KPIs Webperf : ne les choisissez pas au hasard

Lorsqu’un internaute saisit et valide une URL ou clique sur un lien, il déclenche sur la page une multitude d’actions, toutes mesurables grâce à des indicateurs. Ces mesures sont une mine d’or pour les équipes digitales en charge de la webperf et de l’amélioration des sites web qui les connaissent et savent à quoi elles servent !

La webperformance : pour qui, pourquoi, comment ?

L’adage dit "on ne peut améliorer que ce que l’on mesure". La notion de webperf prend ici tout son sens. Être sensible à la webperformance, c’est :

  • Avoir conscience que les temps de chargement ont une incidence sur la navigation des internautes, la conversion, l’image de marque, le SEO...
  • Avoir pour leitmotiv de proposer un site toujours plus rapide à son audience,
  • Avoir dans ses dashboards des indicateurs à suivre pour améliorer sans cesse les temps de chargement des pages,
  • Rassembler et faire collaborer les équipes métier et IT autour des problématiques webperf

Et oui la webperf rassemble !

Problématique transversale aux équipes digitales, la webperformance implique de casser les silos et de mobiliser à la fois le métier et la technique.

Lorsque le service marketing envisage des changements sur le site internet, il doit garder à l’esprit que cela peut impacter les temps de chargement et donc la qualité d’expérience des internautes. Ajout de médias, de fonctionnalités... Calculez le ratio efficacité/utilité de chacune de vos modifications, et faites rimer le tout avec optimisation ! "Quel sera l’impact de cette vidéo de 9Mo sur ma Home Page ?" Cela relève du bon sens, certes. Pour autant, la folie des grandeurs d’une campagne marketing ou encore la précipitation d’une mise en production peuvent rapidement vous faire occulter toutes notions de best practices.

La même rigueur est attendue chez l’équipe technique. Il faut garder l’optimisation des pages et la qualité d’expérience comme objectifs premiers.

Imaginons le chargement d’une page. Première solution rapide à déployer : exécuter une requête à la base de données pour récupérer les informations d’un produit, puis reproduire cette requête autant de fois qu’il y a de produit à afficher. Peu optimisée pour la webperf ! Une autre solution, qui nécessite plus de réflexion et d’organisation en amont : limiter le nombre de requêtes faites au serveur en exécutant un seul appel à la base de données pour récupérer l’intégralité des informations nécessaires au chargement de la page.

C’est comme lorsque vous allez faire les courses : avec une liste précise et un sac, vous ne perdez pas de temps à y retourner !

1001 indicateurs au service de la webperformance

Il existe pléthore de KPIs destinés à mesurer la webperf des pages. Bien que certains soient plus connus et plus "à la mode" comme le Speed Index, il n’existe pas de meilleur ou moins bon indicateur.

Les KPIs "techniques" pour suivre les performances serveur

Le TTFB (Time To 1st Byte) ou temps d’obtention du 1er octet est sans doute l’indicateur technique le plus suivi. Il indique en combien de temps le serveur a traité la requête. En d’autres termes, il évalue la réactivité du serveur et a trait aux flux de données sur la page.

Avant lui, deux actions ont déjà été effectuées sur la page : le service DNS (Domain Name System) a traduit la requête HTTP, c’est-à-dire le nom de domaine saisi dans le moteur de recherche du navigateur, en adresse IP. On parle alors de la mesure du temps de résolution DNS. Le temps de connexion mesure lui le temps que met un internaute à atteindre le serveur hébergeant un site et à s’y connecter.

A la suite de ces étapes, il est intéressant de surveiller le temps écoulé avant la récupération de l’intégralité du code HTML (sans qu’il ne soit interprété). Par interprétation, il faut comprendre que le code n’a pas encore été lu par le navigateur et par conséquent que la construction de la page n’a pas encore démarré.

Une meilleure appréhension du rendu visuel avec les KPIs d’affichage

Le Start Render indique le temps écoulé avant le chargement d’un premier élément visible sur la page (une image, un logo, un bandeau...). La différence avec le First Contentful Paint ? Aucune si ce n’est la méthode de récupération de l’information. Le Start Render est déterminé à partir de captures vidéo pour lesquelles chaque frame est analysée. Le First Contentful Paint est quant à lui un événement Javascript déclenché directement sur le navigateur de l’internaute.

