"Affaire" rel prev/next : les vraies questions à se poser

En annonçant au détour d’un tweet que ces balises ne sont plus prises en compte "depuis quelques années", Google s’est planté dans sa communication avec le monde du search marketing. Mais ne perdez pas votre temps là-dessus ! Voici les vraies questions à vous poser sur la pagination.

Ces balises existent depuis des lustres, notamment pour des raisons d’accessibilité. Mais les SEO étaient habitués à les utiliser, puisque Google les recommandaient depuis 2011. D’ailleurs, la plupart des CMS, plugins et autres extensions les gèrent.

Ce fut donc surprenant d’apprendre au milieu d’une discussion Twitter qu’elles ne plus du tout utilisées par Google. La petite histoire indique que c’est Gary Illyes (de Google) qui s’en est rendu compte… Selon John Mueller,  les pages de la pagination (que j'appelle "pages 2+") sont traitées comme toute autre page. En gros, les conseils de Google sont "faites comme vous voulez", mais en lisant bien on finit aussi par trouver "tant que le maillage est [bien] en place". Cette précision est bien plus importante que tout le reste !

Il est clair que ça m’a bien énervé. J’ai presque été vexé de lire que ça fait "quelques années que c’est en place". En fait, ça peut paraître un détail, mais ça montre tout de même qu’encore aujourd’hui Google fait des erreurs dans sa (non-) communication avec les search maketers. En effet, pendant de nombreuses années ils disent précisément qu’il faut utiliser ces balises, puis "ah mais non en fait, on a oublié de vous le dire". Conclusion : peut-on faire confiance à leurs recommandations ? Lesquelles autres ne sont en fait plus prises en compte, même si elles figurent dans la documentation officielle ?

OK, mais le problème n’est absolument pas là !  

En fait, ça ne devrait pas vous concerner (sauf si vous avez un très gros site). Tout simplement car la pagination est une des pires solutions de maillage interne. Rien que ça...

Pour comprendre ça, commencez par vous faire à l’idée qu’il y a pas (plus) de notion de "série de pagination".  Vous avez toujours la page 1, qui fait des liens vers les suivantes, et ainsi de suite. 

Pour l’utilisateur d’abord, ça donne quoi ?

Vérifiez vous-même sur votre site ou ceux de vos clients, vous verrez que très peu d’internautes se promènent sur les pages 2+. Une simple regex dans votre outil de web analytics vous donnera l’information. En gros, je vois souvent qu’à peine 2% des utilisateurs les consultent. Allez, osons monter à 10% : ça signifie que 90% des utilisateurs ne vont pas sur ces pages. 

Et donc, ils ne risquent pas de cliquer sur les liens situés dans ces pages. Dommage, ces liens sont très importants puisqu’ils pointent vers des fiches produits ou des articles. C’est-à-dire les pages avec un fort taux de transformation. 

J’espère pour vous que vous avez déjà réfléchi à la question suivante : tous mes produits sont-ils bien mis en avant (= accessibles par des liens) ailleurs que dans les pages 2+ ? Vous allez me répondre "oui, j’ai des liens vers des produits connexes sur chaque fiche produit". Ah ! OK mais combien faut-il de clics pour finir par trouver chaque produit ? Vous savez bien que plus une page est profonde, moins elle est efficace en référencement (voyez l'étude MyRanking Metrics d'avril 2019). Et puis ces liens étant automatisés et dynamiques, rien ne garantit que tous vos produits soient facilement trouvables. Enfin, ces liens ne sont pas les plus en vue sur les pages, ils sont peu souvent cliqués. 

Conclusion : plus vous utilisez de pagination, plus vous augmentez le risque que les utilisateurs ne trouvent pas certains de vos produits ou articles.

Et pour les moteurs de recherche, ça donne quoi ?

Comme je le détaille dans mon guide de la pagination pour le SEO, ce n’est pas mieux ! La pagination a certes quelques avantages, mais je lui trouve surtout des défauts :

  • Les pages 2+ ont un très faible PageRank car elles reçoivent peu de liens internes et quasiment jamais de liens externes.
  • Elles ont donc peu de "jus" à transmettre aux fiches produits ou articles, alors que c’est bien le but de ce genre de page de listing.
  • Elles n’ont pas de contenu inédit. D’ailleurs, il peut arriver que Google les considère comme du contenu quasi dupliqué (avec la page 1).
  • Miser uniquement sur la pagination c’est se focaliser uniquement sur les quelques requêtes liées à la page 1. C’est bien mieux de créer des sous-catégories pour viser aussi la longue traîne.

Pour compléter le tableau, n’oublions pas qu’il y a plein de façons de mal gérer la pagination sur son site ! Pour n’en citer que deux : interdire le crawl (étudiez les conséquences en termes de profondeur pour vos fiches produits…) ou l’indexation (ce qui finit par inciter Googlebot à ne plus crawler, donc même conséquences). 

Voilà, j’espère que cet épisode vous aura permis une chose : vous poser quelques questions bien utiles sur l’impact réel de la pagination. Et au-delà, sur le fait qu’il est ridicule d’appliquer bêtement des recommandations de Google sans réfléchir un cran plus loin à leurs implications ou au schéma général.