L’héritage des systèmes de paiement existants

Faute de maturité et de mise en œuvre de méthodologies de développement, les institutions financières se trouvent dans l'incapacité de proposer une solution unifiée. Complexes et compartimentés, ces systèmes sont devenus un fardeau.

Au cours des 30 dernières années, des milliards de dollars ont été investis dans les systèmes de paiement, les institutions financières ayant développé une multitude de technologies et de systèmes pour répondre à des besoins particuliers et acquérir un avantage concurrentiel. Cependant, face à la complexité et à la lourdeur croissantes des infrastructures de paiement, les établissements financiers ont de plus en plus de difficultés à tirer parti des avantages potentiels de la technologie.

 

Les fournisseurs de logiciels et les institutions financières portent une grande part de responsabilité dans la complexité des systèmes actuels. En effet, ces dernières se livrent souvent à une course effrénée pour être l'une des premières à commercialiser de nouveaux services. En général, les prestataires préfèrent développer une nouvelle plate-forme pour chaque nouveau service proposé, plutôt que d'ajouter de nouvelles fonctionnalités aux systèmes existants. Faute de maturité et de mise en oeuvre de méthodologies de développement de logiciels axées sur les services, les institutions financières se trouvent dans l'incapacité de proposer une solution unifiée. Complexes et compartimentés, ces systèmes sont devenus un véritable fardeau.

 

La technologie prévalant dans de nombreuses institutions financières est un assemblage de systèmes récents et anciens, datant des années 1980, 1990 et 2000. Les anciens systèmes n'ayant pas été pas conçus dans une optique de flexibilité ou de traitement en temps réel, ils offrent peu d'évolutivité et de souplesse. Il en résulte un ensemble hétérogène de technologies nouvelles et anciennes.

 

Le mouvement de consolidation a également contribué à cette complexité. Le nombre d'institutions financières a considérablement diminué au fil des ans, les acteurs les plus importants du secteur cherchant à se développer à coup de fusions et d'acquisitions. Outre de nouveaux marchés, de nouveaux clients et de nouvelles opportunités de revenus, les institutions financières ont également trouvé dans les corbeilles de mariage de nouveaux systèmes qui sont venus se superposer à une infrastructure existante quelque peu anarchique.

 

La mondialisation est un facteur supplémentaire de la multiplication et de la complexification des systèmes. Face à l'érosion de leur rentabilité sur leurs marchés domestiques, les institutions financières établies en Amérique du Nord, en Europe et en Australie se sont tournées vers l'Amérique latine, le Moyen-Orient et certains pays de la région Asie Pacifique, où les perspectives sont nettement plus prometteuses. Elles ont ainsi racheté des institutions régionales, et avec elles, des systèmes de paiement conçus pour répondre à la réglementation et aux besoins locaux.

 

Enfin, l'environnement réglementaire évolue rapidement, imposant aux banques de respecter de nouvelles obligations en matière de conformité, d'audit, de transparence et de contrôle. Les institutions financières vont donc devoir adapter à ce nouvel environnement les plates-formes et processus nécessaires à l'émission et la gestion des cartes.

 

Conséquence de tous ces paramètres et de la demande constante des clients pour de nouvelles méthodes de paiement plus pratiques comme que le paiement par téléphone mobile, la technologie est désormais omniprésente : elle touche toutes les facettes des opérations de paiement d'une institution financière et s'étend à tous les circuits, types de paiement et entités opérationnelles.

Dans la réalité, de nombreuses organisations ne sont que la juxtaposition de mini-banques qui opèrent sous une marque commune, tout en suivant une approche totalement indépendante pour ce qui concerne les clients externes et les ressources internes. A un moment donné, cependant, il devient nécessaire de mettre fin au développement de systèmes monolithiques qui grèvent de plus en plus les budgets de développement et de support des banques. Les institutions financières doivent adopter une vision transversale et à long terme de leur système de paiement. Si nul ne conteste plus la nécessité d'évoluer vers des systèmes de nouvelle génération, les modalités de migration constituent la pierre d'achoppement. Les banques doivent élaborer un plan de migration vers un système modulaire et unifié offrant à l'entreprise la flexibilité nécessaire sans compromettre l'accès, la fiabilité et l'évolutivité des systèmes existants.