Quand la technologie prend parfois des allures de sorcellerie

Depuis des décennies, les technologies font gagner du temps et améliorent le quotidien. Cependant, aujourd’hui, le regard du public n’est plus aussi positif ; les réactions allant de la simple prudence à la méfiance totale.

Bien que troublante, cette tendance n’a rien de choquant, compte-tenu de la vitesse avec laquelle la technologie a envahi et bouleversé notre quotidien tant au niveau professionnel que personnel. Chaque jour, le numérique s’enracine plus profondément au cœur de l’économie, des infrastructures critiques et des administrations publiques. Il occupe également une place essentielle dans nos vies personnelles.

Démystifier la technologie

Chaque clic sur un lien et chaque recherche dévoile des informations plus détaillées sur l’utilisateur. Ces données sont compilées et analysées de façon à suggérer une offre avant même que le consommateur en exprime le désir. C’est pourquoi la technologie s’enveloppe d’un certain mystère qui dérange la majorité des utilisateurs.

L’avènement de l’intelligence artificielle, du machine learning et des robots, et la crainte d’une perte de contrôle de l’humain en cas d’utilisation inappropriée des données personnelles, ne peuvent qu’entretenir la méfiance. L’heure est à la démystification. Ni l’être humain, ni la technologie ne vont disparaître, et le mariage des deux recèle un énorme potentiel, à la fois pour le bien-être et le progrès de l’humanité. Les logiciels offrent la promesse de servir de langue universelle, pour créer des communautés, rapprocher les individus et donner vie aux idées.

Les 3 piliers de la confiance

Pour rétablir la confiance envers la technologie, en la rendant accessible à tous, trois solutions doivent être envisagées.

1. Diversité – Il est nécessaire de s’efforcer de diversifier et de renouveler continuellement le réservoir d’experts technologiques. Le secteur doit s’ouvrir à tous ceux qui le désirent. Seule une approche inclusive, permettant d’exploiter pleinement le potentiel collectif.

2. Compétences – Réaliser tous les investissements nécessaires pour convertir les collaborateurs d’aujourd’hui aux nouvelles technologies relève du bon sens. Plus de 500 000 emplois restent à pourvoir dans le secteur de la Tech aux États-Unis. Parallèlement 44 % des citoyens Européens ne disposent pas des compétences digitales de base pour accomplir des tâches simples. Il faudra clairement devoir ré-allouer les talents d’individus laissés en marge des progrès technologiques et les préparer à la 4ème révolution industrielle. Compte tenu du nombre d’individus sans emploi et d’offres non pourvues dans le secteur technologique, la reconversion apparaît comme une solution évidente pour instituer une culture plus inclusive et baliser pour chacun un parcours clairement défini vers une vie meilleure.

3. Bonnes pratiques – À l’heure où le secteur technologique continue de gagner en maturité, en taille et en importance, il est normal que les Etats et les régulateurs veillent à protéger les citoyens. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’Union européenne, qui entrera en vigueur le 25 mai 2018, est un excellent exemple d’approche globale pour une gestion responsable des données et un meilleur leadership. En soi, il n’y a rien de « mal » dans le fait d’agréger et d’exploiter des données personnelles. Mais les organisations doivent faire toute la transparence quant à leur utilisation et intégrer la confidentialité (et la sécurité) au cœur de leurs produits et services.

Le secteur des nouvelles technologies doit également définir les bonnes pratiques qu’il s’engagera à respecter. Une enquête menée par Veracode révèle que 83 % des organisations déploient des logiciels avant de tester la qualité et la sécurité du code, alors que dans le même temps, 77 % des applications présentent au moins une vulnérabilité connue. Cette pratique est franchement irresponsable et inacceptable, en particulier à l’heure où des outils performants de test sont aisément disponibles. En s’assurant d’établir des normes de qualité élevées et en les respectant, il sera possible de protéger les clients et la notoriété des marques, tout en renforçant la confiance des consommateurs.

En somme, les parties prenantes du numérique disposent d’une excellente opportunité de marquer le secteur de leur empreinte, même si le chemin n’est pas totalement défini. Ils portent la responsabilité de tenir compte des conséquences inattendues de nos innovations ; de ne pas oublier les valeurs humaines et règles d’éthique de base ; et de faire tout le nécessaire, individuellement ou collectivement, pour que les technologies bénéficient à tous.