussi à faire de l'Égypte l'un des principaux sites mondiaux d'externalisation. Selon le récent A.T. Kearney Global Services Index, l'Égypte est aujourd'hui la 6ème destination la plus attirante pour l'externalisation internationale.
 
En termes de ressources humaines, le pays affiche des résultats remarquables : des milliers de jeunes Égyptiens parlent couramment une ou plusieurs langues étrangères, en particulier l'anglais, le français, l'allemand, l'espagnol et l'italien. L'Égypte est déjà en mesure de se différencier grâce à ce qu'on a appelé sa multi-linguinity (« multilinguinité »).

Chaque année, sur ses 330 000 diplômés de l'enseignement supérieur, 94 000 proviennent de ses écoles de sciences, de gestion et d'ingénieurs. Aujourd'hui, la maîtrise des langues étrangères est une condition essentielle pour les entreprises désireuses d'affronter vraiment la concurrence sur la scène mondiale.

Selon une récente étude de la London School of Economics[1], « Ce multilinguisme confère à l'Égypte un avantage sur d'autres pays, tels que l'Inde, dont la population parle surtout anglais. Le faible niveau des capacités multilingues en Inde rend difficile pour de nombreux pays de l'Union européenne de lui confier des travaux externalisés. »
 
De plus, en raison du contexte économique difficile que nous connaissons aujourd'hui, il n'est plus suffisant pour un nouveau diplômé d'avoir seulement une connaissance théorique du marché ; il est de plus en plus nécessaire pour les étudiants d'acquérir des compétences dès leurs premières années d'études, ce qui améliorera leurs perspectives de réussite professionnelle.

En complément de l'éducation de base dispensée par les universités égyptiennes, le programme EduEgypt leur apporte un solide ensemble de compétences préparant aux emplois internationaux, de notions sectorielles et de connaissance fonctionnelle des nouvelles spécialisations par tâches.
 
Un protocole de coopération a été signé entre le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique et le ministre des technologies de l'information et de la communication en vue du lancement d'un programme de préparation à « l'employabilité » au stade de l'enseignement supérieur.

Ce protocole définit un cadre général et un plan pratique destinés à organiser pour les étudiants une formation couvrant capacités relationnelles, aptitudes linguistiques et compétences techniques. Le projet vise à tirer parti des ressources humaines en renforçant l'employabilité des diplômés des universités égyptiennes et en les préparant pour le marché local et international. Cette collaboration s'inscrit dans une action de développement des travailleurs qui vise à réduire l'écart entre le degré de préparation des étudiants et les attentes d'employeurs recherchant du personnel déjà formé.
 
Selon le rapport de la LSE, « L'analyse de perception des compétences place l'Égypte au plus haut niveau de disponibilité des compétences, devant les Philippines. Cette perception est fondée sur le fait que l'Égypte a la capacité d'assurer chaque année une offre de diplômés de bonne qualité possédant des compétences multilingues.

Ce vaste éventail de capacités linguistiques, s'ajoutant à l'offre technique, est extrêmement attrayant pour les sociétés internationales et place l'Égypte devant d'autres pays disposant de compétences techniques plus qualifiées. »
 
À notre époque, il semble capital pour l'industrie de l'externalisation de mettre en place des programmes de formation spécifiques adaptés aux besoins du secteur afin d'assurer un service de qualité. Les solutions ne manquent pas - de l'instauration de programmes de formation professionnelle à la mise en oeuvre d'une série de réformes visant à améliorer les niveaux d'éducation. Les différentes institutions de tel ou tel pays doivent aussi jouer un rôle aux côtés de son gouvernement en contribuant à la création des structures requises pour la formation des salariés.


[1] Beyond BRIC: Offshoring in non-BRIC countries janvier 2009