Bill McNee (Saugatuck Technology) "SaaS et cloud computing vont faire mieux que les solutions traditionnelles pendant la crise"

Rencontré lors de la 4e édition de l'ASP Forum, cet expert du SaaS et du Cloud Computing prévoit un avenir radieux aux solutions en mode SaaS et cloud computing, malgré un contexte de faibles dépenses.

Aujourd'hui, quel est le niveau d'adoption des solutions SaaS par les entreprises dans le monde ?

Le modèle de déploiement du SaaS a aujourd'hui dépassé son "seuil de déclenchement" en termes d'adoption par les clients, avec presque 45% des entreprises ayant déjà adopté au moins une application de ce type. Nous continuons de prévoir que, d'ici 2012, au moins 70% des entreprises de plus de 100 salariés auront déployé au moins une application SaaS.

Il est intéressant de constater que, malgré le marasme économique actuel, les intentions d'achat dans le domaine du SaaS et du Cloud Computing demeurent fortes pour 2009 et 2010. Les avantages économiques du SaaS et du Cloud vont à l'encontre d'un contexte général de budgets serrés, grâce notamment à des coûts payés à l'avance inférieurs, une facturation à la demande et une simplification de la gestion logicielle.

Existe-t-il des différences entre l'Europe, l'Asie et les Etats-Unis ?

Les Etats-Unis mènent clairement les choses en termes d'adoption du SaaS, avec une Europe qui rattrape rapidement son retard et une Asie prête à une croissance explosive. Dans une certaine mesure, un des principaux facteurs bloquants est la capacité des connexions Internet disponibles.

Pour le SaaS, un des principaux facteurs bloquants est la capacité des connexions Internet disponibles

Dans l'ensemble, cependant, la demande par catégorie de solutions professionnelles est très soutenue pour les trois principales applications déployées, toutes régions confondues : la collaboration (Cisco Webex), Human Capital Management (ADP / Employease, Workday, Taleo, Success Factors) et CRM / Service client (Salesforce.com). Après, cependant, il existe au niveau de la demande par région des différences significatives qui sont évidentes.

Quels sont les principaux facteurs d'adoption des solutions SaaS et cloud computing ? 

Ces facteurs sont très simples : coûts d'implémentation inférieurs, disponibilité d'un support efficace en termes de prix et rapidité d'implémentation. Les fournisseurs doivent faire très attention aux besoins fondamentaux des clients.

Dans le climat économique actuel, le SaaS et le cloud computing offrent une alternative fantastique aux lourds investissements effectués dans des solutions traditionnelles.

Qu'en est-il spécifiquement du marché français ?

Nous sommes particulièrement heureux de voir que l'Europe devient de plus en plus un centre d'innovation en matière de SaaS, principalement autour de marchés verticaux spéficiques, de zones géographiques données ou encore de besoins liés à certains segments comme celui des PME.

L'éditeur britannique Coda fait un travail très intéressant, tout comme le scandinave Mamut. Il y a aussi de très intéressants développements au Bénélux et en Allemagne. En France, des sociétés telles que RunMyProcess et Trace One sont de très bons exemples également, parmi d'autres.

Il faut voir large et ne pas faire un focus sur le seul aspect informatique du cloud

En France, en termes de demande, nos recherches montrent que les cinq premières catégories de solutions seront, d'ici 2011, la gestion du capital humain, le CRM / service client, la collaboration, la gestion de la trésorerie / cash management, et la gestion financière. Il est intéressant de noter que, en France, la gestion de la mobilité et le PLM se positionnent respectivement en sixième et huitième positions, ce qui correspond davantage à des besoins locaux que dans le reste de l'Europe et du monde.

Quand le cloud computing se diffusera-t-il massivement ?

Alors que nous ne sommes qu'au tout début du cloud computing, la clé est selon nous de voir large et de ne pas simplement faire un focus sur le seul aspect informatique du cloud, aspect qui a été popularisé par Amazon et d'autres acteurs.

Nous avons développé un modèle multi-tiers qui reflète l'écosystème qui émerge autour du cloud computing, dont le SaaS est une des couches. Il faut anticiper que les gros acteurs tels que IBM et HP vont très fortement être derrière le Cloud, et commencer à travailler avec leurs clients pour leur apporter des économies de coûts additionnelles grâce à une infrastructure partagée, tout en identifiant de nouvelles opportunités de business où un modèle SaaS / Cloud pourrait être appliqué.

Nous pensons que le SaaS et le BPO vont rentrer en collision

Par ailleurs, nous pensons que le SaaS et le BPO vont rentrer en collision, les fournisseurs de solutions BPO devant fournir un panel de services qui ressemble de plus en plus aux offres SaaS.

Nous allons suivre de très près l'évolution du cloud computing. Nous avons d'ailleurs récemment lancé une nouvelle initiative, appelée Cloud Research Board (CRB). J'encourage vos lecteurs - qu'ils soient utilisateurs ou vendeurs - intéressés par cette thématique à nous y rejoindre. 

Quels sont les obstacles que le SaaS et le cloud computing doivent encore passer ?

Le SaaS et le cloud vont faire mieux que les solutions traditionnelles pendant cette période de récession économique, mais ils seront challengés par un contexte de faibles dépenses.

Sur le long terme, le SaaS va suivre une série de vagues d'évolution qui vont de la phase 1 : quelques îlots isolés d'automatisation "in the Cloud" à la phase 2 : une plus forte intégration de ces îlots entre eux "in the Cloud" et avec les données traditionnelles de l'entreprise, ses processus et workflows. Les défis actuels portent sur la migration vers la phase 3, à savoir la fourniture de workflows personnalisés et "customisés".

Bill McNee est le fondateur et P-DG de Saugatuck Technology, cabinet d'études et de conseil spécialisé dans le secteur IT et plus particulièrement les problématiques liées aux solutions SaaS.