Quid de la webperf des sites du CAC40

Les sites web corporate des groupes du CAC40 sont-ils à la hauteur en matière de vitesse de chargement et de qualité technique ? Analyse sur la base de tests menés sur les tout derniers jours de 2016.

Elles figurent parmi les 100 firmes les mieux classées à la bourse de Paris. Exemplarité oblige, on peut donc s’attendre à ce que, en matière de performance web, les sites corporate de ces entreprises soient au niveau de leur renommée. Hélas, les résultats de nos tests de chargement de la page d’accueil de ces 40 sites corporate est loin de corroborer cette assertion !

Certains pourraient juger - trop rapidement - que les enjeux de la vitesse de chargement sont uniquement prégnants pour des sites d'e-commerce ou média. Mais l’impact de la performance web sur l’expérience utilisateur, et au final l’image de marque, est suffisamment fort pour que ces entreprises vedettes prennent un soin particulier à délivrer des sites web de qualité et rapides à l’affichage…

Un Speed Index moyen à près de 3 secondes

Premier indicateur observé pour ce comparatif : le Speed Index. Issu de l’analyse vidéo du chargement de la page web, il est aujourd’hui reconnu comme l’un des indicateurs les plus révélateurs de l’expérience utilisateur. A ce titre, il constitue un critère particulièrement pertinent pour dresser un classement de 40 sites web testés.

Avec une moyenne de justesse sous la barre des 3 secondes, on ne peut pas dire que les sites corporate des entreprises du CAC40 fassent des étincelles... Pour mémoire, la recommandation de Google en matière de Speed Index se situe deux secondes en dessous, à 1000ms ! Bien évidemment, cette moyenne cache de très grands écarts de performance entre les 40 sites testés. Comme l’indique le graphe ci-dessous, le top 5, constitué par Sodexo (1er), Orange, Vivendi, Peugeot et Carrefour affichent des Speed Index très honorables.   

Si certains mauvais résulats sont à pondérer car le speed index peut être perturbé par la présence d’animations sur la page, difficile d’imaginer que de telles contre-performances pour certains n’aient aucune incidence sur l’image de marque de ces groupes. Rejouez la vidéo de ce rapport de comparaison des performances entre un bon élève (groupe PSA) et un mauvais élève (Essilor) de notre classement, et vous vous ferez aisément une idée des différences que cela peut engendrer pour la satisfaction des visiteurs, le taux de rebond ou encore le nombre de pages consultées.

Un temps de réponse serveur pas à la hauteur, près d’une fois sur deux

Ces performances, souvent moyennes, voire franchement handicapantes dans certains cas, trouvent des origines diverses et variées suivant les sites testés. Commençons par les premières étapes du chargement des pages web, avec le temps de réponse serveur, plus précisément le TTFB (Time To First Byte, c’est-à-dire le délai avant réception des toutes premières données de la page HTML par le navigateur web).

Sur les 40 sites web testés, le temps de réponse moyen s’établit à 780ms : clairement pas exemplaire pour les fleurons français cotés en bourse, alors que Google recommande de ne pas dépasser le seuil de 200ms ! A noter que 20 des 40 sites testés respectent effectivement cette recommandation… Ce qui donne une idée de l’ampleur du dérapage de certains groupes sur cet indicateur. L’Oréal et Publicis accusent ainsi un TTFB supérieur à 2 secondes. Et, avec presque 12 secondes (mesure médiane), LafargeHolcim trouve ici la principale cause de sa mauvaise performance globale… bienheureusement, un problème qui semble avoir été corrigé aujourd’hui, même si le TTFB dépasse encore la seconde.

Début d’affichage : plus de la moitié des sites au-delà d’une seconde

A partir de combien de temps les visiteurs ne se trouvent-ils plus devant un écran totalement blanc, à patienter - ou s’impatienter si les choses s’éternisent ? C’est ce que mesure l’indicateur baptisé Start Render. Et sur les sites des entreprises du CAC40, le délai moyen avant le début d’affichage a été mesuré à 1,45 secondes. Là encore un niveau dommageable pour l’expérience utilisateur. En rentrant dans le détail de notre comparatif on constate même que plus de la moitié des sites testés affichent un Start Render au dessus de la barre fatidique de la seconde ! Fatidique car en matière d’expérience utilisateur, il est démontré que passé ce délai d’inactivité, l’attention de l’internaute risque de s’interrompre, et qu’il risque de basculer sur une autre activité. Parmi les sites les plus prompts à démarrer leur affichage, on pourra citer ceux de LVMH, d’Orange ou de Klepierre, entre 500 et 600ms.

Poids des pages : de 650Ko… à 38Mo !

Autre tendance détectée dans de nombreux cas : un poids de page beaucoup trop élevé. En effet l’embonpoint - parfois très sévère - de certaines pages testées, atteint des niveaux réellement nuisibles à leur vitesse d’affichage : 4,68 Mo en moyenne sur les 40 pages testées, soit pas loin du double du poids moyen mesuré sur les 1000 sites les plus visités au monde (2,42 Mo, source httparchive.org) ! 

Seulement 17 sites sur 40 affichent un poids inférieur à cette référence mondiale, avec parmi les entreprises les plus “raisonnables” Vinci et Legrand, toutes les deux en dessous des 700 Ko. A l’autre bout du classement, c’est BNP Paribas qui fait sauter la balance, à près de 38Mo pour sa page d’accueil ! En cause : une vidéo qui se déclenche automatiquement qui va représenter  à elle seule près de 34Mo téléchargés…  


Vainqueur dans la catégorie des “poids plume”, le site de Vinci ne pèse que 650Ko sans pour autant être trop avare en visuels…

Qualité web : une moyenne à 65%

Au delà des performances en termes de vitesse d’affichage, qu’en est-il de la qualité web des sites du CAC40 ? Basé sur l’analyse d’une centaines de critères (performance, accessibilité, référencement, sécurité), le score délivré par l'analyse Dareboost atteint en moyenne 65%... Un niveau qui laisse entrevoir de nombreuses optimisations possibles pour l’ensemble des sites testés !

Sur ce point, les meilleurs scores sont réalisés par Peugeot, Pernod Ricard et Vinci (74%), Airbus Group et Nokia (75%) et BNP Paribas (77%). Ce dernier prendrait nettement la tête du classement s’il n’était pas pénalisé par cette vidéo excessivement lourde, dont il est impossible d’interrompre le chargement et qui est également chargée sur mobile !

Dernier point analysé pour ces 40 sites web corporate : l’adoption du HTTPS. Seulement 30% d’entre eux l’ont fait de manière généralisée (dès la page d’accueil). On ne peut donc qu’espérer que cela fera partie des bonnes résolutions 2017 de ces groupes, au même titre que l’optimisation des performances !  

Méthodologie : chaque site a été audité 25 fois de manière consécutive, pour sélectionner pour chacun le résultat médian (sur le SpeedIndex). Les données sont collectées au moyen d’un navigateur web grand public (Chrome), piloté par la solution dareboost.com, en utilisant une connexion Internet volontairement limitée à la moyenne nationale française (8Mbps), et en utilisant une latence minimale de 50ms.