Le Speed Index est sans doute l’indicateur webperf dont nous entendons le plus parlé. C’est un score attribué à une page selon la vitesse d’affichage des éléments situés au-dessus de la ligne de flottaison. Au chargement de la page, des frames (capture vidéo) sont générées et analysées via un algorithme qui compare chaque frame entre elles pour évaluer la progression du chargement. Plus le score est bas, meilleure est la vitesse d’affichage (Plus d’informations sur le Speed Index dans cet article)

A la fin du Speed Index, un événement appelé le Visually Complete est déclenché par le navigateur. Il correspond au temps écoulé depuis le début du chargement jusqu’à ce que la page soit 100% chargée sur le plan visuel (au-dessus de la ligne de flottaison).  Il est à distinguer du temps de chargement total qui ne se limite ni à la ligne de flottaison ni aux ressources visibles. (Trilogie Start Render, Speed Index, Visually Complete par ici)

La qualité de navigation passée au crible grâce aux KPIs UX.

Le Time to Interactive détermine le moment à partir duquel toutes les conditions sont réunies pour que les internautes interagissent de manière satisfaisante sur la page (contenu utile, réaction sous la barre des 50ms, éléments visibles cliquables...). Il permet également de lutter contre les sites qui faussent le Speed Index en affichant rapidement une page qui n’est toutefois pas exploitable.

Mesurer le DomContentLoaded vous permet d’en apprendre plus sur l’exploitabilité de votre page. C’est un événement navigateur qui survient une fois que le code HTML de la page a été analysé et chargé par le navigateur. Bien qu’exploitable, cela ne veut pas dire pour autant que le rendu visuel de la page est optimum (des ressources type CSS peuvent encore être en cours de chargement par exemple).

Le Time to First Interaction est un indicateur intéressant pour évaluer au bout de combien de temps l’internaute a interagi sur la page. Dès qu’il effectue un mouvement de souris, une saisie sur le clavier, un événement est déclenché. Impliquant de se baser sur la navigation des internautes réels, ce KPI ne peut pas être restitué par une solution de monitoring synthétique. Il faut avoir recours à une solution de Real User Monitoring pour le mesurer. 

Comment choisir vos KPIs ?

Choisir tel ou tel KPI pour piloter vos projets webperf ne doit pas être fait au hasard. Chacun répond à un objectif précis :

  • Vous changez de prestataires techniques (hébergeur, intégrateur ...) utilisez le TTFB ou le Start Render pour vous assurer qu’il n’y ait aucun impact sur vos temps de chargement.
  • L’annonce de l’intégration des performances de chargement dans les algorithmes de référencement naturel de Google ont rendu quasiment indispensable l’utilisation du DomContentLoaded et du Speed Index.

La stratégie de l’entreprise conditionne également la mise en place des indicateurs. Ils peuvent d’ailleurs s’avérer être des outils indispensables pour mener à bien les projets digitaux et challenger les équipes en interne.

TTFB et Start Render sont des KPIs qui seront principalement suivi par l’IT. Utiliser une solution de monitoring dédiée pour la remontée de ces indicateurs permet d’inclure un tiers de confiance et de confirmer sans parti pris que les engagements de l’hébergeur ou du CDN par exemple sont bien respectés.

Plus "User-centric", le DomContentLoaded, Speed Index, Time to Interactive seront des indicateurs pertinents pour les équipes marketing, soucieuses de la qualité de l’expérience de navigation. Ils pourront être mis en corrélation avec d’autres KPIs Analytics tels que le taux de rebond ou encore le taux de conversion.

D’autres KPIs comme le poids et le nombre de ressources doivent être conjointement suivis par les différents pôles digitaux : analyse du temps de chargement total pour détecter les ressources lentes et/ou bloquantes, suivi du poids et le nombre de ressources. Ces indicateurs sont très importants pour maitriser l’environnement digital dans lequel le site évolue.

Pour résumer, il existe 1001KPIs pour aider et améliorer la webperf. Cela ne sert à rien de tous les intégrer aux tableaux de bord. Il est plus pertinent de sélectionner 4 à 5 indicateurs, selon vos objectifs/projets et de les suivre dans le temps.