S’affranchir des obstacles liés au big data

Plus les données affluant dans l’entreprises sont diverses et nombreuses, plus le besoin d’avoir une approche élaborée et évolutive de la gestion d’un environnement big data devient pressant.

Selon une étude Dell / EMC, l’importance du numérique dans notre quotidien est amenée à doubler tous les deux ans. Ceci signifie que d’ici à 2020, chaque être humain produira 1,7 Mo de données par seconde. En entreprise, cette croissance exponentielle jusque-là inimaginable, pourrait devenir ingérable tout en étant une source considérable d’opportunités.

Dans ce contexte, comment les informatiques d’entreprise, traditionnellement très divisées entre développement et production, vont-elles absorber ce tsunami ?

Nous nous rapprochons à grands pas du point d’inflexion numérique où le big data n’est plus un projet en « mode garage » mais un impératif. Cette technologie, est à présent vieille de 10 ans - ce qui est un gage de sa maturité – devient aujourd’hui un élément central dans la stratégie de transformation des entreprises quant à leur compétitivité ou tout simplement survivre dans un marché ultra concurrentiel.

Mythe Vs. Réalité

La plupart du temps, les conversations autour du big data tendent à se focaliser sur les défis technologiques qu’ils impliquent et les véritables experts du domaine ne font pas légion, même si l’affluence aux derniers salons sur le sujet démontre un engouement qui ne se dément plus. C’est là le principal obstacle des entreprises qui ignorent la corrélation entre les solutions disponibles sur le marché en regard du besoin réel. Une situation qui tend parfois à se complexifier tant l’offre est pléthorique. Il est bon de se rappeler que 60% des projets de BI pourraient, en fait être, des projets Big Data.

Or, le big data n’est pas fondamentalement une question de technologie en soi ! Il ne demeure qu’un outil. Il faut prendre le problème à l’envers et constater que le plus gros dilemme est culturel. C’est un concept qui aujourd’hui encore a parfois du mal à se frayer un chemin, tant il vient bouleverser les hommes et les processus où qu’ils soient dans l’entreprise. Mais les professionnels n’ont d’autre choix que d’en prendre conscience et de s’y plier, s’ils souhaitent envisager l’avenir sereinement.

La voie à suivre

Le changement indispensable pour exploiter pleinement tout le potentiel du big data est donc une question de perspective. Il offre une nouvelle vision sur le monde, un angle radicalement différent. Pour cette raison, les initiatives en la matière exigent une approche complète et globale, en mettant l’accent de manière équilibrée sur les trois piliers fondamentaux que sont les hommes, les processus et les technologies. Posséder des données en grande quantité n’est pas synonyme de richesse, car sans les compétences, il ne sera pas possible d’en tirer le meilleur parti.

Il s’agit de se pencher sur les méthodes existantes de travail et les moyens de communication utilisés par les hommes mais également leurs domaines de compétence et d’expertise. Il ne faut cependant pas négliger la culture d’entreprise et sonder pour savoir dans quelle mesure les employées sont et seront réceptifs au(x) changement(s) – le changement est un frein somme toute classique à l’innovation surtout dans un domaine où l’intelligence artificielle fait craindre à chacun la perte potentielle de son poste.

Quelle méthodologie ?

Plus les données affluant dans l’entreprises sont diverses et nombreuses, plus le besoin d’avoir une approche élaborée et évolutive de la gestion d’un environnement big data devient pressant. Lors de la mise en œuvre d’un tel projet, la tentation est souvent grande d’accélérer les choses et de prendre des raccourcis, mais cela se fait souvent au détriment de l’infrastructure et induit des erreurs et des oublis. Or, comme dans la plupart des cas, l’exigence de résultats immédiats induit souvent des frustrations ou échecs.

Faire cavalier seul est rarement une méthode efficace en la matière et pourrait même réduire à néant la totalité des efforts entrepris. Attendu que beaucoup de technologies big data sont open source, il est aisé de se projeter dans une implémentation simple et rapide – alors qu’elle ne peut se faire qu’au travers de personnes compétentes et expérimentées. En général, les projets menés « chacun de son côté » se focalisent sur le déploiement de technologies isolées, souffrent du manque de collaboration, présentent un coût excessif et se révèlent quasi impossibles à mener à bien dans la durée. Ces effets négatifs se démultiplient quand il s’agit de passer en production le projet big data.

La nature intrinsèquement itérative des projets big data ne dispense pas de la nécessité d’établir un plan. Ce plan doit faire preuve de souplesse pour s’adapter aux changements dynamiques et constants. Il importe tout particulièrement de mettre en place des canaux ouverts de communication et d’interaction entre les différents participants de sorte que chacun demeure en phase et collabore sans encombre au plan et à son déroulement.

Selon Paul Gibbons, auteur de l’ouvrage The Science of Successful Organisational Change, le facteur humain de l’analytique est le principal défi dans la mise en œuvre du big data. La culture d’entreprise étant la plupart du temps hiérarchisée, cela peut constituer un frein à l’amélioration et l’innovation continue aujourd’hui indispensables pour survivre. Les entreprises doivent plutôt entretenir une culture d’apprentissage qui valorise l’identification des problèmes, le transfert des connaissances et les audits a posteriori dans l’ensemble de leurs équipes.

Adopter le bon projet big data

Les projets big data devant être partie intégrante de l’activité et de l’infrastructure informatique existante, il est essentiel d’y associer les experts compétents et les processus internes adéquats dès les prémices du projet. De fait, les cycles du changement seront mieux appréhendés et les informations circuleront de manière plus optimale.

Pour commencer, se concentrer sur des projets plus modestes peut être un bon point de départ. L’identification et le traitement prioritaire de ceux qui auront un réel impact permettra de démontrer aux personnes réticentes aux changements, leur nécessité. Quelles que soient les technologies big data utilisées, elles demandent le même niveau d’engagement que pour les autres systèmes d’information. Le Big Data n’est pas une île déserte, il est un autre point de passage de l’information en relation avec les systèmes legacy et distribués, et les projets qu’on lui assimile auront un profond impact sur l’infrastructure informatique et les opérations existantes.