Google doit-il avoir peur des applications Web d'IBM ?

Big Blue lance sa solution de messagerie en ligne. Présentée comme concurrent des Google Apps, LotusLive iNotes arrive plus d'un an après l'offre de Google, avec un positionnement prix pas si avantageux.

IBM sait ménager le suspense. Deux ans et demi après Google et ses Google Apps, Big Blue s'est enfin décidé à se lancer dans la bataille de la messagerie en mode SaaS / cloud computing.

Son nouveau service en ligne, LotusLive iNotes, est une déclinaison naturelle de son offre de messagerie traditionnelle Lotus Notes qui propose trois fonctionnalités clés : l'envoi et la éception de courriels en ligne, un calendrier partagé, et un gestionnaire de contacts. Des outils d'administration sont également disponibles pour compléter le tout.

Conçue pour faire face aux Google Apps,  mais également à l'offre hébergée de Microsoft Exchange Online (disponible au travers de Business Productivity Online Suite), LotusLive iNotes part avec quelques cartouches.

Tout d'abord, le support de POP3, IMAP4, SMTP authentifié ainsi que d'IMAP IDLE. Des standards bien pratiques pour assurer son interopérabilité avec les autres serveurs de messagerie du marché (Lotus Notes et Exchange par exemple) ou gérer les comptes de messageries via des terminaux mobiles.

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L'interface du gestionnaire de messagerie de LotusLive iNotes © IBM

D'un point de vue fonctionnel, la gestion d'agenda est dotée des incontournables fonctions de rappel d'événement entièrement configurables. Concernant la sécurisation de ce nouveau service en ligne, elle est assurée par un chiffrement de type SSL, complété par un système de récupération sécurisée des mots de passe.

Conscient de son retard sur ce terrain par rapport à Google, IBM a tenté de se démarquer au travers d'une tarification annoncée comme étant agressive. Proposée à 3 dollars par mois et par utilisateur, LotusLive iNotes semble en effet plus intéressant d'un point de vue financier que les Google Apps. Sur le papier en tout cas.

Car il faut savoir que pour obtenir ce prix de 3 dollars par mois, l'entreprise doit payer une souscription annuelle (soit 36 dollars pour 1 utilisateur). Mais une entreprise qui déciderait de payer au mois en serait pour ses frais puisque la tarification grimperait alors dans ce cas à 3,75 dollars (soit 45 dollars sur l'année pour 1 utilisateur).

Toutefois, par rapport aux Google Apps (dont la souscription est annuelle), le gain financier est de l'ordre de 28%. Ce qui représente une économie d'environ 3 500 dollars pour une entreprise de 250 collaborateurs.

Par rapport aux Google Apps le gain financier est de l'ordre de 28%

Pourtant, tout est loin d'être rose pour IBM. L'espace de stockage proposé avec iNotes se limite à 1 Go par boîte de courriel, alors que Google joue la carte de l'opulence avec une capacité volumétrique individuelle de 25 Go.

Ensuite, d'un point de vue fonctionnel, les Google Apps Premier Edition (facturés 50 dollars par an et par utilisateur) incluent également d'autres fonctionnalités tels que les Google Docs (traitement de texte en ligne) ou encore Google Sites (création de sites Web et de groupes de wiki). Des fonctionnalités tout bonnement absentes au sein de LotusLive iNotes.

Un comble quand on sait qu'IBM pousse l'adoption de sa suite bureautique Open Source Lotus Symphony, mais tarde à en proposer une version en mode SaaS / cloud computing.

Enfin, du point de vue support, là encore l'offre d'IBM apparaît en retrait. Alors que Google inclut un support 24h/24 et 7j/7, ce dernier n'est pas compris dans LotusLive iNotes. Du coup, on peut se demander si IBM n'arrive pas trop tard sur le marché, avec un service moins diversifié que celui de Google, et proposé pour un tarif avantageux mais en trompe-l'œil.

Avec plus de 1,75 million d'entreprises qui ont franchi le pas des Google Apps et l'arrivée à court terme (début 2010) des Office Web Apps de Microsoft, IBM doit donc plus que jamais jouer la carte de la qualité, de la disponibilité et de la fiabilité du service. Mais quand on sait que sur ce point même Google est loin d'être infaillible - avec des coupures en pagaille depuis le début de l'année -, on peut souhaiter à Big Blue bien du courage.