Comment bien démarrer un projet de migration d’applications mainframe vers le cloud ?

Alors que la vague du cloud touche tous les secteurs, les mainframes semblent pour l’instant épargnés. Pourquoi faut-il envisager la transformation dès à présent et par où commencer ?

Soucieuses de s’épargner les problématiques de provisionnement, de gestion du cycle de vie des serveurs, mais aussi l’administration de ces derniers, les entreprises ont commencé à migrer vers le cloud pour développer, déployer et gérer leurs actifs informatiques. En passant au SaaS, elles mettent de côté le concept d’amortissement des investissements en matériel et logiciel pour adopter un mode de consommation IT qui laisse place à un bénéfice immédiat.

Au-delà des simples économies d’échelle, les bénéfices du cloud computing s’étendent aussi à l’accès à une puissance de calcul quasiment infinie qui peut redéfinir l’ensemble des aspects de l’activité de l’entreprise dans un contexte de transformation numérique.

L’objectif principal de toute société en 2018 est de répondre aux besoins nouveaux de ses clients en restant suffisamment compétitive pour ne pas être remise en question par un concurrent dont le service innovant repose sur des infrastructures cloud.

Cette recherche de compétitivité et d’innovation peut être effectuée non seulement via le cloud lui-même mais surtout par l’association de ces nouveaux systèmes interopérables à des services disponibles dans le cloud tels que le machine learning ou l’analyse de données.

Le cas particulier du mainframe

Tandis que l’IT des entreprises se modernise à grand pas, le mainframe n’a pas encore pris le chemin du cloud et du potentiel de transformation porté par ce dernier.

La pertinence du mainframe, la quantité de données qui y sont encore stockées et la méconnaissance des outils informatiques modernes expliquent peut-être ce retard. Pourtant, la confrontation au besoin de digitalisation actuel requiert inévitablement une nouvelle approche.

Mais est-ce que le risque et le coût de la migration sont justifiés pour une entreprise ? Arguer que 70% des transactions financières mondiales sont réalisées sur des systèmes mainframe ne veut pas dire que ces mêmes transactions ne pourraient pas être effectuées sur un autre type d’infrastructure. Cela veut seulement dire que la plateforme était privilégiée au moment où les institutions financières ont mis en place ces transactions.

A l'époque, c’était certainement le choix le plus judicieux. Mais il suffit de se pencher sur les infrastructures créées plus récemment pour s’apercevoir qu’aucune banque ou compagnie d'assurance créée au cours des 20 dernières années n’a construit ses systèmes sur un environnement mainframe.

En 2018, la seule raison pour laquelle les entreprises n’abandonnent pas leur mainframe est souvent liée à une perception démesurée du risque. Sans conteste, il y a des raisons d’être frileux lorsqu’il est question d’envisager la migration d’applications et de services depuis un mainframe vers le cloud.

Par où les entreprises doivent-elles commencer pour optimiser les bénéfices tout en limitant les risques ?

Migrer un ensemble d’applications mainframe n’est pas nécessairement la meilleure approche. Mieux vaut commencer par migrer une partie seulement des charges de travail mainframe sur le cloud. Et pour identifier cette partie, l’approche “top down” semble être le meilleur moyen de mener à bien la migration.

Par-dessus tout, il est important de lister les applications les plus critiques aux activités de l’entreprise et évaluer leur potentiel de cloudification sur la base de critères factuels.

Ces critères concernent les risques potentiels :

  • La donnée : doit-elle être hébergée sur le territoire national pour des raisons de “souveraineté”, de conformité et de sécurité ?
  • Le service : est-il soumis à des accords de niveaux de service (SLAs) ? Une rupture dans la continuité de service peut-elle générer un déficit d’image de marque ?
  • La complexité de l’application : l’entreprise considère-t-elle son interface graphique, son modèle d’authentification et ses besoins de latence et de performance ?
  • L’évolutivité de l’application : doit-on anticiper l’ajout de fonctionnalités ou intégrer des services tiers ?
  • L’administration : quels sont les besoins de maintenance, quelle surveillance est requise pour les systèmes et alertes ? 

Mais ils concernent également les bénéfices - y-compris financiers -  potentiels :

  • Quels gains en efficacité opérationnelle et retour sur investissement peuvent être anticipés ?
  • Existe-t-il des besoins ponctuels/saisonniers de performance ?
  • Quels sont les besoins de résilience, de continuité de service, de reprise d’activité ?

L’analyse de ces risques et de ces bénéfices doit permettre de déterminer un score pour mesurer le potentiel de cloudification de chaque application. ll permet d’effectuer le ratio bénéfice/risque pour mettre en place un programme de migration pour les applications présentant les meilleurs bénéfices pour un risque limité.

Par la suite, les règles traditionnelles de la gestion de projet s’appliquent (temps nécessaire, build, test, évaluation, mise en production). Les entreprises n’ont pas besoin d’effectuer un grand saut vers l’inconnu. La prudence peut rester de mise et la migration vers le cloud de quelques applications mainframe pour tester le procédé est parfaitement réalisable.

Mais si les raisons sont multiples de ne rien changer, elles sont chaque jour plus nombreuses de prévoir et de préparer les changements à venir dans le fonctionnement des entreprises.